Depuis cette nuit, le passage de l'ouragan Sandy occupe l'essentiel de la scène médiatique. Le Monde a déjà lancé deux alertes aux abonnées papier et application, et mis en place un direct en première page du site. La une du jour, qui sera datée de demain, laissera certainement une large part à ce phénomène météorologique et à ses implications.

A la télévision, les images se succèdent pour nous apprendre qu'un ouragan c'est du vent et de la pluie. A renfort de spécialistes, on apprend que le vent forme des vagues sur la mer. Plus le vent est fort, plus la houle est forte, et a tendance à déborder. L'île de Manhattan présente un double avantage, elle est face à la mer, et bordée par deux rivières, soit trois fois plus de chances de faire face à des inondations généralisées dans son métro.

Par ailleurs, les meetings politiques sont annulés, et on peut être certain que Sandy aura un effet déterminant dans la campagne, surtout à une semaine de l'échéance électoral. L'instrumentalisation à des fins politiques n'est donc pas à exclure, surtout si un candidat président décide de déclencher l'état de catastrophe, et réagit d'une meilleure façon, du moins pour l'opinion, que son prédécesseur face à Katrina.

Mais, le point le plus important dans ce flux ininterrompu d'informations, c'est qu'il met en lumière ses moments d'absences. Sandy n'est pas apparu comme ça au beau milieu de l'Atlantique pour profiter du Gulf Stream pour remonter la côté américaine vers le Canada. Non, l'ouragan est passé avant par les Caraïbes, et notamment par Haïti et par Cuba. Il y a été beaucoup plus meurtrier. Pour autant, ici il n'y a pas eu de direct, d'envoyés spéciaux, mais un rappel permanent de son approche vers les Etats-Unis.

On peut avancer trois hypothèses principales pour expliquer cette inégalité de la répartition de l'information entre un pays riche et des pays moins riches. Tout d'abord, avec la prochaine élection américaine, tout ce qui se passe dans ce pays est censé captiver les foules. Le système politique cubain a l'avantage de ne pas reposer sur une élection à plusieurs partis, et les haïtiens ont déjà voté. Deuxièmement, la liberté de la presse n'est pas la qualité première à Cuba, il est beaucoup plus difficile d'obtenir des images de l'ouragan et de lancer une vaste couverture médiatique. Enfin, Haïti a une étiquette de pays qui souffre de manière endémique du passage des catastrophes, ce qui peut entraîner une certaine lassitude du public.

Certes, le passage de Sandy a été couvert dans les Caraïbes mais d'une manière beaucoup moins intense. Pas d'éditions spéciales Sandy à Cuba contrairement à celles qui inondent la TNT aujourd'hui, même si des alertes du Monde ont été diffusées. Et, il ne faut pas oublier que dans la mondialisation, New-York occupe une place prépondérante, largement au dessus de celle des Caraïbes. La capitale économique des Etats-Unis, la plus grande bourse du monde est ainsi un centre de gravité. Sa large couverture médiatique n'est que le reflet de cette place prépondérante, celle d'un centre du monde, et donc de l'attention médiatique.