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L'Académie des sciences autrichienne, 75 ans après l'annexion (Anschluss) de l'Autriche par l'Allemagne nazie et 68 ans après l'effondrement de la dictature d'Adolf Hitler, a enfin admis que la majorité de ses membres de l'époque étaient membres du Parti nazi (NSDAP) et souvent aussi des SS.
L'Académie des sciences autrichienne, 75 ans après l'annexion (Anschluss) de l'Autriche par l'Allemagne nazie et 68 ans après l'effondrement de la dictature d'Adolf Hitler, a enfin admis que la majorité de ses membres de l'époque étaient membres du Parti nazi (NSDAP) et souvent aussi des SS.

Dans une étude confiée à des historiens, révélée par l'hebdomadaire Profil et qui sera publiée à l'occasion de 75e anniversaire de l'Anschlusss, le 12 mars 2013, il apparaît également que 21 savants juifs, dont trois Prix Nobel, le prix de chimie Richard Willstätter (1915), les prix de physique Viktor Franz Hess (1936) et Erwin Schrödinger (1933), avaient été exclus de l'Académie qui comptaient alors 53 membres. Neuf de ces savants sont morts dans l'Holocauste.

Ainsi, en 1939, l'Académie peut se proclamer "exempte de juifs" ("Judenrein"). A partir de 1941, l'Académie des sciences s'est même impliquée dans des travaux de "recherche raciale", notamment en mesurant des crânes de déportés et de prisonniers de guerre.

Sur la soixantaine de membres correspondants de l'Académie, les trois-cinquièmes étaient adhérents du NSDAP.

Après l'effondrement du IIIe Reich, l'Académie a "suspendu" ses membres nazis, mais, dès 1950, ils étaient tous rétablis dans leurs droits, y compris un ancien Sturmbannführer SS (commandant). Et l'un d'entre eux, Fritz Knoll, est même devenu à la fin des années 1950 son secrétaire général alors qu'il avait pourtant proclamé, en tant que Recteur de l'Université de Vienne sous le nazisme, que "le juif avait disparu de notre monde scientifique et cela pour toujours".

Pour l'historienne autrichienne Heidemarie Uhl, qui a participé à l'étude, "il reste à déterminer si l'Académie des sciences, en réintégrant les anciens nazis, ne faisait que se conformer à la règle dans la société autrichienne de l'après-guerre".

Car, jusqu'au début des années 1990, l'Autriche et les Autrichiens se sont plus à se considérer comme "les premières victimes d'Adolf Hitler", avant que le chef de l'Etat Thomas Klestil (démocrate-chrétien), en 1994 dans un discours devant le Parlement israélien, la Knesseth, reconnaisse publiquement la pleine responsabilité historique de l'Autriche dans les atrocités nazies.

Interrogé par l'AFP, un autre historien ayant participé à l'étude, Stefan Sienell, a indiqué que "le présidium de l'Académie des sciences allait examiner les conséquences à tirer, notamment en ce qui concerne les distinctions honorifiques" des anciens nazis (membre d'honneur, médaille "Bene Merito"...).

- "L'Académie des sciences à Vienne 1938-1945", sous la direction de Johannes Feichtinger/Herbert Matis/Stefan Sienell/Heidemarie Uhl, catalogue d'une exposition historique qui s'ouvrira le 11 mars.