Et si un astéroïde entrait en collision avec notre planète ? Cette hypothèse est envisagée par les scientifiques, qui prônent aujourd'hui des solutions pour détourner un tel corps céleste. De la plus folle à la plus crédible...

Il y a quinze jours, un astéroïde aussi grand qu'une maison a traversé l'espace aérien terrestre à une distance de 95 000 km. Début octobre, une autre roche céleste de 32 m de large passait à 255 000 km au dessus de nos têtes. Dans son livre « Astéroïdes : la Terre en danger », qui vient de paraître au Cherche-Midi Editeur, l'astrophysicien Jean-Pierre Luminet affirme que « 50 000 t de météorites » tombent chaque année sur Terre. La plupart du temps sans provoquer de dommages. Mais 5 000 astéroïdes, d'un diamètre supérieur à 150 m, passeraient régulièrement à moins de 8 millions de kilomètres de la Terre. Parce que certains frôlent régulièrement notre planète et pourraient la percuter, les scientifiques ont émis plusieurs scénarios pour les détourner de leur trajectoire. Preuve que la menace est prise au sérieux : l'Union européenne vient même de lancer un programme de recherche.

Graphic Asteroid impact Earth & Solution
© LPi (ESA/CARRIL)Les « solutions envisagées » par ESA pour les risques (grandissants) d'impacts célestes, ou comment la désinformation mainstream (médias alignés) bat son plein pour assurer aux populations que le Pouvoir en place a la capacité de sauver l'humanité, alors qu'il n'en est rien.

Apophis 36 ne cesse de donner des sueurs froides aux astrophysiciens. Des années que les scientifiques refont leurs calculs pour évaluer la trajectoire de cet astéroïde géant de 300 m, qui aurait finalement une chance sur 250 000 de se retrouver en 2036 sur une trajectoire de collision avec la Terre. En percutant la planète bleue, il dégagerait une énergie équivalente à 510 Mt (mégatonnes) : une puissance qui serait comparable à 34 000 bombes de Hiroshima !

« Constamment, on découvre au dernier moment de gros astéroïdes qui frôlent la Terre », explique l'astrophysicien Jean-Pierre Luminet. Sachant que l'impact d'un astéroïde de 400 m de diamètre n'importe où dans l'océan Atlantique dévasterait les côtes avec des vagues de plus de 60 m (!) de hauteur, les scientifiques se creusent la tête depuis des années pour envisager des solutions crédibles permettant de dévier la route de ces corps célestes géants. L'astrophysicien français a listé au moins cinq solutions, de la plus farfelue à la plus crédible.

1 La solution la plus dangereuse

Pulvériser l'astéroïde avec une bombe atomique. Les objets d'une taille inférieure à 100 m peuvent être détruits par de gros missiles. Mais pour s'attaquer à des astéroïdes plus gros, certains scientifiques prônent l'usage de l'arme nucléaire. « Des lanceurs lourds, comme la fusée russe Proton ou l'européenne Ariane V, pourraient être utilisés comme propulseurs », estime Jean-Pierre Luminet, l'astrophysicien. Seul point noir mais de taille : des fragments d'astéroïdes pourraient retomber sur Terre. « Des études récentes ont montré que la chute d'une série de gros morceaux aurait des conséquences globales plus dévastatrices qu'un seul énorme bloc. »

2 La plus crédible

Remorquer l'astéroïde. C'est l'option « la plus prometteuse », selon le groupe industriel Astrium (EADS), qui participe à un programme d'étude européen sur le sujet. Il s'agit d'envoyer un vaisseau spatial suffisamment près de l'astéroïde pour provoquer une impulsion. « La seule force d'attraction entre les deux objets suffirait à dévier l'astéroïde de quelques centaines de mètres, explique l'astrophysicien. Le vaisseau agirait en quelque sorte comme un tracteur, utilisant simplement la gravité comme câble remorqueur. »

3 La plus folle

Recouvrir l'astéroïde de talc. Il s'agirait de déverser une couche de poussière colorée d'environ 1 cm d'épaisseur à la surface de l'astéroïde. Un chercheur américain a ainsi proposé de saupoudrer la surface de talc de couleur blanche. Dans quel but ? « Les propriétés physiques de la surface d'un astéroïde affectent la réflexion de la lumière solaire et peuvent modifier son orbite », poursuit le spécialiste. Grâce au talc, « les rayons solaires exerceraient sur l'astéroïde une pression différente, suffisante pour le pousser hors de son chemin. Mais cette technique pourrait exiger un siècle de travail ».

4 La plus écologique

Utiliser le vent solaire. « Il s'agit d'utiliser la pression de radiation émise par le Soleil pour se déplacer dans l'espace à la manière d'un voilier. Plus la voile est grande et réfléchissante, plus grande est la force de propulsion. » Seul souci technique mais de taille : il faudrait concevoir une voile d'environ 220 000 m2 pour obtenir une poussée suffisante, la transporter dans l'espace puis l'arrimer à l'astéroïde avant de la déployer et de la diriger à... bon vent. « Les études de faisabilité n'en sont qu'au stade expérimental », concède Jean-Pierre Luminet.

5 La plus percutante

Faire entrer en collision l'astéroïde avec un véhicule spatial. A condition de disposer d'un engin ultra-rapide, capable d'être propulsé à plus de 10 km par seconde, ce scénario consiste à faire entrer en collision le véhicule spatial avec l'astéroïde. L'impact provoquerait alors une impulsion qui serait infime mais cependant suffisante pour courber la trajectoire du géocroiseur (l'autre nom de l'astéroïde). Autre option envisagée : faire exploser une bombe à neutrons un peu au-dessus de la surface pour dévier, sans le fragmenter, le corps céleste.