Alors que la situation en Grèce tourne au désastre dans l'indifférence quasi générale, en coulisse c'est l'heure des règlements de comptes. Dans un document confidentiel publié le 5 juin par le Wall Street Journal (1), le Fonds monétaire international reconnaît des "échecs notables" dans l'élaboration du plan de sauvetage de la Grèce mis en place en 2010 mais rejette la responsabilité des erreurs sur la Commission européenne et les pays européens. Ceux-ci par la voie d'Olivier Rehn (2) l'économiste en chef de la Commission répliquent en accusant, et Dominique Strauss-Kahn et Christine Lagarde d'avoir été aveugles sur la gravité de la situation et d'avoir temporisé.

Qu'est-ce qui a déclenché cette soudaine prise de bec ? Tout simplement, la réalité économique, dans toute sa brutalité : un effondrement du PIB de 20% au cours des quatre dernières années et une dette publique qui fin 2013 reviendra à son niveau de 2011 et fin de 2014 à son plus niveau historique de 2012 (3), ce qui nous fait dire que le plan de restructuration qui permit d'effacer 48 milliards € sur un total de 355 milliards € n'aura donc servit strictement à rien.

Cet immense gâchis n'était pas une fatalité, il fut la conséquence inévitable d'un double choix : Il fallait empêcher à tout prix la Grèce de sortir de la zone euro et aussi et surtout il fallait sauver les banques créancières de l'Etat grec.

Sur la cécité, de nos hommes politiques lorsqu'il est question de l'Euro, tout a été dit ou presque, inutile de s'étendre là-dessus. S'il n'y avait que çà, l'Histoire un jour se bornerait à parler de faute, faute impardonnable mais faute tout de même.

Mais quid du sauvetage des banquiers privés ? Pour illustrer mon propos, il est une statistique que chacun de nous devrait garder à l'esprit : En 2011, donc avant le plan de restructuration, seulement 36% de la dette grecque était détenue par des institutions relevant du contribuable européen, en 2015 cette part s'élèvera à 85% (4). Une dette que la Grèce ne remboursera jamais, une faillite dont chacun de nous supportera les conséquences à la place de la BNP, de la Deutsche Bank, du Crédit Agricole,....etc.

Peut-on encore parler de faute ? Certains diront escroquerie et même crime, mais c'est aux historiens et pourquoi pas aux juges qu'il appartient un jour de trouver le qualificatif le plus adéquat.

Quant à Christine Lagarde, qui en tant que Ministre de Finances du plus gros détenteur de dette grecque puis en qualité de Directeur du FMI, a été l'un des principaux architectes de ce faux plan de sauvetage de la Grèce mais vrai plan de sauvetage des banques, je ne lui posera qu'une seule question ? Forte de son expérience sur le dossier Tapie à combien évalue-t-elle le préjudice du peuple grec en proie au chômage de masse, aux épidémies et à la tentation du suicide.