Lion
© ReutersÊtre carnivore ne serait en fait pas plus cuel que d'être végétarien...

Si nous épargnons quelques bœufs, la culture des végétaux tue indirectement des animaux en masse. Aymeric Caron, chroniqueur de On n'est pas couché sur France 2, publiera le 16 janvier "No Steak", une enquête sur le rapport de l'homme à la viande.

Amis végétariens, ne prenez pas ce titre trop au sérieux. Nous savons que vous êtes gentils. Mais comme vous l'êtes, peut-être justement devriez-vous lire ce billet dans lequel un professeur de biologie australien, Mike Archer, s'interroge sur les effets du végétarisme sur le bien-être des animaux.

Le sujet est intéressant car il fournit une allégorie intéressante de toutes ces bonnes pensées qui, ne se concentrant que sur ce qui est immédiat et visible, négligent totalement ce qui ne se voit pas mais a pourtant des effets bien plus grands que ce qui se voit. Et ainsi aboutissent au résultat inverse de celui escompté.

L'auteur explique que la grande majorité du bœuf australien est élevé dans des pâturages et ne nécessite que peu, voire pas du tout d'apport supplémentaire en grain. Un bœuf représente une carcasse moyenne de 288kg. 68% représentent la viande désossée, et 23% de cette dernière des protéines. On obtient donc 45kg de protéines par animal, soit 2,2 bœufs pour 100kg de protéines.

Le fait est que l'homme a besoin de protéines. Donc, si nous décidons d'épargner nos deux bœufs, il est nécessaire de trouver ces protéines dans les végétaux. Or la culture de céréales tue elle-même des animaux par centaines.

Archer se concentre sur un phénomène meurtrier chez les souris et qui n'est pas lié à l'usage de pesticides ni même à la moisson. Il s'agit de ce que dans l'histoire économique nous appelons, dans le cas humain, une crise d'ancien régime. Dans les champs céréaliers, les variations climatiques provoquent parfois des situations particulièrement favorables à la démographie des souris, ce qui les amène à se reproduire massivement, aboutissant à une hausse moyenne d'un millier d'individus par hectare.

Mais les conditions favorables à la démographie des souris n'étant que passagères, l'accroissement de leur population cause plusieurs mois plus tard une extrême mortalité, ainsi que des dommages très importants aux cultures. Ce qui conduit les exploitants à anticiper la famine en empoisonnant les petits rongeurs, ce qui prévient au moins la destruction des champs. Cet empoisonnement réduit paradoxalement la mortalité, vu que sans lui certains grains seraient perdus, nécessitant davantage de culture et donc une plus grande base pour le problème démographique des petits rongeurs.

En moyenne annuelle, au moins 100 souris sont tuées par hectare par empoisonnement. Un hectare de blé donne 180kg de protéines, ce qui implique que la production de 100kg de protéines tue, en Australie, au moins 55 souris.

2 vaches ou 55 souris ? Les animaux sacrés de l'Inde valent-ils à ce point davantage que Mickey, Speedy Gonzales, Minus ou Cortex ? Le chercheur souligne que les souris produisent des chants amoureux qui deviennent plus complexes avec le temps, et que par ailleurs la mort d'un bœuf abattu est bien moins pénible que celle d'une souris empoisonnée.

Lire l'article détaillé : Mike Archer (2011), « Ordering the vegetarian meal? There's more animal blood on your hands »