Madagascar sécheresse
© InconnuA Madagascar, la famine et la malnutrition deviennent endémiques

L'impact du changement climatique à Madagascar reste une préoccupation majeure pour la Grande Ile. Il risque de frapper fort le pays entier durant les prochains mois, voire dans les années à venir.

Selon un classement réalisé par le groupe britannique d'analyse de risques Maplecroft, rendu public au début de cette année, Madagascar se classe 3e par rapport aux menaces de l'impact désastreux du changement climatique pour les trente prochaines années. Cette étude démontre aussi que la Grande Île figure parmi les Etats les plus exposés à des risques très élevés.

Cette situation déjà alarmante doit pousser le pays à bien préparer sa politique et ses stratégies de prévention. En attendant une politique bien définie en la matière, la communauté de base et les femmes continuent à être les plus touchées par le changement climatique. La perturbation du calendrier cultural fait paniquer les paysans qui représentent 75 % de la population malgache. Cela aura un effet négatif sur les récoltes car les productions chuteront davantage.

« Nous ne sommes plus en mesure de bien programmer nos cultures. C'est difficile de prévoir avec le retard de la pluie et la sécheresse qui perdure », souligne Bertrand Ravoavy, président d'un groupement de paysans qui se montre très pessimiste quant à l'avenir de l'agriculture.

Le casse-tête des femmes par rapport au changement climatique sera plus prononcé car il y aura une baisse dans la consommation en raison d'une baisse dans la production. « Il sera de plus en plus difficile de récolter les même quantités de riz pour les repas des enfants car la production est inférieure », se plaint Jeannine Ravelo, agricultrice dans une des communes avoisinant Antananarivo, capitale de Madagascar.

De plus, la collecte d'eau deviendra un problème supplémentaire dans la vie quotidienne des ménages et en particulier des femmes car l'eau tarit de plus en plus dans les sources. A Madagascar, la collecte d'eau est une tâche allouée aux femmes. Cette ressource devient de plus en plus rare, notamment dans le sud de Madagascar, région généralement plus sèche de la Grande Ile et ce, tout au long de l'année.

Dans la capitale et les autres régions urbaines, les coupures d'eau sont devenues fréquentes car il n'y a pas assez d'eau pour desservir toute la population une journée durant. Et quand elle coule enfin des robinets, la pression est faible. De plus, l'eau est impropre, faute de plantes aquatiques pouvant assurer un nettoyage naturel.

Le changement climatique affecte aussi la santé. De plus en plus d'enfants et de personnes âgées, ainsi que celles faisant partie des groupes vulnérables, ne supportent plus la chaleur et se déshydratent vite. Les médecins avancent qu'il y a aussi une forte recrudescence du paludisme, même dans les zones généralement dépourvues de cette maladie car l'anophèle, moustique qui la transmet, ne vivait généralement que dans ces zones. Si autrefois, le foyer paludique était sur la côte Est, de nos jours et avec le changement climatique, les hautes terres ne sont plus épargnées.

Il est vrai que Madagascar dispose déjà d'une bonne gestion des catastrophes et d'une politique nationale de lutte contre le changement climatique. Mais la capacité de la population à y faire face n'est pas la même dans la totalité des 72 districts. Il faut des mesures plus fiables à court et moyen termes.

C'est le plan d'adaptation national au changement climatique qui se fait attendre, même si la dernière conférence des Nations Unies qui s'est tenue à Durban en Afrique du Sud en décembre 2011 a encouragé les pays à élaborer un plan national d'adaptation. Or, cette stratégie doit être la ligne de conduite qui pourrait sauver le pays des effets néfastes qui l'affectent.

Depuis quelques années, le pays a déjà pris des mesures pour lutter contre la déforestation, qui selon les spécialistes, est une des priorités. Un atelier de préparation a été déjà organisé à Madagascar quelques mois après la conférence de Durban. Les participants à cet atelier composé de représentants de différents secteurs ont rédigé un calendrier suggérant que la dernière version du Plan d'Action National devrait être validée en juillet 2012 mais il n'y a pas eu de suite à cela.

La grande absente demeure le financement pour les stratégies de lutte contre le changement climatique. Et à ce niveau, Madagascar a joué de malchance. Les financements importants sur l'environnement ont été retirés en mars 2009, après le coup d'Etat qui a destitué l'ancien président, Marc Ravalomanana et mis en place un gouvernement transitionnel non reconnu. Tout cela rend Madagascar encore plus vulnérable aux effets dévastateurs du changement climatique et pourrait bien la mettre à genoux.