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Certaines pensées automatiques peuvent révéler des défaillances dans le traitement de l'information. Ces distorsions cognitives sont fréquemment associées à la dépression, à l'anxiété ainsi qu'à la plupart des troubles mentaux. Voici les dix plus courantes :

La pensée dichotomique : tout ou rien

Lorsque le raisonnement est privé de nuances, tout ce qui n'est pas une victoire devient une défaite, tout ce qui n'est pas sans risque devient dangereux, etc. Ce type de pensée se retrouve logiquement associé au perfectionnisme, aux sentiments dépressifs d'incapacité, de culpabilité, d'autodévalorisation mais également à certains traits de personnalités pathologiques.
« Si vous n'êtes pas avec moi, vous êtes contre moi »

« J'ai fait un écart, ça ne vaut plus la peine de continuer le régime »

« L'employeur ne m'a pas recruté, je ne suis pas fait pour ce boulot »
L'abstraction sélective : filtrage mental

D'un événement ou d'une expérience ne seront retenus que les détails les plus déplaisants. Ceux-ci viennent souvent confirmer une croyance négative préalable. Cette opération conduit la plupart du temps à une fixation et à des ruminations anxieuses, dépressives, obsédantes en rapport avec ces fameux détails.
« J'ai gâché mon RDV avec lui car en l'embrassant, je lui ai marché sur le pied »

« Mon exposé est raté, j'ai vu quelqu'un rire dans le public »

« Ce médecin a consulté le Vidal pendant la consultation, il n'est pas compétent »
La disqualification du positif : pas pour moi

Plus que d'un à priori négatif, il s'agit d'un rejet systématique du caractère positif d'un événement et de sa transformation neutre ou négative. Un événement négatif sera en revanche bien mérité. Ce genre de raisonnement constitue un puissant renforçateur de la dépression tant il a tendance à priver des conséquences positives de l'action.
« Oui j'ai eu mon diplôme cette année, mais c'est un coup de chance »

« Elle m'a fait un compliment sur ma cuisine, mais c'est parce qu'elle a pitié de moi »

« Le patron m'a offert une promotion mais c'est parce qu'il n'avait personne d'autre à qui la donner »
La surgénéralisation : toujours et partout

L'extrapolation peut devenir outrancière, notamment lorsqu'un ou quelques évènements négatifs suffisent à résumer l'ensemble des expériences et/ou des performances d'un individu. Cette surgénéralisation peut aussi bien concerner le passé, le présent ou l'avenir (verticale ou chronologique) qu'elle peut s'étendre à d'autres domaines plus ou moins en rapport avec l'événement.
« J'ai été licencié, j'ai toujours été incapable de garder un boulot »

« Aucune fille ne m'a invité à danser hier, et de toute façon personne ne s'intéresse à moi »

« Je suis encore tombé sur un homme marié, c'est sûr, je resterai seule toute ma vie »
L'étiquetage : jugement définitif

Coller sur soi ou les autres des étiquettes négatives procure volontiers des émotions toutes aussi négatives et contrarie parallèlement toute idée d'évolution positive. Cataloguer renforce notamment le sentiment d'incapacité et le désespoir caractéristiques de la dépression.
« J'ai oublié mon RDV, je ne suis pas quelqu'un de fiable »

« Il m'a doublé par la droite, c'est un chauffard ! »

« Je me suis énervé contre lui, je ne sais pas garder mon sang froid »
L'inférence arbitraire : boule de cristal

Lorsque ce qui devrait rester une intuition devient une conviction, la conclusion se tire souvent trop hâtivement et sans preuve. Lire dans la pensée d'autrui ou prédire l'avenir restent deux pratiques divinatoires fréquemment associées à la souffrance émotionnelle et à la renonciation anxieuse ou dépressive.
« Ça ne sert à rien de lui demander une augmentation car si je la méritais, il me l'aurait donnée »

« Je ne serai jamais suffisamment solide pour pouvoir me passer des médicaments »

« Si elle ne m'a pas rappelé, c'est qu'elle n'a pas envie de me voir ».
Le catastrophisme : pire du pire

Des scénarios désastreux peuvent se construire sur la base d'un simple incident sans gravité, et conduire à « s'en faire une montagne ». Assimiler ce qui devrait rester des pensées à des faits, toujours sans preuve, favorise l'escalade d'émotions négatives associées à ces prédictions funestes.
« Ma fille n'est toujours pas rentrée, elle a du se faire kidnapper, violer, assassiner... »

« J'ai laissé ma braguette ouverte toute la matinée, ils doivent tous se moquer de moi, ma réputation est fichue, je n'ai plus qu'à changer de boulot, à déménager, loin... »

« Ma femme rigole en lisant le SMS d'un collègue, elle me trompe, elle ne m'aime plus, nous allons devoir divorcer et je me retrouverai seul, personne ne voudra d'un cocu comme moi... »
Le raisonnement émotionnel : preuve par le sentiment

Lorsque l'importance accordée à une émotion devient excessive, celle-ci peut être assimilée à une véritable preuve, voire à un fait et aboutir à un jugement erroné. Les émotions fortes contrarient ainsi la prise en compte d'éléments contradictoires et donc l'analyse rationnelle d'une situation.
« S'il a réussi à m'énerver à ce point, c'est qu'il cherche les problèmes »

« Le patron m'a convoqué dans son bureau, je ne suis pas tranquille, il a certainement quelque chose à me reprocher »

« J'étais mal à l'aise au diner, je suis sûr qu'ils m'ont trouvé ridicule ».
La personnalisation : auto-flagellation

L'interprétation d'un événement peut conduire à surestimer sa responsabilité voire à la créer de toutes pièces, ceci favorisant logiquement l'émergence d'un sentiment de culpabilité. Ce phénomène se répète et s'intensifie au cours de la dépression jusqu'à parfois se sentir la cause de tous les malheurs du Monde.
« Mon fils a encore raté ses examens, je n'ai jamais réussi à lui donner le gout des études »

« Ma femme semble contrariée, j'ai forcément dit quelque chose de mal »

« Mon père fait une dépression, c'est de ma faute, je n'ai pas été à la hauteur de ses attentes »
Les fausses obligations : musturbation

Les règles fixées de façon arbitraire, les exigences rigides de soi-même ou des autres favorisent volontiers l'émergence de sentiments douloureux tels que la déception, la frustration, la culpabilité ou la colère. Les « je souhaiterais », « j'aurais préféré » laissent la place aux « je dois », « il faut ».
« Il faut toujours aider ses amis, je ne peux donc pas refuser de lui prêter de l'argent »

« Il est indispensable d'être apprécié de ses voisins, je ne dois donc pas leur faire de reproches quand ils font du bruit »

« Après tout ce que j'ai fait pour elle, comment ose-t-elle refuser de me confier sa voiture ? »