Sur fond de risque de désengagement de l'Europe en terme d'aide alimentaire aux plus démunis, les Restos du cœur enregistrent 25% de bénéficiaires supplémentaires.

Chaque année, le nombre de bénéficiaires des Restos du coeur augmente. Ils sont toujours plus nombreux à s'y presser pour remplir leur cabas et trouver un peu de réconfort. Et le centre de Carhaix ne faillit pas à cette triste règle, avec, déjà, une augmentation de 25% des inscriptions, indique Marie-Thérèse Le Flohic, responsable de l'antenne locale. « Il y a actuellement 134 familles inscrites. La moitié d'entre elles sont carhaisiennes, les autres sont originaires des cantons de Carhaix, Huelgoat et Châteauneuf-du-Faou, si on excepte quelques familles costarmoricaines », précise-t-elle.

Dons des entreprises pour Noël

Cette année, l'hiver s'annonce particulièrement difficile pour l'association, avec la menace qui pèse sur l'aide alimentaire accordée par l'Europe et remise en question par un certain nombre de pays. L'antenne carhaisienne reçoit des marchandises de la plateforme logistique départementale. Des denrées sont également offertes par des entreprises et des particuliers. « Pour Noël, des entreprises locales nous ont offert des produits pour améliorer les repas de fête », souligne Marie-Thérèse Le Flohic. Noëloblige, l'association a également distribué jouets et vêtements aux enfants. Sans les bénévoles, l'aide alimentaire ne pourrait pas être attribuée. «Cela implique une solide organisation», souligne la responsable carhaisienne, qui pilote une équipe d'une cinquantaine de bénévoles, dont quelques-uns ont rejoint l'association cette année. Les mardi et vendredi, ils se relaient, pour assurer l'accueil des bénéficiaires et le bon fonctionnement de la distribution.

« Ça fait du bien au moral ! »

Pousser les portes des Restos du coeur n'est pas un geste anodin, mais il permet aux bénéficiaires, au-delà de l'aide matérielle, de trouver un peu de réconfort. Parmi elles, Louise (*), 40 ans, venue accompagnée d'un ami, Pierre, pour l'aider à porter ses provisions. C'est sa quatrième année aux Restos, «avec des coupures». Au RSA «depuis longtemps», elle confie avoir du mal à joindre les deux bouts. « C'est bien utile, les Restos. Ça dépanne. C'est même indispensable de pouvoir venir ici. Sans ça, ce serait vraiment compliqué ». Corinne, elle aussi sans emploi mais «motivée à l'idée de démarrer bientôt une formation», reconnaît aux Restos une autre vertu: « Ça fait du bien au moral ! ». André, la cinquantaine, patiente dans un coin où une collation réconforte les bénéficiaires. L'occasion surtout de discuter avec des connaissances, c'est aussi ça les Restos du coeur. Un peu plus loin, Annie, une habituée, attend son tour. « Ça fait quelques années que je viens. Il y a toujours eu des bénévoles serviables ». Avec trois enfants à charge, la quinquagénaire est heureuse que « les Restos du cœur existent ». Car, «une fois que les factures sont payées, avec seulement le RSA et les allocations pour vivre, il ne reste pas grand-chose pour nourrir la famille...». Cette année, elle a fait la démarche avec une jeune voisine. « Elle a deux enfants, l'un âgé de quelques mois, l'autre de trois ans. Je lui ai conseillé de s'inscrire, raconte Annie. Ça lui fait bizarre, mais ça va bien l'aider ».

Recherche de produits frais

Les femmes seules avec enfants sont, avec les travailleurs précaires et les demandeurs d'emploi, les principales victimes de la conjoncture. « Mais personne n'est à l'abri », martèle une bénévole. Pour faire face à l'augmentation de la demande, les Restos du coeur recherchent des produits frais, et plus particulièrement des fruits et légumes.