Feuille d'impôts
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Ce père de famille s'est tiré une balle dans la tête après avoir laissé un mot à l'accueil du centre de Créteil. Il devait 26 000 € au fisc.

« Tous les jours, il recevait des recommandés, des courriers des impôts, il semblait criblé de dettes. » Dans cet immeuble cossu et tranquille de l'avenue du Général-Leclerc à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), une voisine revoit les va-et-vient réguliers du facteur. Un peu plus tôt dans l'après-midi, hier vers 14h30, cet architecte de 55 ans s'est rendu au centre des impôts de Créteil et, dans la cour du bâtiment, s'est tiré une balle dans la tête avec un revolver calibre 38 chargé de six balles.

Il avait auparavant laissé un mot à une employée de l'accueil : « Vous avez voulu ma peau, vous l'avez. »

Il ne travaillait plus depuis des années

Selon des sources concordantes, l'homme, marié et père de deux adolescents, devait près de 26 000 € au Trésor public. Le centre des impôts, qui abrite la Direction départementale des finances publiques, a fermé ses portes pour la journée et une cellule psychologique y a été mise en place. En fin d'après-midi, les employés sortaient au goutte-à-goutte du périmètre mis en place par la police : certains n'avaient « rien vu, rien entendu » ; d'autres, comme Florence, venue faire une formation, avaient été mis au courant une heure après le drame. « On a souvent des gens agités qui se présentent à l'accueil, mais on n'avait jamais vu un tel drame. Apparemment, il a demandé à voir une employée en particulier, mais il n'a pas attendu longtemps. Il devait être vraiment désespéré. »

« Je l'ai aperçu de loin et j'ai entendu une forte détonation », décrit Kevin, agent au service du courrier. « Mes collègues de l'accueil sont choqués, voire traumatisés. » Une enquête « aux fins de recherche des causes de la mort » a été ouverte.

Des voisins de l'architecte-urbaniste qui s'est donné la mort, habitant de longue date non loin de chez lui, assurent qu'il ne travaillait plus depuis des années : « Pendant une période, il partait en province la semaine et revenait le week-end. Mais ça fait longtemps qu'il n'a plus de travail. Je le rencontrais souvent dans la journée. Il emmenait son fils au judo et s'occupait de l'intendance d'une partie de l'immeuble : dès qu'on avait un souci, on allait le voir. » Ce voisin décrit un homme gai lors de son emménagement dans les lieux il y a presque vingt ans, devenu triste au fil des ans, mais qui ne se laissait toutefois pas aller. Son adresse personnelle était aussi celle de son entreprise d'ingénierie et de bureau d'études. « Christian n'était pas bien, on essayait de l'aider. J'avais rendez-vous avec lui cet après-midi. J'ai attendu une heure et demie et puis je suis parti », affirme ce proche, dévasté par le drame.