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La CIA se promène partout dans le monde avec son argent, pour déstabiliser les régimes et manipuler les opinions, dans le seul intérêt de la maison mère, les US, ce petit peuple de 300 millions d'habitants qui veut imposer sa loi aux six milliards d'êtres humains que compte la planète. On le sait, mais quand on fait un flag', c'est toujours mieux.

Le flag', c'est l'oeuvre du New York Times qui a publié une excellente enquête expliquant comment, en Afghanistan et depuis 10 ans, la CIA abreuve ses contacts d'argent liquide... Tous ceux qui comptent sont graissés. Le renseignement, ça se paie,... et les coups tordus qui marquent l'opinion ne viennent pas de l'opération du Saint Esprit...

Mardi dernier, Bernard Bajolet, qui vient d'être nommé patron de la DGSE, avait quitté l'ambassade de France à Kaboul par un discours dénonçant la corruption, comme premier défi pour le pays, une corruption notamment « due au fait qu'une grande partie de l'élite a perdu foi dans l'avenir de son propre pays », ajoutant qu'« il n'y aura pas de souveraineté effective tant que l'Afghanistan sera dépendant financièrement ».

L'article du New York Times donne un bon écho à Bajolet, citant un responsable US, qui a reconnu les versements d'argent : «Les Etats-Unis ont été la plus grande source de corruption en Afghanistan». Comme ça, c'est clair.

Ainsi, à côté des envois massifs d'argent fait pour consolider ce « pouvoir ami », il y avait l'argent mafieux de la CIA. Tout en espèces, l'argent arrivait planqué dans des sacs à dos ou des bagages, et était remis au Conseil de Sécurité National, soit le conseil de guerre de Karzaï. Des millions de dollars, et de manière continue pendant dix ans.

Le prétexte avait été de lutter contre l'influence iranienne, l'Iran ayant apporté une aide financière, qui elle était gérée par les instances politiques, comme l'explique le New York Times.

Avec l'argent de la CIA, on est passé à autre chose. D'abord par le montant des sommes, la permanence des flux financiers et l'absence de tout contrôle politique officiel sur l'utilisation. Khalil Roman, directeur de cabinet de Karzaï de 2002 à 2005, explique : «Nous appelions cela l'argent fantôme. Il arrivait en secret, il repartait en secret.»

Le but était simple : garantir le réseau de la CIA.

Première cible, le palais présidentiel à Kaboul. Pas « d'enrichissement personnel », mais de quoi financer tous les serviteurs du Palais.

Abdul Rashid Dostom, de la coalition afghane qui avait combattu les talibans en 2001, a reçu à lui seul près de 100.000 dollars par mois. Voyez ce que représentent ces sommes en Afghanistan.

Ahmed Wali Karzai, le demi-frère Karzai, était payé par la CIA pour diriger la milice Kandahar Strike Force, utilisée pour combattre les patriotes afghans. Il a été assassiné en 2011, et nous avions été invités à pleurer sur la perte d'un défenseur de la liberté.

Ensuite, venaient les chefs de guerre locaux, indispensables pour tenir le pays, liés pour certains au trafic de drogue, et les versements bénéficiaient aussi à ceux des chefs talibans qui sont en contact avec le gouvernement.

Bref, à côté de l'administration d'Etat, la CIA finançait pour son profit une administration corrompue, et donc dévouée.

Tout ceci pour quel résultat ? Un fiasco, avec la guerre civile qui s'annonce après le retrait des troupes en 2014. Revenons au discours de Bajolet :
« Je n'arrive toujours pas à comprendre comment la communauté internationale et le gouvernement afghan sont parvenus à cette situation où tout doit se passer en 2014 : les élections, un nouveau président, les transitions économique et militaire, et tout cela alors que les négociations pour le processus de paix n'ont pas encore vraiment commencé ».
J'ai toujours appris que la corruption est une infraction, et qu'il faut juger ceux qui commettent des infractions. Il reste à souhaiter qu'un procureur US lise de temps en temps le New York Times, et ouvre une enquête. Ca sera surement fait demain, au nom des valeurs de la démocratie et de la liberté...