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Un essaim de criquets près de la localité de Sakaraha, au sud-ouest de Madagascar, le 27 avril 2013.
AFP PHOTO/BILAL TARABEY.
Le sud-ouest de la Grande île est ravagé depuis plusieurs semaines par une invasion de criquets. Toutes les cultures de cette partie de Madagascar sont atteintes par une centaine d'essaims. La population déjà bien démunie est menacée de perdre le peu qu'elle pouvait espérer de la future récolte.


Une récente mission de comptage des criquets est parvenue au résultat vertigineux de 500 milliards ! Ce sont donc de véritables nuées de ces insectes volants qui s'abattent sur le sud-ouest de Madagascar. Le temps de se poser et les cultures disparaissent en quelques heures englouties par des mandibules voraces.

En une seule journée, les criquets pèlerins peuvent engloutir jusqu'à 100 000 tonnes de végétation verte : adieu riz, pâtures, maïs, canne à sucre, rien ne les rebute, rien ne les arrête hormis les pesticides. Et justement, des pesticides adaptés à la lutte antiacridienne, Madagascar n'en a pas faute d'argent.

D'ailleurs un plan de lutte mis au point par la FAO avec le ministère malgache de l'Agriculture pour 2013-2016 est resté lettre morte. Il faudrait 17 millions d'euros d'ici juin pour traiter par voie aérienne les millions d'hectares touchés mais, sauf miracle, les criquets ont encore de beaux jours devant eux.

Cauchemar

L'invasion actuelle a commencé en 2009 hélas, faute de financement, elle n'a pas été jugulée. Les insectes ont proliféré et, en février 2013, le cyclone Haruna a créé les conditions favorables qui ont mené à la situation actuelle.

Les spécialistes estiment qu'il y a actuellement une centaine d'essaims sur l'île : un seul d'entre eux comporte des dizaines de millions d'insectes qui forment un nuage noir de plusieurs kilomètres de long se déplaçant au ras du sol à 20 km à l'heure. Un cauchemar pour les agriculteurs pour qui c'est la ruine assurée.

Pour la FAO, dont les experts se sont rendus sur place fin avril, plus de la moitié des 22 millions de Malgaches sont désormais menacés dans leur sécurité alimentaire et nutritionnelle. La situation actuelle est comparable, selon l'agence de l'ONU, à celle de 1997, année de la dernière grande invasion acridienne dont les dégâts avaient été estimés à 60 millions de dollars.