Traduction copyleft de Pétrus Lombard pour Alter Info

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Dans un article récent, « La puanteur de l'hypocrisie étasunienne » je constatais que les responsables publics et les médias montent sur leurs grands chevaux au sujet de la primauté du droit en Birmanie au moment où, ici, l'abolition du principe de légalité se fait en douce. Le Zunien aime bien s'en prendre à des étrangers pour les turpitudes de son pays. À vrai dire, l'hypocrisie est devenue une singularité de chez nous.

L'hypocrisie est si banale ici aujourd'hui qu'on ne la remarque plus. Voyez la star de rugby zunien Michael Vick. Lors d'un match récent, dominant totalement le jeu, Vick a marqué 6 essais. Sa performance ayant atteint de nouveaux sommets d'adulation, la Radio publique nationale s'est montrée épatée du fait que le public sportif ne faisait pas montre d'une attitude plus ferme envers un bourreau de chiens qui a croupi un an et demi au bagne pour avoir monté des combats canins.

Je n'approuve certes pas la maltraitance animale. Seulement, où est l'indignation à l'égard de la torture perpétrée par le régime ? Comment le régime peut-il emprisonner quelqu'un pour sévices canins, tout en faisant l'autruche devant la torture perpétrée sur des individus par ses membres ?

D'après le droit international et local, torturer des êtres humains est un crime. Or, la magistrature fédérale ferme les yeux et autorise même que des aveux bidons, extorqués sous la torture, servent de pièces à convictions au tribunal ou, dans les tribunaux militaires, à emprisonner pendant plusieurs années des gens en se fondant sur rien de moins que leur auto-incrimination forcée sous la torture.

Comparez par exemple les sévices canins de Vick au traitement de l'« enfant soldat » canadien Omar Khadr par le régime. Khadr, seul survivant du pilonnage et d'une frappe aérienne contre une position taliban, avait 15 ans en 2002, au moment où il a été capturé en Afghanistan. Quasiment mort, il avait des blessures aux yeux, à l'épaule et deux balles dans le dos. Les Zuniens l'ont accusé d'avoir jeté une grenade lors de l'affrontement militaire ayant entraîné la mort d'un des leurs.

Comme il n'y avait aucun témoin pour étayer cette accusation, Khadr a été soumis à la torture. Il a été battu, privé de sommeil, laissé pendu avec les bras enchaînés au-dessus de la tête, encapuchonné et terrorisé par des chiens. Le National Post canadien (6 novembre 2010) rapporte : « Le tortionnaire en chef de Bagram a admis avoir dit à l'adolescent que, s'il ne collabore pas, il ira dans une prison de Zunie et sera violé par une bande de noirs jusqu'à ce qu'il meure. »

En dépit de cela et de toutes les autres preuves montrant que Khadr a été contraint sous la torture de reconnaître avoir tué un soldat zunien lors de la confrontation militaire qui l'a laissé presque mort, le juge militaire, le colonel Patrick Parrish, a statué que ses « aveux » avaient été faits librement et pouvaient servir au tribunal pour le condamner.

L'incrimination de Khadr est une invention. Nous ne savons pas s'il combattait ou s'il se trouvait simplement là au moment de l'assaut zunien. Khadr est accusé de « meurtre en violation des lois de la guerre. » Ce genre de crime n'existe pas. Les soldats, les ennemis qui se combattent, ne sont pas jugeables parce qu'ils se tuent entre eux. Puisque les Zuniens avaient tiré ce « crime » de leur chapeau, ils avaient absolument besoin que Khadr plaide coupable. Peu de temps avant le « procès, » Khadr a été informé que, s'il ne plaidait pas coupable et se soustrayait à ce témoignage, il serait maintenu indéfiniment en prison sous la torture en tant que combattant ennemi.

C'est un comportement de l'Allemagne nazie. Quand les tribunaux allemands libéraient des victimes de fausses accusations nazies, la Gestapo les arrêtait simplement au moment où elles quittaient le palais de justice et les envoyait en camp ou en prison.

À la dernière minute, de nouvelles accusations surgies de nulle part ont aggravé le dossier inexistant de Khadr. Il a été forcé d'admettre avoir tué deux soldats afghans et de renoncer à son droit de poursuivre ses geôliers pour torture. Au tribunal, le colonel Parrish a souligné à maintes reprises que, de son propre gré, Khadr avait admis librement sa culpabilité. En d'autres termes, Parrish a berné le tribunal en faisant croire qu'une confession extorquée est « volontaire. » C'est typique chez les procureurs zuniens.

Dans un éditorial percutant, « Staline aurait été fier, » le National Post indique : « voilà assurément un procès spectacle (show trial)... Ils auraient pu lui faire avouer qu'il pilotait simultanément les quatre avions détournés du 11/9, et il l'aurait fait. »

Le National Post poursuit en disant que ces techniques de torture staliniennes, qui « ont inspiré les procédures standards en vigueur à Abou Ghraib, Bagram, Guantanamo et dans des sites secrets, n'ont pas été conçues pour tirer la vérité au clair. Elles ont été mises au point pour produire de faux aveux. »

Le régime a besoin de faux aveux pour maintenir dans la population bernée la peur des terroristes et pour cacher la vérité de sa torture criminelle.

S'il est possible qu'une affaire soit plus grave, voyez le cas du Dr Aafia Siddiqui, une jeune zunienne formée aux neurosciences. Lisez l'exposé du 12 février 2010 de Yvonne Ridley sur Cageprisoners.

Siddiqui et ses trois jeunes enfants ont été enlevés. Siddiqui a été torturée et maltraitée par des Zuniens et leurs guignols pakistanais simplement parce que Khalid Sheikh Mohammed, l'oncle de son deuxième mari selon Wikipedia, a mentionné son nom lors de l'une de ses 180 séances de waterboarding [joyeuseté simulant la noyade]. Cela évoque en moi des récits de dissidents soviétiques qui, sous la torture du KGB, essayaient de se souvenir de noms sur des pierres tombales pour les donner aux autorités, et, quand ils ne le pouvaient pas, ils citaient tous les noms qui leur revenaient en mémoire.

Les jeunes enfants de Siddiqui sont apparemment toujours portés disparus. Lors de sa détention, selon toute apparence après avoir réussi à s'emparer de son fusil et l'avoir dirigé vers lui, Siddiqui a reçu dans l'estomac une balle tirée par un soldat. Cette histoire absurde a suffi au juge fédéral Richard Berman pour la condamner à une peine de 86 ans de prison pour agression avec arme mortelle et tentative de meurtre contre un membre du personnel zunien. Manifestement, Berman sait d'où provient ce qui est bon pour lui, et ce n'est pas de la justice.

Nous avons emprisonné Michael Vick pour sévices canins. Or, les fonctionnaires John Yoo et Jay Bybee du ministère de la Justice, en étroite collaboration avec la Maison Blanche de George W. Bush et du bureau du vice-président Dick Cheney, ont fabriqué l'argument selon lequel les lois locales et internationales contre la torture ne s'appliquent pas au président zunien. L'Office of Professional Responsibility du ministère de la Justice a constaté que Yoo et Bybee ont violé les normes professionnelles. Seulement, David Margolis, un fonctionnaire du ministère, a réduit l'accusation à « usage de mauvais jugement. » Cela en dépit du fait que Yoo a réellement affirmé à l'enquêteur de l'Office of Professional Responsibility qu'en tant que commandant en chef, Bush est doté du pouvoir d'ordonner un massacre de masse de civils, unilatéralement, sans obligation de recourir au droit.

Vick ne s'en est pas tiré pour « usage de mauvais jugement. » Dans la justice zunienne, torturer un chien est un crime plus grave que torturer des gens.

Chez nous, si vous torturez un chien, vous aller directement à la case prison sans toucher les 200 roupies, mais si vous êtes membre du régime, vous êtes en capacité d'autoriser la torture et, en récompense, vous êtes nommé professeur de droit à Berkeley, dans l'université « libérale » de Californie (Yoo), et à la magistrature fédérale (Bybee).

Avec un nombre de criminels connus aussi grand en circulation dans l'exécutif, qu'est-ce que trafique la députation pour lobbyistes, alias le Congrès ? Elle dénigre Charles Rangel, le député noir de Harlem.

Qu'a donc fait Charles Rangel ? Se serait-il livré à des actes encore plus odieux que la torture, le viol et le massacre, perpétrés par des responsables du pouvoir exécutif ? Non. Rangel a aidé une école à récolter de l'argent. Et, comme l'école va prendre son nom, il aurait « personnellement bénéficié » de l'usage de l'influence de son bureau en aidant cette école à récolter des fonds. Rangel a aussi commis un autre délit grave. Il a pris comme bureau de campagne un appartement de New York destiné uniquement à l'usage résidentiel. Par-dessus le marché, Rangel a omis de payer l'impôt sur le loyer d'un appartement en copropriété en République Dominicaine, très probablement une somme insignifiante qu'a pu ignorer devoir un homme de 80 ans débordé par son travail exigeant.

Du fait de ces « graves forfaits, » le Comité des règles de la Chambre a conclu que Rangel a jeté le discrédit sur la Chambre des députés.

Je veux dire, combien de ces faits pourraient selon vous être vraiment de moindre conséquence que les transgressions de Rangel ? Nous avons un Congrès acheté et payé par les lobbyistes, dont chaque vote est déterminé par eux à travers les contributions de campagnes qui profitent financièrement aux députés et sénateurs. Avec tout ça, Rangel serait coupable d'avoir aidé une école à récolter des fonds ?

Nous avons un Congrès qui a été déchu de son pouvoir de déclarer la guerre et se retrouve complice tandis que, non seulement le président usurpe son pouvoir, mais aussi, en se fondant sur des mensonges et des tromperies, utilise ce pouvoir illégitime pour commettre des crimes de guerre en lançant des agressions flagrantes.

Nous avons un Congrès qui ferme les yeux sur les actes criminels du président, du vice-président et de l'exécutif, notamment sur les violations des lois sur la torture, des lois contre l'espionnage sans mandat des citoyens, et sur les violations de toutes les protections juridiques de la Déclaration des droits, depuis le droit à la vie privée jusqu'à l'habeas corpus.

Grâce à la « guerre contre le terrorisme, » les principales caractéristiques du nouveau système juridique de Zunie sont la contrainte à l'auto-incrimination et la détention illimitée sans inculpation ou l'exécution sans accusation ni preuve.

La Zunie « de la liberté et de la démocratie » a ressuscité le système juridique d'un Âge des Ténèbres.

Donc, pour avoir aidé une école, Rangel est dépouillé de ses moyens de présidence et censuré par un Congrès soudoyé et à la botte. L'impression est que Rangel doit avoir fait un truc bien plus terrible, comme critiquer les guerres illégales ou le pillage du contribuable par les banksters. À moins que nous soyons tout simplement devant une histoire de Blancs se liguant contre un Noir ?

Avec les banksters malfaiteurs super-riches grâce à leurs agents installés au Trésor zunien, aux organismes de réglementation et à la Réserve fédérale qui échappe à toute supervision, sur quelle tête tombe le règlement ? Il s'abat sur des jeunes de 13 ans qui vendent des petits gâteaux dans les parcs publics.

Dans le comté de Westchester de l'État de New York, Michael Wolfensohn, conseiller municipal de New Castle, a appelé la police parce qu'Andrew DeMarchis et Kevin Graff, des jeunes de 13 ans, vendaient des petits gâteaux, des biscuits, des carrés de chocolat et du Rice Krispies dans un parc de Chappaqua. Ces morpions sont coupables de vente sans licence sur le domaine public.

Les enfants gagnaient environ 100 dollars par jour et faisaient le rêve capitaliste de fonder une entreprise. Mais la réglementation les a refroidis. Une licence coûte entre 150 et 350 dollars pour à peine deux heures et, en plus, un certificat d'assurance d'un million de dollars est exigé.

Voilà des banksters qui, avec les contributions de campagne, et qui sait combien de pots-de-vin, ont pu acheter l'abrogation de la réglementation bancaire de l'époque de la dépression, et qui par-dessus le marché s'en tirent à bon compte après avoir dérobé le financement de leur renflouage par le contribuable et ses pensions de retraite. Mais l'entreprise de petit gâteau de deux jeunes de 13 ans est définitivement fermée.

Que penser des 300 millions de zèbres qui ne voient aucune hypocrisie dans tout ça ?

Y a-t-il déjà eu populace plus évaporée ?