Le corps céleste s'est approché de notre planète et les astronomes ont enfin pu voir qu'il est plus sombre que l'on ne pensait. Il ne touchera pas la Terre au cours des prochaines décennies, mais suscite un grand intérêt des scientifiques. Apophis, va-t-il devenir le premier polygone pour le développement des technologies d'interaction avec des astéroïdes ?
Apophis
© Photo: Vesti.Ru
Ayant presque frôlé la Terre, passant à une distance de quelques 14,5 millions de kilomètres d'elle, Apophis est devenu plus connu des scientifiques. Grâce à l'observatoire spatial infrarouge Herschel de l'Agence spatiale européenne (ESA), ces derniers ont pu obtenir des informations plus précises sur sa taille et sa réflectivité. Le diamètre du corps céleste était en réalité plus important qu'on ne le pensait : environ 325 mètres (plus ou moins 15 mètres). Quant à sa capacité de réflexion, elle a diminué de 0,33 à 0,23 (ce qui signifie que la surface de l'astéroïde absorbe 77% de la lumière incidente, reflétant seulement 23%).

Herschel a observé l'astéroïde pendant une relativement courte période : deux heures jusqu'à son rapprochement maximal de la Terre. Les experts de l'ESA sont fiers qu'un télescope ait pu étudier cet objet qui se déplace très rapidement, avec un maximum de précision. Apophis est actuellement en train de s'éloigner de notre planète pour revenir en 2029, et ensuite en 2036. Les nouveaux calculs ont écarté le scénario catastrophique pour 2029. Quant à 2036, un petit risque subsisterait, car la force de l'attraction peut faire changer légèrement l'orbite de l'astéroïde. Toutefois, pour l'instant, les chances de collision sont minimes.

Les observations de Herschel n'ont pas été inutiles, car même si l'astéroïde ne présente aucun danger pour la Terre, il était intéressant d'étudier la trajectoire de ce corps céleste du point de vue de la science planétaire et de la mécanique. Pour l'instant, la lutte contre les menaces des astéroïdes et des comètes se réduit à l'étude de leurs orbites. La grande majorité de ces objets sont considérés comme inoffensifs après des études approfondies. Même Apophis, d'après l'échelle de Turin qui mesure les menaces des objets géocroiseurs pour la Terre, reste minime. Sur le site d'observation du programme des objets célestes proches de la (NEO) de la NASA, cet astéroïde est marqué avec la couleur blanche, ce qui signifie que la probabilité de collision avec la Terre est nulle ou négligeable. La couleur verte sur ce site signifie que l'objet va passer très près de la Terre, mais une collision est très peu probable. Un objet est marqué en vert sur ce site. Il s'agit de l'astéroïde 2007 VK184 de diamètre de 130 mètres, qui devrait frôler la Terre à une distance de 0,75 de son diamètre en 2048.

Pour en revenir à l'Apophis, en dépit d'une relative sécurité, on voit en lui un objet idéal pour tester les méthodes de « contre-attaque » face aux astéroïdes. Les projets à long terme de l'Agence spatiale fédérale incluaient l'envoi d'une station automatique vers l'astéroïde, pour y fixer une balise. Grâce à cette balise, on pourra suivre l'évolution de sa trajectoire avec une très grande précision. Une autre option - c'est de modifier l'orbite sous l'influence d'un astéroïde plus petit qui serait dirigé vers la trajectoire de collision à l'aide d'un « moteur » spécial. Cette méthode était développée en théorie dans les laboratoires de l'Institut d'Electronique et Mathématiques de Moscou sous la direction du scientifique américain David Dunham.

Faut-il donc se préparer à la collision de la Terre avec un astéroïde ? La réponse à cette question dépend de la réponse que cette mission peut nous apporter. Jusqu'à présent, seuls les vaisseaux spatiaux ont pu approcher ou entrer en collision avec de petits objets célestes. Actuellement, il s'agit de comprendre comment on peut diriger un tel objet. Le laboratoire de David Dunham se penche également sur d'autres méthodes d'interaction avec les astéroïdes - par exemple, leur déplacement sur l'orbite circumterrestre. Cette mission est techniquement complexe ce qui présente son intérêt. Mais il serait plus intéressant de considérer ce problème dans le contexte du développement des capacités de l'homme dans l'univers, et non pas dans le contexte d'une menace venant de l'espace.