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En novembre 2011, six militants palestiniens ont été expulsés d’un bus par la police israélienne, alors qu’ils tentaient de se rendre à Jérusalem dans le cadre d’une campagne visant à dénoncer des mesures jugées discriminatoires contre les Palestiniens de Cisjordanie. Photo AFP
Dès aujourd'hui, les Palestiniens souhaitant se rendre en Israël à partir de la Cisjordanie seront forcés de prendre des bus leur étant réservés.

Dès ce lundi, sur certaines lignes reliant la Cisjordanie au centre d'Israël, les Palestiniens seront contraints de prendre des bus leur étant "réservés", indique le quotidien israélien Haaretz.

Ces bus, qualifiés de "bus de l'apartheid" par des activistes pro-palestinien, seront stationnés à un barrage israélien près du village palestinien de Kalkiliya, et ne s'arrêteront pas aux arrêts de bus "réguliers", désormais réservés aux Israéliens.

Cette initiative a été lancée par le ministère israélien des Transports suite à une plainte déposée par des colons qui "perçoivent les passagers palestiniens comme une menace potentielle", poursuit le journal.

Alors que le ministère affirme que cette décision vise à "améliorer les services pour les Palestiniens souhaitant se rendre en Israël", plusieurs organisations pour la défense des droits de l'Homme l'ont jugée "d'un racisme assimilable à l'apartheid sud-africain". "Cette décision est révoltante", a affirmé la directrice de l'ONG israélienne B'Tselem, Jessica Montell, au site d'informations russe RT.com. "Les arguments sécuritaires avancés par les autorités ne doivent pas cacher le racisme flagrant exercé contre les Palestiniens", ajoute-t-elle.

Yisrael Maidad, un porte-parole du Conseil des colons israélien a, de son côté, déclaré au journal britannique The Telegraph, que l'initiative du ministère des Transports est "justifiée", étant donné "l'expérience israélienne avec les kamikazes (palestiniens)". "Nous voyageons avec les Arabes tous les jours, ce n'est donc pas une question raciste, a-t-il dit au quotidien britannique. Mais les Arabes, pour une raison étrange, se font exploser dans les bus et les Israéliens trouvent cela très troublant", a-t-il ajouté. "Si vous allez demander l'avis d'un jeune activiste radical, il vous dira que forcer les Arabes à monter à bord d'un bus israélien est une forme de colonialisme, poursuit M. Maidad. Les bus réservés aux Palestiniens sont une initiative qui doit être perçue comme une étape en vue de la création d'un Etat (palestinien)".

Ces derniers mois, l'ONG israélienne Checkpoint Watch a fait état de plusieurs incidents dont ont été victimes des passagers palestiniens qui se sont vus refuser le droit de monter à bord de bus en territoire israélien.

En octobre dernier, une vidéo montrant un chauffeur israélien empêchant des Palestiniens de monter à bord de son bus avait fait le tour du Web et provoqué la colère des défenseurs des droits de l'Homme.


"Les Palestiniens ne voyagent pas avec moi dans les territoires", disait ce chauffeur à un ouvrier palestinien de Cisjordanie qui venait pourtant de lui montrer un permis délivré par les autorités israéliennes. D'après la vidéo, ce Palestinien et plusieurs de ses compatriotes ont été détenus et harcelés deux durant heures avant que la police ne les laisse finalement monter à bord du bus.

Dans les commentaires suivant l'article du Haaretz, le nom de Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-unis qui avait refusé de céder sa place à un passager blanc dans un autobus, en 1955, revenait souvent...