Le policier "en état alcoolisé" soupçonné d'avoir tué une jeune avec son arme de service au cours d'une rixe a été mis en examen pour meurtre et écroué, a-t-on appris aujourd'hui de source proche de l'enquête. D'après Libération.fr, le gardien de la paix était également sous l'emprise du cannabis au moment des faits.

La juge Karine Molco a placé le fonctionnaire de police en détention provisoire à Villeneuve-lès-Maguelone, près de Montpellier, a ajouté cette source.

Hier, le parquet avait demandé la mise en examen pour homicide volontaire et le placement en détention provisoire. "Il n'y a manifestement pas de légitime défense, qui suppose une proportionnalité entre l'agression et la riposte", avait expliqué le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest. Or "aucun des agresseurs n'était porteur d'une arme à feu ou d'un couteau. Là, d'après ce que l'on a comme indication, on est sur un usage volontaire, même si l'intéressé parle d'un coup de feu accidentel". "Telle que l'arme se présente, un coup de feu accidentel, moi j'ai un peu de mal à y croire", a déclaré le procureur.

Le jeune de 19 ans a été touché à la fesse gauche. La balle a atteint l'intestin, l'estomac et le foie. La victime est morte à l'hôpital où l'avait transporté un ami vers 6h du matin jeudi. Le parquet a également ouvert une instruction à l'encontre de cet ami de 29 ans qui avait pris part à la rixe, pour violence en réunion, dégradation de bien appartenant à autrui et conduite sans permis. Il a lui aussi été mis en examen pou ces faits et écroué.

En garde à vue, les deux hommes ont donné aux enquêteurs des versions différentes des faits. Mais ils s'accordent cependant sur les premières minutes du drame. Le policier, qui se trouvait dans la supérette, a fait une remarque au jeune de 19 ans qui fumait du cannabis. Une altercation s'en est suivie, au cours de laquelle il a été pris à parti et frappé au visage devant le magasin, et une balayette (un geste de fauchage - ndlr) l'a fait tomber au sol. Sous les coups, le fonctionnaire a alors sorti son arme de service.

C'est à partir de là que les versions divergent: selon le gardien de la paix, il aurait crié pour faire état de sa qualité de policier, puis une balle serait accidentellement partie de son arme. Selon l'homme de 29 ans, le policier n'a jamais fait état de son statut, et s'est mis en position avant de tirer sur son ami, à une distance de 7 à 8 mètres. Les témoignages de la dizaine de personnes présentes sur les lieux, "confus" selon le procureur, n'ont pas encore permis de démêler les faits.

Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a téléphoné hier à la mère du jeune homme. Il lui a promis que "personne ne sera protégé" et que la "vérité sera faite sur cet acte inqualifiable", selon son entourage. La famille de la victime, Yassine Aibeche, a appellé au calme. Pour l'instant aucun incident n'est a déplorer dans le cité Felix Pyat d'où est originaire le jeune homme.

Le fonctionnaire de police avait été suivi par un médecin et un psychologue a l'été 2012 après qu'un différend entre lui et sa compagne de l'époque se soit terminé par des coups et un rappel à la loi. Il s'était vu retirer son arme pendant cette période, a expliqué le directeur de la direction départementale de la sécurité publique, Pierre-Marie Bourniquel. Le policier était autorisé à porter son arme même s'il était hors service, car il se trouvait dans son secteur.