Lincoln assassinat dessin
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On ne sait ce qu'il faut le plus admirer de ce pur produit de l'industrie cinématographique hollywoodienne : la qualité du grimage des acteurs ou la couche de maquillage de l'histoire de la guerre de Sécession. Steven Spielberg avait déjà réussi l'exploit de faire passer une tortue, E.T. pour un extraterrestre : c'était par conséquent pour ce maître de l'illusion un jeu d'enfant de faire passer un criminel de guerre pour un parangon de vertu.

Pas un mot, bien entendu, du fait que les planteurs du Sud devaient 150 millions de dollars aux banquiers du Nord et que ces derniers se firent rembourser manu militari en ajoutant les frais de cette saisie - 500 millions de dollars - à savoir le coût global de la guerre de Sécession. Quant aux pertes humaines, un million de morts, une proportion énorme si l'on songe que les Etats-Unis comptaient à l'époque dix fois moins d'habitants que de nos jours, les comptables pouvaient les passer sans coup férir par pertes et profits puisque la croisade humanitaire autoproclamée des Etats-Unis permet de tout justifier. De même, le scénario fait l'impasse sur les manœuvres de deux Rothschild, l'un à Paris en faveur des Sudistes, et l'autre à Londres dans le camp des Nordistes, qui furent les financiers de la guerre de Sécession, selon le bon vieux principe dans les affaires d'avoir toujours deux fers au feu : ainsi, le créancier est en droit d'obtenir des renseignements sur la situation de son débiteur et, avec un tel atout dans son jeu, la Maison Rothschild pouvait piloter la guerre sans avoir l'air d'y toucher.

Ce film jongle avec les paradoxes, car il nous parle de la libération des esclaves comme d'une nouvelle conquête des Droits de l'homme acquise grâce à l'engagement humanitaire des Etats-Unis, alors que le temps présent voit avec le mondialisme étatsuniens la réintroduction par la bande d'un esclavage sournois qui vise aussi bien les corps que les esprits : les corps sont soumis à une servitude implacable par les grandes firmes multinationales, elles-mêmes cornaquées par les usuriers internationaux, et les esprits sont formatés par de nouvelles lois civiles qui consacrent la fin de la primauté de la cellule familiale traditionnelle au profit d'une parodie d'union conjugale dont les sous-produits humanitaires seraient demandeurs, eux qui se sont toujours gaussés des conventions sociales ou religieuses. On le sait bien, de nos jours comme dans l'Antiquité, les esclaves n'ont ni famille, ni véritable métier, ni vraie nationalité et ni, bien entendu, le droit de porter des armes, mais « Démissionnaire Premier », par son silence complice, et « François Dernier », par son activisme déplacé, sont là pour favoriser la soumission des masses amorphes aux œuvres des Princes de ce bas-monde.

L'assassinat du président Abraham Lincoln le 14 avril 1865 correspond de manière saisissante à ce que le Premier ministre Disraeli révéla dans un discours public prononcé à Aylesbury le 20 novembre 1876 : « Les gouvernements de ce siècle ne sont pas en relation seulement avec les empereurs, les rois et les ministres, mais aussi avec les sociétés secrètes, facteurs dont on doit tenir compte et qui au dernier moment peuvent annuler n'importe quel accord, qui possèdent des agents partout - agents sans scrupule qui poussent à l'assassinat, capables, si nécessaire, de provoquer un massacre. »

L'assassinat du seizième président des Etats-Unis d'Amérique est considéré comme une affaire entendue, sans ombre dans les faits et sans mystère dans les causes. Lincoln, dans le rôle de l'abolitionniste, que les Noirs vénéraient comme une idole, mais que les riches et forcément odieux propriétaires terriens, les esclavagistes des Etats du Sud, tenaient pour leur ennemi mortel, fut tué d'un coup de feu au cours d'une représentation dans un théâtre de Washington par John Wilkes Booth, un acteur de vingt-six ans jouant à la perfection le rôle du partisan fanatique de l'esclavage. Le meurtrier fut tué par des soldats alors qu'il était en fuite et qu'il se cachait, la jambe cassée, dans une remise entièrement cernée par la troupe. Ses complices, et tous ceux qui l'avaient aidé d'une manière ou d'une autre, et tous ceux qui avaient participé à l'attentat perpétré le même jour contre William H. Seward, ministre des Affaires étrangères de Lincoln, ainsi qu'à l'attentat projeté contre le vice-président Andrew Johnson, furent condamnés à de lourdes peines et quatre d'entre eux furent pendus. Un des plus célèbres crimes de l'histoire américaine sembla avoir reçu son juste châtiment. Ce n'est que bien plus tard que l'on remarqua certains faits restés mystérieux ainsi que des contradictions dans l'enquête, la procédure et le récit de la poursuite de l'assassin. La confrontation de ces indices fit apparaître une version différente de l'attentat, que révéla l'historien américain Théodore Roscoe dans un livre publié en 1959, La toile d'araignée de la conspiration - La trame du complot. Deux ans plus tard, en 1961, on trouva par hasard chez un antiquaire de Philadelphie un livre qui avait appartenu au général Lafayette C. Baker, ancien chef de la police secrète à l'époque de Lincoln, et dans lequel il avait écrit et signé, à la date du 2 mai 1868 : « Je serai perpétuellement pourchassé. Ce sont des professionnels. Je ne peux pas leur échapper. » Baker parle ensuite de l'affaire Lincoln sous une forme allégorique. « Dans la Rome nouvelle, il y avait trois hommes : un Judas, un Brutus, et un espion. Quand l'homme tombé fut sur son lit de mort, Judas vint et rendit les honneurs à celui qu'il haïssait. Et quand il vit qu'il était mort, il dit : ? A lui maintenant l'éternité. Mais la Nation, je l'ai ! » Baker termina l'annotation par cet aveu : « Quelqu'un devrait se demander ce qu'était devenu l'espion - ce fut moi, Lafayette C. Baker, 2 mai 1868 ». Peu de temps après, le général Baker fut retrouvé mort, victime du poison.

Ces aveux d'outre-tombe désignait Edwin M. Stanton, le ministre de la Guerre du gouvernement Lincoln, comme le personnage incarnant Judas, car il s'était incliné devant la dépouille mortelle du président Lincoln en prononçant ces mots : « Maintenant il appartient à l'éternité ». Un des aspects les plus troublants du meurtre de Lincoln réside dans le fait suivant : l'après-midi du 14 avril, Lincoln demanda à son ministre de la Guerre de désigner comme garde du corps pour la soirée au théâtre le major Eckart, un homme dévoué et compétent qui avait toute la confiance du président des Etats-Unis. Mais Stanton prétendit que le major Eckart n'était pas disponible ce soir-là, ce qui était faux. Stanton remplaça le major Eckart par l'agent Parker, un ivrogne qui abandonna son poste, ce qui permit à l'assassin de pénétrer dans la loge présidentielle sans être dérangé... Une fois, l'assassin assassiné, on trouva sur lui le journal qu'il avait tenu pendant la période précédant l'attentat. On remit cette pièce à conviction au ministre de la Guerre. Mais ce journal ne fut jamais invoqué lors du procès des conspirateurs. Quelques années plus tard, le général Lafayette C. Baker affirma devant une commission d'enquête du Congrès, qu'il avait remis le journal de Booth au ministre de la Guerre, son supérieur hiérarchique, mais quand ce dernier lui restitua le document, il y manquait plusieurs pages. Stanton prétendit que des pages manquaient quand il reçut le journal, lesquelles faisait partie du passage où était relatés les événements qui avaient précédé l'assassinat de Lincoln...

Un des hommes-clés de la conspiration, John Surrat, avait pu prendre la fuite, d'abord au Canada, ensuite en Angleterre, en Italie et jusqu'en Egypte. Quand il fut enfin arrêté, extradé et traduit en justice, le procès tourna court pour cause de prescription, alors que sa mère, Mary Surrat, avait, quant à elle, été pendue pour complicité avérée de ce crime...

Ce que Spielberg ne dit pas non plus dans son film, c'est qu'une fois le conflit terminé, il restait à régler les comptes, en particulier avec les créanciers, la plupart représentés par la Maison Rothschild. Abraham Lincoln avait eu l'idée de faire imprimer sous la seule autorité du Trésor public un « Billet d'Etat », le Greenback, susceptible d'être utilisé pour rembourser les énormes dettes de guerre. Son assassin, John Wilkes Booth, Juif lui-même, rencontra des dirigeants du B'naï B'rith le 14 avril 1865, le jour même de son crime (Source : Emmanuel Ratier, Mystères et secrets du B'naï B'rith, Ed. Facta, Paris, 1993, page 40). Le successeur de Lincoln, le vice-président Andrew Johnson, s'empressa de supprimer l'émission de ces « Billets d'Etat », pour le plus grand profit des créanciers qui n'entendaient pas être remboursés par une monnaie gagée sur la seule bonne mine du président des Etats-Unis. Le Times de Londres commentait en ces termes cette réforme monétaire : « Si cette politique malicieuse qui a son origine dans la République d'Amérique du Nord devait devenir à la longue une réalité tangible, alors ce gouvernement pourra fournir sa propre monnaie sans coût. Il paiera ses dettes et sera sans dette. Il aura tout l'argent nécessaire pour subvenir à son commerce. Il deviendra prospère au-delà de tout ce qui a été vu jusqu'ici dans l'histoire des gouvernements civilisés du monde. Le savoir-faire et la richesse de tous les pays iront en Amérique du Nord. Ce gouvernement doit être détruit ou il va détruire toutes les monarchies de la planète. » (Source : David Icke, Human Race Get Off Your Knees : The Lion Sleeps No More, David Icke Books Ltd. Isle de Wight, UK, 2010, page 92) La conclusion était bien sûr trompeuse : cette réforme monétaire devait être détruite parce qu'elle allait à l'encontre des intérêts de la Maison Rothschild, propriétaire du vénérable journal londonien, et non par amour des monarchies de la planète, dont les Rothschild étaient les ennemis jurés.

Sa fin dramatique permit de renforcer la légende toujours actuelle qui dépeint Lincoln comme un homme épris de liberté, prêt à déclencher une guerre pour la bonne cause, à savoir libérer les esclaves noirs d'une odieuse servitude. Pourtant, Lincoln précisa ses objectifs de guerre dans les termes suivants : « Mon but principal dans ce combat est de sauver l'Union et pas de détruire l'esclavage. Si je devais sauver l'Union sans libérer un seul esclave, je le ferais ; si je devais sauver l'Union en libérant tous les esclaves, je le ferais ; et si je devais sauver l'Union en en libérant certains et en abandonnant les autres, je le ferais aussi. »

La guerre de Sécession, guerre civile conduite par des Américains contre d'autres Américains, inaugura le concept de guerre totale, avec un armement jamais utilisé jusque-là : grenades à main, fusées, mines, mitrailleuses, torpilles, mines marines, cuirassés, trains blindés, balles explosives, lance-flammes et même des sous-marins. Les armées du Nord appliquèrent la tactique de la terre brûlée et les populations civiles furent l'objet de représailles, voire de massacres de masse, n'épargnant ni les femmes ni les enfants. L'argent, autrement dit le nerf de la guerre, coulait à flots pour mener l'œuvre de destruction massive nécessaire à l'émergence d'un monde nouveau dans le Nouveau Monde. Et ce monde nouveau, prémisse d'une ambition véritablement planétarienne, le baron Pierre de Coubertin, rénovateur des Jeux Olympiques, l'avait anticipé en 1898 déjà : « Que l'Europe ne s'illusionne pas. La pensée transatlantique s'est formée en dehors d'elle et contre elle, c'est là une faute qui n'est plus réparable et qui pèsera terriblement sur l'avenir. L'histoire des Etats-Unis nous montre que le peuple américain a l'instinct de la domination et les moyens de l'exercer, et nous sommes pour lui ce que furent pour Rome la Grèce et l'Egypte : les pays du passé. »