Coca Cola
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L'Etat de Californie menaçait Coca-Cola d'imposer une mention sur la présence d'un produit cancérogène dans son soda. La firme a décidé de changer sa recette dans le monde entier.

Ce n'est pas la première fois que cela arrive, mais l'événement demeure relativement rare. Coca-Cola modifie la recette de son soda. Pourquoi un tel changement ? A cause du 4-méthylimidazole, ou 4-MEI pour faire court. Il s'agit d'un sous-produit de la fabrication du colorant caramel E150d, utilisé jusqu'ici dans le Coca-Cola. Or ce 4-MEI a été déclaré comme cancérogène par l'Etat de Californie, qui en a abaissé le taux maximum autorisé dans les aliments.

De plus, la Californie impose depuis 2012 un étiquetage spécifique concernant cette molécule. Pour se mettre en accord avec la législation - et pour éviter d'avoir à inscrire sur ses bouteilles la mention : «Attention, ce produit contient des produits chimiques connus par l'Etat de Californie pour causer le cancer, des malformations fœtales ou d'autres troubles de la reproduction» - Coca-cola avait décidé, en mars 2012, de diminuer le taux de colorant dans ses boissons.

Mais la mesure n'a pas suffi. En juin 2012, le Center for Science in the Public Interest, une association de consommateurs américains, avait fait valoir que la concentration en 4-MEI dans le Coca-Cola restait au-dessus du seuil autorisé par le «Golden State». Coca-Cola a alors été obligé de modifier la recette de sa boisson, en changeant la méthode de fabrication de ses colorants. Le changement ne concernait que les bouteilles vendues en Californie.

Ammoniaque et sulfite d'ammonium

Le 4-méthylimidazole est produit lors de la fabrication de colorants caramels par des procédés à base d'ammoniaque ou de sulfite d'ammonium. La Californie est pour l'instant seule à imposer une réglementation aussi stricte sur cette molécule. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), si elle reconnait que la molécule peut présenter un risque cancérogène, précise que le taux de 4-MEI dans les sodas n'est pas dangereux pour les consommateurs. Et si un règlement de la Commission européenne impose bien un taux maximum de 4-MEI dans les aliments, le Coca est en-dessous de ce seuil.

La firme d'Atlanta n'avait donc pas l'obligation de changer sa formule dans les pays de l'Union Européenne. Pourtant, Coca-Cola a décidé de changer de recette pour l'ensemble de sa production. «Nous avons l'intention d'étendre à tous les pays l'utilisation du caramel au process modifié, afin de simplifier notre chaîne d'approvisionnement, nos systèmes de production et de distribution. La mise en œuvre de cette opération est en cours de développement», explique la firme dans un communiqué, tout en précisant qu'elle «désapprouve la décision de l'Etat de Californie d'exiger un étiquetage comportant un message sanitaire pour certains produits contenant des traces de 4-MEI, substance se formant quand certains aliments - incluant le caramel - sont chauffés. Les connaissances scientifiques sur ce sujet ne justifient pas la position de la Californie».

La nouvelle réglementation californienne a eu une autre incidence. En effet, pour sucrer sa boisson, Coca-Cola utilise le sirop de glucose-fructose, fabriqué à partir de maïs. Or la consommation de maïs est interdite pendant Pessa'h, la Pâque juive. En tout cas pour les plus pratiquants. Pour remédier à ce problème, chaque année Coca-Cola fabriquait une version «casher» de son soda, en utilisant un sirop issu de la canne à sucre, à la teneur beaucoup plus élevée... en 4-MEI. Une recette spéciale incompatible avec la nouvelle réglementation. La communauté juive de Californie est donc privée, depuis deux ans, de Coca-Cola casher.