Drawing nuclear
© sur-la-toile.com
Afin que vous compreniez la portée de cette actualité, il nous faut dans un premier temps décrire brièvement le contexte. Il vous faut savoir que, dans nos centrales nucléaires, le processus mis en oeuvre est la fission contrôlée (sauf dans quelques cas... comme au Japon récemment) de matières fissiles. Vous le savez : cette technologie a pas mal de détracteurs, car lourde et polluante déjà.

Il serait bien plus intéressant sur de nombreux plans de réaliser une fusion nucléaire au lieu de fission ; c'est ce processus qui a lieu dans les étoiles, dont notre soleil.

Oui, mais voilà, reproduire ce processus naturel est très difficile : notre soleil n'arrive à cela que grâce à une énorme masse qui permet des pressions et températures très élevées en son coeur. Seule une bombe (H) peut arriver à ce genre de choses pour l'instant. Non, on ne vous fera pas de nouvelle « démo ». On cherche plutôt maintenant à contrôler cette fusion, mais la date de réalisation ne fait que reculer : « C'est bon dans 50 ans », nous répète-t-on chaque nouvelle décennie.

Flashback : en 1989, Stanley Pons et Martin Fleischmann pensaient avoir trouvé une sorte de Graal qui a été vite nommé « fusion froide ». Ces scientifiques pensaient vraiment avoir réussi l'exploit incroyable d'une fusion nucléaire à température ambiante, comme une banale réaction chimique en gros. Ce qui les avait surpris était que davantage d'énergie était sortie que celle qui avait été introduite.

Vous imaginez bien qu'on a tenté illico de reproduire les expériences de ces chimistes, mais sans résultat probant.
Drawing magic
© sur-la-toile.com
L'approche fut vite reléguée au rang de « passe pas ton temps à cela où tous tes collègues vont se moquer de toi et ta carrière sera brisée, malheureux ! ». En Science aussi, on a des a priori et des moutons noirs...

Maintenant, ce n'est pas tout à fait exact de dire que tout était arrêté. Certains scientifiques ont repris le flambeau et même deux institutions des plus honorables récemment : la NASA et le CERN.

De fait, des voix montent maintenant pour dire qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une « fusion » (très peu possible), mais d'un processus physique, lui, très plausible. Certains scientifiques sont même maintenant carrément optimistes pour dire que cela pourrait déboucher sur une énergie alternative propre qui pourrait changer la face du monde.

La théorie qui prend actuellement du poids est celle de Lewis Larsen. En 1997, Larsen a commencé à recevoir des fonds et a voulu savoir si l'on pouvait interpréter l'expérience de prétendue « fusion froide » en des termes plus classiques, avec la physique connue. Il a donc regardé les réactions nucléaires qui pouvaient produire de l'énergie. Il a pensé à la radioactivité naturelle de certaines substances. Le radium est un bon exemple.

Avec un autre physicien du nom d'Allan Widom, ils ont montré qu'un film chargé d'électrons (signe -) sur du palladium pourrait combiner les protons chargés positivement avec les atomes d'eau afin de former des neutrons. Ces neutrons pourraient ensuite être absorbés par les noyaux de lithium.

Cela perturberait l'équilibre de charges qui préserve la stabilité du lithium. Le noyau de lithium finirait par émettre du rayonnement et se convertir en béryllium et en hélium.
Drawing Lego
© sur-la-toile.com
Le film d'électrons va ensuite absorber ce rayonnement et émettre de la chaleur. Cette réaction « en chaîne », lente, a été appelée « Low-Energy-Nuclear-Reaction » ou LENR. Ce résultat fut publié en 2006 et n'a pas fait tout de suite beaucoup de remous. Bien d'autres chercheurs avaient écrit sur le sujet de la « fusion froide » auparavant. L'idée était pourtant bien plus solide cette fois, car tout y était très cohérent avec les théories scientifiques d'aujourd'hui. Rien de spéculatif.

Ce processus pourrait même se produire dans des phénomènes naturels comme dans ces fameux flux de neutrons constatés au passage des éclairs. Cette année, le chercheur italien Yogendra Srivastava a planché sur le sujet et même réalisé un colloque ... au CERN ! Juste après, la NASA plongeait dans le sujet avec un programme de 200 000 dollars US.

Larsen quant à lui, espère bien pouvoir lever carrément 25 millions de dollars afin de créer un véritable prototype de générateur LENR. Pour l'instant, il n'y a qu'une théorie solide et quelques preuves de laboratoire. Un scientifique de renom de la NASA pense néanmoins que cette piste est vraiment très prometteuse.

À suivre de près donc.

Pour aller plus loin : A. Widom, L.Larsen Ultra low momentum neutron catalyzed nuclear reactions on metallic hydride surfaces Eur. Phys. J. C (2006) (DOI) 10.1140/epjc/s2006-02479-8