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Laurent Fabius, criminel en col blanc et anti-iranien enragé, avec ses homologues belge et slovène, à Luxembourg le 25 juin, lors d’un conseil européen des affaires étrangères - Photo : AFP/Georges Gobet
À peine trois jours après avoir obtenu le Prix Nobel pour la Paix, pour son supposé rôle en faveur de la paix et de la réconciliation à travers le continent européen, l'Union Européenne (UE) a commis un acte des plus antidémocratiques.

Sa décision de ne plus faire diffuser par la société à capitaux français Eutelsat [exploitant le satellite du même nom] 19 chaînes de télévision iraniennes, dont Press TV de langue anglaise et qui diffuse 24 heures sur 24, revient à refuser à des millions de personnes à travers le monde la possibilité d'accéder à un point de vue alternatif et critique venant d'un groupe de médias qui tentent depuis longtemps de contrebalancer l'influence incontestée des grands médias occidentaux sur l'opinion mondiale.

Cette initiative peut être à juste titre considérée comme la dernière tentative en date pour faire pression et isoler l'Iran, s'attaquer à son indépendance politique et à sa ferme résistance contre les politiques bellicistes et guerrières de l'Occident. Il s'agit là d'une violation flagrante des principes de la liberté d'expression. Cette décision fut prise alors que les Européens et les Américains se sont constamment vantés depuis la Deuxième guerre mondiale, d'être les commandants en chef et les pionniers de la liberté d'expression et de la démocratie. Leurs affirmations se justifient... mais seulement dans les cas où cette liberté d'expression sert de prétexte à dénoncer et interférer dans les affaires intérieures « d'autres » pays mal considérés, comme l'Iran, Cuba, le Venezuela et la Syrie, dont les pouvoirs occidentaux aiment beaucoup faire usage dans le rôle des méchants que l'on peut à loisir frapper et agresser.

Il a été dit que cette décision controversée est en conformité avec les sanctions unilatérales appliquées à l'Iran par l'Union Européenne. Mais la question qui peut être soulevée est la suivante : de quel droit les États belligérants de l'UE censurent-ils les stations de télévision d'un pays souverain, qui ont toujours respectés les contraintes techniques et les règlements des fournisseurs de satellites ? Ces fournisseurs sont-ils légalement autorisés à investiguer le contenu des programmes des chaînes de télévision qu'ils diffusent ?

Mike Harris, directeur général de AMT Capital Partners basés en Arizona, une firme bancaire privée d'investissement équitable, est persuadé que c'est Israël, l'entité inquiète et contrariée au Moyen-Orient, qui a voulu et encouragé l'interdiction des chaînes de télévision iraniennes.

« Regardons un moment de quoi est fait Eutelsat... le président de la société est un citoyen franco-israélien, de double nationalité. Si vous jetez un coup d'œil sur le comité de direction, ce sont tous des franco-israéliens, » a déclaré Harris dans une entrevue avec Press TV.

Naturellement Israël sera le grand gagnant de ce retrait des stations de télévision iraniennes des fréquences d'Hot Bird [constellation de 3 satellites exploités par Eutelsat]. Press TV, Al-Alam et d'autres canaux iraniens sur la liste noire d'Eutelsat offraient une couverture robuste, spécialisée et régulière, des atrocités commises par les États-Unis, le Royaume-Uni et leur relais israélien au moyen-orient, et cela était apparemment devenu intolérable. Aucun autre moyen de communication important dans le monde n'a maintenu une telle attitude anti-impérialiste et anti-sioniste avec l'influence, la dextérité et la compétence de Press TV, et ceci ne pouvait être toléré plus longtemps, particulièrement dans le contexte de crise et de profonde dépression socio-économique que le monde occidental connait aujourd'hui.

« Eutelsat fait dans la surveillance et l'espionnage, de même que la plupart des sociétés de communication, des fournisseurs de téléphone portables et les infâmes choke points [goulots d'étranglement] qui garantissent que toutes nos communications, toute notre intimité se plient à ce qui est toléré. La plupart de ces choke points - des sociétés comme Google - appartiennent à des Israéliens. Appelez cela une coïncidence, » écrit Gordon Duff dans un récent article.

Depuis son lancement en juillet 2007, Press TV était sous une énorme pression des États occidentaux, particulièrement le gouvernement britannique qui a finalement réalisé son rêve cauchemardesque de faire taire Press TV en l'expulsant de la plate-forme Sky [British Sky Broadcasting] en janvier 2012, et en imposant une amende de 100 000 livres à la chaîne pour ce qu'il a qualifié de violation de ses règlements de radiodiffusion.

« On dit qu'Ofcom [autorité britannique de régulation pour les industries de la communication] a des liens étroits avec la famille royale de la Grande-Bretagne. Et les messages diffusés au grand jour par le site internet de dénonciation WikiLeaks, montrent que les programmes de Press TV sur le mariage royal - que beaucoup dans le pays même avaient décrit comme exagéré - avaient irrité la famille royale, » rapporta Press TV, le 20 janvier 2012.

Aujourd'hui, en intensifiant son hostilité anti-iranienne en frappant et censurant une chaîne de télévision dont le seul péché est d'avoir un cours politique différent de celui des médias corporatifs sous domination sioniste, l'UE prouve encore plus qu'elle n'a en rien mérité une récompense aussi élevée et prestigieuse que le Prix Nobel pour la Paix, et que la décision prise par le Comité Nobel suédois était totalement politique, destinée à ravaler la façade d'une Europe frappée par une crise dans laquelle elle se noie. Si l'UE a contribué à la paix et à la fraternité dans le monde, pourquoi ne peut-elle pas tolérer la diffusion libre et sans restriction d'un média progressiste et indépendant ?

La décision de la commission de l'Union Européenne d'exclure Press TV et 18 autres stations de télévision iraniennes de la diffusion, est une violation totale de la liberté d'expression, mais soyons francs : qui demandera des comptes aux responsables de cette action criminelle ? Peut-être qu'aucun des chefs d'États européens ne réagira à cette décision hostile et injustifiable, car ils ont tous été les premiers a encourager « l'emprisonnement » des médias iraniens, véritable épine sur leur flanc. Il est temps pour les organisations internationales et les militants pour la paix, les défenseurs des droits de l'homme et les journalistes autour du monde, de protester contre cette agression flagrante et éhontée contre la liberté d'expression, et de mettre un terme à cette duplicité et cette éternelle hypocrisie occidentales.

* Kourosh Ziabari est un journaliste iranien et correspondants pour les médias. Il écrit pour Global Research, Tehran Times, Iran Review, Veterans Today et Salem News.
Ses articles et ses interviews ont été publiés dans 10 pays. Il a reçu en 2010 du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, la médaille de la Jeunesse iranienne.
Blog en anglais : http://cyberfaith.blogspot.com