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Oubliés les flonflons de l'alternance, reste la situation quasi inextricable dans laquelle s'enfonce l'hexagone sous le regard fuyant et résigné des têtes d'affiche de l'Exécutif...

Le moral des français est en berne. C'est en tout cas ce que semble indiquer le baromètre BVA Axys Consultants pour BFM TV, BFM Business et Challenges, publié le jeudi 7 mars qui nous gratifie d'un chiffre éloquent et inédit : 75% des français seraient moins confiants dans l'avenir.

Signe que l'on est au bout des illusions, le modèle social que le monde entier - à l'exception de la Scandinavie - nous envierait dit-on depuis des lustres, se lézarde de toute part. Au point que 54% de nos concitoyens selon la même source, avoueraient d'avantage tabler sur une réduction du nombre des fonctionnaires et une aggravation de la mise à mal du service public pour réduire les déficits que sur une augmentation des prélèvements. Lesquels ont tout de même la faveur présumée de 8 % des sondés...Avant sans doute qu'ils décident de rendre leurs passeports et de se faire la malle ?

Cette sinistrose est bien entendu à inscrire d'abord au passif de l'inexorable hausse du chômage. 10 ans d'éloignement des affaires n'ont pas permis aux « socialistes » hormis une déclinaison à l'infini de la notion d'emplois aidés, de mener la moindre réflexion novatrice sur ce sujet douloureux.

La mondialisation, arme de destruction massive de l'emploi industriel dans notre pays, n'a trouvé aucun relais digne de ce nom quoi qu'on en dise, du côté des services à forte valeur ajoutée d'intelligence. Les jeunes qui en disposent et veulent la mettre en pratique pour entreprendre, ont la fâcheuse tendance à faire leurs paquets et à aller embaucher sous d'autres cieux. Comment leur en tenir rigueur ?

Et c'est bien sûr sans surprise qu'au 4ème trimestre 2012, le taux de chômage au sens du BIT a atteint dans ce pays les 10,6% de la population active dont 10,2% en France métropolitaine. Pour les 15-24 ans, ceux précisément sur lesquels le Pouvoir compte demain pour résorber les déficits chroniques et réduire l'endettement « souverain » en leur faisant supporter le poids de 40 années de lâcheté politique, la sanction est encore plus cruelle : 25,7% sont sans emploi et recourent en nombre croissant, au soutien social parental voire grand-parental. Du jamais vu.

25% des marchés publics européens entâchés de corruption

Du travail pour nos jeunes ? certes, mais où ? Parce qu'à l'instar de celui des français, le moral des dirigeants des PME tricolores de 10 à 249 salariés, celles sensées créer de l'emploi, a fondu lui aussi pour atteindre son plus bas historique. C'est l'enquête IPSOS du 8 mars pour la Tribune et LCL qui le dit. Le panel de 300 dirigeants sondés dans cette affaire estime que la santé de leur entreprise est au pire de ce qu'ils ont connu depuis la création de l'indice en septembre 92 !

Un constat pas loin d'être recoupé par les conclusions de Markit France, dont les indices sont généralement pris très au sérieux par les marchés financiers.

Le « Markit France Business Activity Index » par exemple, qui se polarise sur une question simple, « l'évolution de votre activité par rapport au mois précédent » n'est pas de nature à redonner confiance : avec un score de 43,7 en février, il est à peine supérieur au plancher historique de janvier 2013 (43,6)

Quant à Cecilia Malmström, Commissaire Européenne aux affaires intérieures, elle n'a rien trouvé de mieux à dire lors du séminaire anti-corruption qui s'est tenu à Göteborg le 5 mars, que 25% des marchés publics européens sont entachés d'actes de corruption. Ça représenterait tout de même 120 milliards d'euros bon an mal an. Quant on connaît « l'avance » prise dans ces pratiques par les lauréats du classement Transparency International pour 2012 (Bulgarie, République Tchèque, Italie, Roumanie et Slovaquie) on se dit que ce n'est pas des grands travaux européens keynésiens que viendra le salut.

Ayant peut être pris conscience de l'appauvrissement généralisée des peuples que laissait craindre pour l'avenir, le triomphe du cynisme et de la cupidité des dirigeants de ses administrées, la Banque Centrale Européenne avait décidé en décembre 2006 de lancer une enquête triennale, la « Household Finance and Consumption Survey » (HFCS) visant à mettre en place une surveillance normalisée au niveau de l'Eurosystème, de l'évolution du patrimoine, notamment financier, et de la consommation des ménages européens.

L'Italie plus riche que la France?

Le lancement de la première enquête de ce type a été approuvé par le Conseil des Gouverneurs de la BCE le 18 septembre 2008. Elle porte sur la situation constatée au cours de l'année 2010. La première publication des résultats d'ensemble de l'enquête devrait intervenir au cours du premier trimestre de cette année. L'année dernière, la BCE a centralisé les résultats des enquêtes nationales et les a validé (cf. Banque de France - Direction Générale des Statistiques du 04/04/2012 : de l'enquête Patrimoine de l'INSEE au Household Finance and Consumption Survey du SEBC - problématique de l'harmonisation »)

Etrangement, à l'exception du Luxembourg, de l'Autriche et contre toute attente, de l'Italie, dont on nous dit qu'elle est a plaindre au point de se donner « des clowns » pour dirigeants politiques (« I bilanci delle famiglie italiane nell' anno 2010 » - N°6 - 25 Janvier 2012 - 142 pages) les états européens font preuve d'une grande timidité pour donner, ne serait-ce que partiellement, leurs premiers résultats. On les comprend ; ils sont de nature à bouleverser les idées reçues et à pousser les peuples européens à un repli nationaliste mesquin : ainsi, lorsque l'enquête transalpine conclut à une richesse moyenne nette médiane de la famille italienne en 2010 de 163 875 euros, l'INSEE (Insee Première n° 1380 de novembre 2011 titrée « les inégalités de patrimoine s'accroissent entre 2004 et 2010 ») arrive pour la même année à un résultat médian de 113 500 euros pour la famille française.

Sûrement des arguments de nature à enrichir - aussi - le répertoire de Giuseppe Piero Grillo lorsque ses fonctions lui laisseront un moment pour remonter sur les planches, dans une nouvelle version de son célèbre « Vaffenculo »...