Cholera
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Epargnée depuis la fin du XIXe siècle, La Havane se voit frappée par le choléra depuis le 6 janvier, avec 51 cas répertoriés dans le centre de la capitale cubaine un peu plus de quatre mois après une précédente poussée dans le sud du pays, qui avait fait trois morts.

Ce nouveau foyer, qui survient au moment où des milliers d'étrangers se trouvent à Cuba en pleine saison touristique, a pris naissance dans un quartier situé près du centre-ville la capitale cubaine.

A partir du dimanche 6 janvier, le système de vigilance clinique épidémiologique a détecté une augmentation de cas de diarrhées aiguës dans le quartier du Cerro puis dans d'autres quartiers de la capitale, qui ont ensuite été identifiés comme des cas de choléra, a annoncé mardi le ministère de la Santé dans un communiqué publié par le quotidien officiel Granma. A ce jour, 51 cas ont été confirmés, a ajouté le texte.

Le foyer a été généré par un porteur de la maladie sans symptômes, contaminé lors de la précédente poussée, qui a manipulé des aliments, a assuré le ministère, tout en assurant que ce foyer de choléra était en voie d'extinction.

Les autorités ont appelé à intensifier les mesures d'hygiène, en particulier le lavage des mains, l'ingestion d'eau chlorée, le nettoyage et la cuisson adéquate des aliments, et plusieurs sources ont fait état de mesures préventives prises dans les centres de santé et écoles de cette ville de 2,2 millions d'habitants.

Ces derniers jours, les rumeurs portant sur une poussée du choléra se sont multipliées dans le quartier du Cerro, où plusieurs médecins et infirmières se sont rendus pour distribuer des traitements préventifs.

Ils venaient dans toutes les maisons et nous demandaient : « vous êtes allergique à la pénicilline ? », avant de nous donner trois pastilles de Doxiciclina sans rien dire de plus. Je leur ai demandé si c'était pour le choléra et ils se sont mis à rire mais ne nous ont rien dit, a raconté à l'AFP une femme au foyer résidant dans ce quartier.

Fin août dernier, les autorités sanitaires avaient officiellement annoncé la fin d'une poussée de choléra qui s'était déclarée fin juin dans le sud de l'île, et avait causé la mort de trois personnes âgées et contaminé 417 personnes.

Cette nouvelle poussée survient au moment de la saison touristique la plus haute, qui court de décembre à avril, et alors que le pays abrite plusieurs milliers de canadiens, Européens et Latino-américains en villégiature. Près de trois millions de touristes avaient visité l'île communiste en 2012.

En octobre comme aujourd'hui, les autorités cubaines n'ont jamais utilisé le terme d'épidémie. Ce sujet est particulièrement sensible à Cuba, qui se félicite d'avoir l'un des systèmes de santé les plus admirés de la région, fruit des succès d'un demi-siècle de régime communiste.

La dernière personne à mourir du choléra à Cuba était décédée en 1882 à une époque où l'île était encore une colonie espagnole. Les médecins cubains ont toutefois entretenu leurs connaissances et leur savoir-faire en participant régulièrement aux missions humanitaires en Haïti, pays très souvent touché par la maladie.

L'agent du choléra, le vibrion cholerae, est une minuscule bactérie en forme de virgule qui se transmet par voie digestive, par ingestion d'eau, de boissons ou d'aliments souillés par des déjections cholériques, par des mains sales ou du matériel contaminé.

Après une incubation courte, de deux à cinq jours, la maladie débute brutalement par de violentes diarrhées vidant littéralement l'organisme de son eau. En l'absence de soins immédiats basés d'abord sur une réhydratation, cette déperdition gravissime de liquides (un malade peut perdre 10 % de son poids en quatre heures) est souvent mortelle. En outre, l'efficacité des vaccins disponibles est loin d'être absolue.