Supersonic man
L'homme supersonique roule pour une boisson énergisante.
Les boissons énergisantes font de nouveau l'objet d'une polémique aux Etats-Unis, suite à une plainte déposée contre la Monster Beverage Corporation par la mère d'une adolescente du Maryland décédée fin 2011. Agée de 14 ans, Anais Fournier est morte fin décembre 2011 d'un arrêt cardiaque.

Un décès que ses parents imputent aux deux cannettes de 24 onces (environ 70 cl, soit au total près de 1,5 l) de Monster Energy que l'adolescente a bues en moins de 24 heures. Ou plutôt à « la quantité toxique de caféine et d'autres stimulants » présents dans cette boisson énergisante : à elles deux, ces cannettes contiennent 480 milligrammes de caféine, l'équivalent de 14 cannettes de 33 cl de Coca-Cola.

A l'appui de cette hypothèse, l'autopsie a conclu à un décès « lié à une arythmie cardiaque due à une toxicité de la caféine, ayant entraîné une régurgitation mitrale [lorsque du sang reflue vers l'oreillette cardiaque gauche] dans un contexte de syndrome d'Ehlers-Danlos », affection génétique rare dont souffrait la jeune fille. Rien ne prouve un tel lien entre ce décès et la boisson énergisante, se défend la Monster Beverage Corporation.

Dans un communiqué de réaction, la société californienne, qui estime avoir vendu « plus de 8 milliards » de cannettes de Monster Energy depuis 2002, assure « n'avoir eu connaissance d'aucun cas mortel lié à ses produits, et n'avoir jamais fait l'objet d'une seule plainte auparavant ». Autre ligne de défense, « les boissons Monster Energy, aussi bien leurs ingrédients que leur étiquetage, sont en parfaite conformité avec l'ensemble des lois et des règlements en vigueur dans les plus de 70 pays où elles sont vendues ».

Une justification qui résonne comme un alibi : ces boissons disposent en effet du statut de « compléments alimentaires » et non de celui d'« aliments ». Avec ses 0,035 % de caféine, Monster Energy - et ses concurrents - échappe donc au règlement américain qui interdit aux sodas d'en contenir plus de 0,02 %. Rien n'oblige non plus leurs fabricants à afficher leur teneur en caféine. Selon une enquête publiée par ConsumerReports.org, équivalent américain de notre 60 millions de consommateurs, 11 boissons sur les 27 analysées ne mentionnent aucun chiffre. Quant aux seize autres, cinq s'avèrent être au moins 20 % plus concentrées en caféine qu'elles ne l'indiquent.

Selon des chiffres de la FDA, confiés à la famille d'Anais Fournier puis confirmés à la presse, entre cinq et six décès liés à Monster Energy seraient survenus depuis 2004. Toutes boissons énergisantes confondues, le nombre de visites aux urgences s'est envolé ces dernières années, passant de 1 128 en 2004 à 13 114 en 2009, selon un bilan officiel de l'administration chargée de la toxicomanie et de la santé mentale (SAHMSA). Parmi ces cas, 67 % sont clairement liés à un effet indésirable de la boisson, 45 % sont survenus chez des jeunes de 18-25 ans et 56 % en l'absence d'autres substances (alcool, drogues ou médicaments).

En France, la question s'est posée récemment, avec la révélation en juin de deux décès récents par arrêt cardiaque [voir le JDLE]. Au total, ce sont 30 effets indésirables liés aux boissons énergisantes qui ont été déclarés aux autorités sanitaires depuis 2008. Ces effets, d'ordre cardiologique, neurologique (épilepsie, coma, tremblements, etc.) et psychiatrique (troubles du comportement, agitation, angoisse, etc.), sont notamment observés dans le cadre d'une pratique sportive ou d'une consommation d'alcool. Une conséquence de l'effet excitant de ces boissons, qui atténue les sensations de fatigue et d'ébriété.

De son côté, l'Assemblée nationale a approuvé le 25 octobre, sous forme d'un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), une taxe sur ces boissons. De 50 euros par hectolitre -environ 12 centimes pour une cannette de 25 cl, elle s'appliquera à toute boisson contenant plus de 220 mg de caféine/l, ou plus de 300 mg de taurine/l. Cette taxe avait initialement été fixée à 200 €/hl par la commission des affaires sociales, avant d'être abaissée à 50 € en séance publique.