Les Pyrénées, plus habituées à la pénurie qu'à la surabondance d'or blanc, connaissent un enneigement record, cet hiver. Mais, paradoxalement, l'épais manteau qui recouvre le massif ne fait pas les affaires des stations.

« C'est un mois de janvier qui restera dans les annales. C'est le plus mauvais depuis 15 ans », déplore Blandine Vernardet, directrice de la station de Piau-Engaly, dans les Hautes-Pyrénées, département le plus touché par les intempéries cet hiver. Habituellement espérée, et souvent pas assez présente dans les stations pyrénéennes, la neige est trop abondante cette saison. D'après Météo-France, des valeurs records d'enneigement datant des années 1970 ont été dépassées. Des stations ont dû fermer quelques jours, soit parce que les routes y menant étaient coupées, soit pour permettre leur mise en sécurité. Dans le village de Barèges, 600 touristes ont même dû être évacués le 10 février.

Des dépenses supplémentaires

Et si les stations ont, pour une fois, évité les frais liés à la neige artificielle, elles ont déboursé des sommes non négligeables en carburants pour alimenter les dameuses et les engins de déneigement, acheter des explosifs destinés au déclenchement préventif des avalanches et entretenir des machines très sollicitées. Blandine Vernardet estime à 100.000 euros les dépenses supplémentaires par rapport à un mois de janvier normal, avec « en face, très peu de rentrées financières » à cause du mauvais temps.

Vive les vacances !

« C'est aussi beaucoup d'énergie de la part des personnels qui se sont levés tôt, le matin, pour travailler dans des conditions difficiles avec du vent, de la neige », raconte le directeur de l'office de tourisme de Luz-Ardiden, Bernard Laporte. Alors que les Pyrénées avaient manqué de poudreuse l'an passé, la saison avait pourtant bien démarré grâce à une neige précoce. « En sortie des vacances de Noël, on était à plus 25 % de fréquentation par rapport au Noël précédent, explique Blandine Vernardet. Là, on est repassé à - 7 % ». Les stations tablent donc sur les vacances de février (traditionnellement 50 % de leur chiffre d'affaires) pour rattraper le temps perdu. « On retrouve une configuration optimale, avec des prévisions de beau temps et des quantités de neige astronomique », souligne Hervé Mairal, de la Confédération pyrénéenne du tourisme.

Les avalanches menacent

Toutefois, les secours en montagne appellent à la vigilance. « Les domaines skiables sont sécurisés mais les vacanciers doivent absolument en respecter les limites », insiste le lieutenant Jean-Marc Bougy, commandant du Peloton de gendarmerie de haute-montagne de Luchon (Haute-Garonne). Les adeptes de la haute montagne doivent, avant de partir, consulter la météo, les bulletins de risques d'avalanche et donner un itinéraire précis à leur entourage. La prudence est aussi de mise en moyenne montagne, où les vacanciers oublient souvent de prendre des précautions.