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© Zoological Institute of the Russian Academy of SciencesLe mammouth a été découvert dans la région du Taïmyr au nord de la Russie. Il s'agirait d'un mâle mort à l'âge de 15-16 ans il y a 30.000 ans
Un jeune garçon a récemment découvert par hasard, dans le nord de la Russie, la carcasse, exceptionnellement bien conservée dans le permafrost, d'un mammouth laineux.

C'est en se promenant près de chez lui, dans la région du Taïmyr (nord de la Russie), près de la station polaire de Sopkarga, que Evgueni Salindere, un garçon de 11 ans, a récemment fait une découverte de taille. Il a déniché en août dernier, congelé dans le permafrost, l'un des mammouths laineux les mieux conservés que l'on connaisse. "Le garçon de 11 ans, Jénia (Evgueni, ndlr) Salinder se promenait avec son frère sur la rive haute du Ienisseï. Il a senti une odeur désagréable, a vu que dans la pente quelque chose dépassait : c'étaient les pattes du mammouth. Jénia l'a dit à son père, qui a aussitôt prévenu le directeur de la station polaire, qui a appelé les scientifiques", a indiqué Alexeï Tikhonov, le directeur du musée zoologique de Saint-Pétersbourg, qui s'est rendu sur place.

"Nous nous sommes rendus sur place avec un responsable du Comité international du mammouth : nous avons trouvé un assez grand mammouth, qui gisait sur le flanc droit cinq mètres au-dessus du niveau de la mer. Il fallait agir vite, mais nous n'étions que deux. Le personnel de la station météorologique nous a bien aidés, ils ont creusé avec nous pendant 5 jours, huit heures par jour. Sans eux, nous n'aurions jamais réussi", a encore raconté le scientifique cité par l'AFP. Avec ses collègues, il a ainsi constaté qu'il s'agissait plus précisément de la moitié droite de l'animal, un mâle d'environ 15 ans, selon eux.

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© Zoological Institute of the Russian Academy of Sciences)Le spécimen découvert est dans un excellent état de conservation et comprend 500 kg d’os, de chair, de graisse et de poils, avec une défense, la mâchoire et la cage thoracique.
Le "mammouth du siècle"

Au total, 500 kg d'os, de chair, de graisse et de poils, avec une défense, la mâchoire et la cage thoracique bien visibles ont été mis au jour. Le tout était conservé par le froid depuis quelque 30.000 ans. "Le flanc gauche a pourri, mais le droit a gardé sa peau. Les organes de l'abdomen se sont complètement décomposés, mais son organe sexuel d'un mètre de long est intact, d'où l'on peut aisément conclure que c'était un mâle", a précisé Alexeï Tikhonov. Pour le reste, une seule défense a été retrouvée, de 1,5 mètre de long, et d'un poids de 9 kg. "Sur le côté droit de la tête, il y a encore la peau, l'oreille, et un oeil".

"Le squelette est pratiquement entier, il y a peut-être même le coeur entier dans la cage thoracique. On peut parler du mammouth du siècle", a estimé le scientifique ajoutant le dernier spécimen aussi bien conservé a été trouvé dans la région de Krasnoïarsk, également dans le nord de la Russie, en 1901. Néanmoins, les chercheurs ignorent aujourd'hui comment Zhenya (ou Jénia), le mammouth baptisé du surnom de son jeune découvreur, est mort. "A 15 ans, les mammouths entrent dans la période reproductive, la matriarche les chasse du troupeau. C'est l'âge le plus difficile, avec beaucoup de stress, une mortalité importante à cette âge -- en tout cas c'est comme ça chez les éléphants", a souligné Tikhonov.

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© Zoological Institute of the Russian Academy of SciencesLe squelette est quasiment entier et les chercheurs supposent même que sa cage thoracique contient encore son coeur.
L'animal sera étudié avant de rejoindre les collections d'un musée

Au vu de l'importance de la découverte, les chercheurs se sont empressés de mettre le spécimen à l'abri. "Nous pensions l'emporter par mer, mais les tempêtes ont commencé, et grâce à Nornickel (le géant russe du nickel, implanté dans l'Arctique, ndlr) nous l'avons chargé dans un hélicoptère et l'avons emmené à Doudinka", le chef-lieu de la presqu'île de Taïmyr, a raconté le directeur du musée zoologique. "Là, il repose dans un entrepôt creusé dans le sol gelé, où sont conservés les carcasses de rennes, le poisson. Ensuite, nous avons l'intention de l'emmener à Saint-Pétersbourg ou Moscou, pour l'étudier".

Ce nouveau trésor scientifique sera en effet examiné plus en détail par les scientifiques russes d'instituts zoologiques et paléontologiques avant de rejoindre les collections du Muséum régional du Taïmyr. Quant à son jeune découvreur, l'un des 7 enfants d'une famille de nomades autochtones, les Nenets, le scientifique espère bien qu'il recevra une récompense pour avoir mis au jour une telle merveille.