Los Angeles - La Californie espère devenir en novembre le premier Etat américain à imposer un étiquetage spécial pour les produits OGM, un projet auquel s'opposent farouchement les géants de l'agrochimie et de l'agroalimentaire, tandis que ses défenseurs invoquent le droit de savoir.

Le 6 novembre, les électeurs américains n'éliront pas seulement leur président mais devront également se prononcer sur une série de référendums -- les propositions. En Californie, l'une des plus disputées et commentées est la Proposition 37, qui vise à imposer un étiquetage spécial pour les produits OGM.

OGMs
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Cela fait plus de dix ans que les gens, aux Etats-Unis, essaient d'obtenir l'étiquetage des produits contenant des OGM, comme en Europe. Aujourd'hui, 61 pays dans le monde ont des lois sur l'étiquetage, explique à l'AFP Stacy Malkan, porte-parole de Yes on 37, qui fédère les défenseurs du texte.

La plupart des applications génétiques sont mises en oeuvre aux Etats-Unis. Nous sommes le terrain d'expérimentation des OGM, ajoute-t-elle.

Jessica Lundberg, productrice de riz bio en Californie, soutient la Prop 37 et espère, en cas d'adoption, qu'elle donnera des idées au reste du pays.

La Californie est précurseur. Notre Etat, avec ce texte bien conçu et facile à appliquer, peut devenir un modèle pour beaucoup d'autres, dit-elle.

Une perspective qui n'est pas du goût des géants de l'agrochimie et de l'agroalimentaire - Monsanto, Bayer, BASF, DuPont, Coca Cola, Pepsi, Kellogg, Heinz - qui font barrage au texte à coups de millions de dollars.

Selon les chiffres officiels, les défenseurs du texte avaient levé fin septembre un peu plus de 4 millions de dollars, contre plus de 34 millions pour leurs opposants, qui ont pu financer une campagne publicitaire massive.

Les effets ont été immédiats : fin septembre, les partisans du oui était largement majoritaires (66,9 % en faveur du texte, 22,3 % contre) mais à la mi-octobre, la proposition n'avait plus que 48,3 % de défenseurs, contre 40,2 % d'opposants, selon un sondage de la Pepperdine University.

Monsanto, le plus gros contributeur de la campagne pour le non, avec 7,1 millions de dollars de dons, affirme sur son site site internet que la Prop 37 cherche à stigmatiser la production moderne d'aliments.

Nous respectons le choix de certaines personnes d'éviter les OGM, mais c'est une erreur de tromper et d'effrayer les gens quant à la sécurité de leurs choix alimentaires, ajoute le groupe, fabricant du pesticide Roundup et de semences transgéniques, notamment de soja et de maïs.

Les opposants au texte s'étonnent aussi que de nombreux aliments aient été exclus de l'obligation d'étiquetage, notamment la viande - même si l'animal a été nourri avec des OGM -, les produits laitiers ou l'alcool.

C'est présenté comme une mesure destinée à informer les consommateurs mais les deux tiers de la nourriture consommée quotidiennement est exemptée, s'insurge Kathy Fairbanks, porte-parole de No on 37.

Le coût de la mesure est également critiqué. Le contrôle administratif de sa mise en oeuvre atteindrait 1 million de dollars par an, selon les autorités californiennes, tandis que les répercussions sur le prix des aliments coûterait 400 dollars par an aux consommateurs, selon Mme Fairbanks.

Elle craint également une avalanche de procès à l'encontre des fermiers, industriels et magasins, la Prop 37 donnant aux consommateurs un droit de poursuite sur l'étiquetage. Les seuls bénéficiaires de la Prop 37, ce sont les avocats, assure-t-elle.

Les défenseurs du texte invoquent surtout le droit à l'information. La Prop 37 n'est pas une interdiction, c'est juste une étiquette. Nous avons le droit de savoir ce qu'il y a dans nos aliments, affirme Mme Malkan.