Les effets secondaires des médicaments sont responsables d'au moins dix-huit mille décès chaque année en France, plus que les suicides et les accidents de la route réunis, a indiqué lundi 27 mai le docteur Bernard Bégaud, entendu comme témoin à Nanterre dans le procès du Mediator.

Pharmacie enseigne
© Miguel Medina/AFP
« Il y a chaque année dix-huit mille morts directement liés à la prise de médicaments. Parmi eux, beaucoup de cas sont inévitables, mais un tiers de ces décès correspondent à des prescriptions qui ne sont pas justifiées », a estimé à la barre le professeur, membre de la commission de pharmacovigilance de 1982 à 2000 et co-auteur d'une étude sur le sujet. Par comparaison, en 2012, trois mille six cent quarante-cinq personnes ont été tuées sur les routes, selon les chiffres de la sécurité routière.

Des médecins mal formés en pharmacologie

« La France est un pays qui depuis toujours surveille très mal l'usage des médicaments », a déploré M. Bégaud. Ainsi, le Mediator, à l'origine un antidiabétique, a été largement détourné comme coupe-faim et prescrit dans de nombreux cas à des patients qui souhaitaient uniquement perdre quelques kilos. Quelque cinq millions de personnes en auraient consommé avant qu'il ne soit retiré du marché en 2009, accusé de provoquer des hypertensions artérielles pulmonaires, une pathologie incurable, et des valvulopathies (dysfonctionnement des valves cardiaques).