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Rassemblement sur la place Kim Il-sung à Pyongyang, le 29 mars. | AP/Jon Chol Jin
La Corée du Nord a annoncé samedi 30 mars qu'elle était "en état de guerre" avec le Sud et qu'elle négocierait toutes les questions intercoréennes sur cette base, "selon un protocole adapté". "La situation prévalant de longue date selon laquelle la péninsule coréenne n'est ni en guerre ni en paix est terminée", précise le communiqué diffusé par l'agence de presse officielle nord-coréenne Korean Central News Agency (KCNA).

Il ne s'agit toutefois en aucun cas d'une déclaration de guerre. Techniquement, les deux Corées sont d'ailleurs toujours en conflit, la guerre de 1950-53 s'étant terminée par un armistice et non un traité de paix.

Le communiqué de samedi avertit en outre que toute provocation militaire près des frontières terrestres ou maritimes entre le Nord et le Sud de la Corée entraînerait "un conflit à grande échelle et une guerre nucléaire".

Le Nord a déjà annoncé au cours des semaines passées qu'il revenait sur l'armistice et les autres traités bilatéraux de paix signés avec Séoul pour protester contre les exercices militaires conjoints de la Corée du Sud et des Etats-Unis. L'annulation du cessez-le-feu ouvre théoriquement la voie à une reprise des hostilités, mais les observateurs soulignent que ce n'est pas la première fois que Pyongyang adopte ce type de position.

"IL N'Y AURA PAS DE GUERRE"

"Ce n'est pas vraiment une nouvelle menace, seulement un élément dans une série de menaces de provocation", a réagi le ministère de l'unification sud-coréen dans un communiqué. Le ministère de la défense du Sud a ajouté qu'aucun mouvement de troupe particulier n'avait été observé près des frontières. Comme le remarque l'une des correspondantes de Bloomberg à Séoul, le ministère de la réunification avait déjà assuré samedi que le parc industriel intercoréen de Kaesong, en Corée du Nord, continuait de tourner normalement. Or, cette zone de contact entre les deux pays, unique en son genre, serait certainement la première affectée en cas de conflit ouvert.

D'après la version Internet en anglais du Chosun Ilbo, un quotidien sud-coréen, un haut responsable du Nord aurait même confié à des agences touristiques chinoises, lors d'une visite à Xian à la mi-mars, qu'"il n'y aura pas de guerre dans la péninsule", encourageant les tour operators à "envoyer autant de visiteurs que possible". Soumis à de sévères sanctions économiques, Pyongyang a en effet grand besoin de liquidités, note le journal.

MENACES QUOTIDIENNES

Depuis le début du mois de mars, le régime nord-coréen multiplie presque quotidiennement les menaces d'attaque contre Séoul et Washington, s'estimant directement menacé par les manœuvres militaires conjointes entamées au début du mois et prévues jusqu'à fin avril par les deux pays.

Le numéro un nord-coréen Kim Jong-un a ordonné jeudi soir aux unités chargées des tirs de missiles de se préparer à frapper les bases américaines en Corée du Sud et dans le Pacifique. L'état d'alerte a été officiellement proclamé lors d'une réunion d'urgence convoquée à minuit, suite au survol du territoire sud-coréen deux bombardiers furtifs B 2 de l'US Air Force en exercice, un geste de mise en garde de Washington.

La Maison Blanche a indiqué vendredi qu'elle prenait "au sérieux" l'annonce de la Corée du Nord. "Nous restons en relations étroites avec notre allié sud-coréen", a déclaré Caitlin Hayden, porte-parole du Conseil national de sécurité. Le ministère russe des affaires étrangères a appelé les deux Corées et les Etats-Unis à faire preuve d'une "responsabilité et d'une retenue maximales."