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Le rôle central d'une certaine protéine dans l'apparition de la polyarthrite rhumatoïde, une maladie des articulations, a été découvert par une équipe de recherche française.


Le chercheur Yves Delneste et ses collègues de l'Université d'Angers affirment que la cytokine IL-26 intervient dans le processus inflammatoire qui mène à la polyarthrite rhumatoïde. Ainsi, selon eux, le simple fait de bloquer cette molécule peut arrêter la cascade inflammatoire qui mène à la polyarthrite rhumatoïde.
Contexte

Dans cette maladie auto-immune chronique, les articulations douloureuses gonflent puis se déforment en l'absence de traitement, menant dans 20 % des cas à une incapacité fonctionnelle. Des traitements permettent actuellement de stabiliser la maladie, mais la médecine peine à trouver un traitement pour réguler durablement l'immunité des patients et les guérir définitivement.

Le siège de l'inflammation caractéristique de cette maladie est la membrane synoviale, qui fait la jonction entre les extrémités des deux os de l'articulation et sécrète un liquide qui lubrifie le tout.
La lutte contre la maladie consiste à rétablir la tolérance immunitaire des personnes atteintes afin de mettre un terme à l'inflammation.

Les traitements d'aujourd'hui vont dans ce sens, mais ne sont pas toujours efficaces. De plus, certains patients n'y répondent pas. La médecine cherche donc de nouveaux remèdes, et la cytokine IL-26 semble une bonne cible.

Les chercheurs savaient déjà que cette molécule est très fortement exprimée dans une autre maladie auto-immune inflammatoire, la maladie de Crohn.

Si on soupçonnait qu'elle jouait un rôle dans l'apparition de différents désordres inflammatoires, ce n'est que récemment que les chercheurs ont détecté sa présence dans le sérum de personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde.

Les auteurs de ces travaux, publiés dans la revue PLoS Biology, ont ensuite analysé le liquide synovial de ces patients et constaté que la molécule s'y trouvait en grande concentration. Ils ont également établi que les cellules synoviales qui composent la membrane synoviale sécrètent elles-mêmes cette protéine.

Ces constatations permettent, selon l'équipe française, de lier directement la cytokine IL-26 à la cascade d'inflammation.

Selon eux, elle induit notamment l'expression de plusieurs autres facteurs nocifs comme l'interleukine 1 et provoque la différenciation de lymphocytes T en cellules capables de produire la cytokine IL-17, connue pour intervenir largement dans la genèse des maladies inflammatoires.

« Nous avons réellement identifié un maillon. Et cette cytokine IL-26 est un maillon en amont dans le processus inflammatoire. » - Yves Delneste

Encore des questions

Les chercheurs se questionnent encore sur ce qui provoque la production de cette cytokine par les cellules synoviales. Toutefois, ils estiment déjà qu'en bloquant son action, ils pourraient arrêter la cascade inflammatoire à l'origine de la maladie.

Ils doivent maintenant mettre au point une stratégie de blocage.
Le saviez-vous ?

L'arthrite et les maladies rhumatismales touchent près de 4 millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus, soit environ
1 personne sur 6. Les deux tiers des personnes souffrant d'arthrite sont des femmes et près de 3 arthritiques sur 5 ont moins de 65 ans. (Source: Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes).
En complément : IL-26 Is Overexpressed in Rheumatoid Arthritis and Induces Proinflammatory Cytokine Production and Th17 Cell Generation (en anglais)