Le Congrès national du peuple chinois a adopté, vendredi 28 décembre, des nouvelles mesures qui étendent à tout le pays l'obligation pour les internautes de fournir leur véritable identité à leur fournisseur d'accès, a annoncé l'agence officielle Chine nouvelle. Les utilisateurs des "weibo" ("microblogs"), les versions locales de Twitter, devront donc désormais s'identifier et fournir leur numéro de téléphone portable.

Auparavant, la plupart des internautes du pays pouvaient créer des microblogs sous des pseudonymes, ce qui leur permettait de constituer de nouveaux comptes si les leurs étaient fermés. Seuls des détenteurs de comptes de microblogs dans cinq grandes villes du pays - Pékin, Shanghai, la ville portuaire de Tianjin (nord), Canton et Shenzhen (sud) - devaient déjà, depuis le 16 mars, s'inscrire sous leur véritable identité.

MICROBLOGS

La censure surveille les microblogs qui servent de plate-forme pour organiser des mouvements de protestation et présentent une version non officielle d'événements comme l'accident meurtrier de train de 2001, qui avait suscité un flot de critiques contre le gouvernement.

Le système de censure chinois du Web est surnommé la "Grande Muraille informatique" ("Great Firewall"), expression associant les mots "Great Wall" (Grande Muraille) et "firewall" (pare-feu informatique). La Toile est expurgée de sites politiquement sensibles et Pékin contrôle étroitement la communauté d'un demi-milliard d'internautes pour éviter l'organisation de la dissidence.

AI WEIWEI : "UN CRIME À L'ENCONTRE DE LA CIVILISATION"

Mais la prolifération de microblogs, qui permet aux internautes d'échapper partiellement à la mainmise des autorités, représente un nouveau défi pour le pouvoir. Des réseaux comme Twitter ont été utilisés pour formuler des critiques ou même pour dénoncer des malversations de responsables, mais ces griefs ne sont tolérés que lorsqu'ils correspondent à la volonté du gouvernement de lutter contre la corruption. Twitter est interdit en Chine, mais accessible par des moyens technologiques détournés.

Le dissident Ai Weiwei a critiqué sur Twitter vendredi les efforts des autorités pour resserrer leur étau sur Internet. "Bloquer Internet, une mesure qui restreindra l'échange de l'information, est un crime à l'encontre de la civilisation et de l'humanité", a-t-il estimé.