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Il souffle comme un vent de protestation à Guantanamo. La semaine dernière (le 20 mars, NDLR), vingt-quatre détenus avaient entamé une grève de la faim dans le camp illégal que les États-Unis ont construit sans le consentement du gouvernement de La Havane. La semaine d'avant, ils n'étaient « que » quatorze. « La colère s'amplifie », a finalement dû reconnaître un porte-parole du Pentagone, le colonel Todd Breasseale.Il y a quelques jours, un groupe de cinquante-et-un avocats de détenus de Guantanamo a déclaré qu'une centaine de détenus avait entamé des actions pouvant porter gravement préjudice à leur santé. En cause, la surveillance constante dont ils font l'objet, tout comme la confiscation de leurs biens personnels, y compris des exemplaires du Coran, vécues par les prisonniers comme une véritable forme de persécution.

Les avocats ont écrit le 14 mars 2013 à Chuck Hagel, secrétaire à la défense des États-Unis, pour lui demander d'intervenir dans cette mission délicate. Mais le porte-parole T. Breasseale a démenti l'information, affirmant que le nombre de prisonniers engagés dans une grève de la faim n'était seulement que de vingt-quatre sur les 166 que comptent actuellement le camp de Guantanamo. Le département de la justice a cependant tenu à déclarer que huit détenus étaient dans un état si sévère qu'il fallait les alimenter par le biais d'une sonde nasale.

On se rappelle amèrement la campagne électorale du président sortant. Obama avait d'ailleurs solennellement promis la fermeture de Guantanamo. Or aujourd'hui, ce n'est pas de fermeture qu'il s'agit, mais de travaux. L'idée est de construire de nouveaux bâtiments et de lancer le projet d'un nouvel hôpital, de nouveaux restaurants et de nouveaux locaux pour les militaires en charge de garder ces détenus enlevés un peu partout à travers le monde (« l'extraordinary rendition », pour reprendre l'expression consacrée outre-Atlantique). C'est le site NBC News qui a révélé l'ampleur des travaux prévus : 150 millions de dollars.

« Obama n'a rien dit dans son discours inaugural, il n'a rien dit dans son discours sur l'état de l'Union, il n'a rien dit non plus à propos de la fermeture de la prison », a souligné le général John Kelly, commandant l'US Southern command, et responsable à ce titre des actions militaires étasuniennes en Amérique centrale, en Amérique du sud et aux Caraïbes. En outre, il n'a pas voulu trouver de successeur à Daniel Fried, chargé de mission jusqu'en janvier 2013 à la fermeture de Guantanamo. Tout ceci montre qu'Obama a mis de côté l'idée de fermer le camp une fois le seuil de la Maison blanche franchi. Et malgré les restrictions budgétaires, Washington ne semble pas disposée à économiser quoique ce soit sur Guantanamo, déjà considérée comme la prison la plus chère (par prisonnier) avec un budget de fonctionnement qui avoisinera cette année les 177 millions de dollars. Ce qui signifie que les contribuables étatsuniens paieront en 2013 plus d'un million de dollars pour chacun des 166 prisonniers...