"Je n'aurais jamais imaginé qu'un policier en uniforme puisse me tirer sur le visage."
L'image de son œil tuméfié choque. Giuliana Vallone, photographe du quotidien brésilien la Folha de Sao Paulo, a été visée par un tir de balle en caoutchouc alors qu'elle couvrait une manifestation contre la hausse du prix du ticket de bus à Sao Paulo, jeudi 13 juin.

Dans un reportage de 12 minutes, le journal s'interroge sur l'utilisation de la violence par la police lors des manifestations. Le récit de journalistes, agrémenté d'interviews et d'images des policiers dans les mouvements de contestations, pose l'hypothèse d'un manque de préparation des forces de l'ordre et de la démesure de leur réaction.

"J'ai vu des policiers mettre à terre un cycliste qui ne manifestait même pas", raconte encore Giuliana Vallone. Un éditorialiste de la Fohla les accuse de manque d'entraînement : "Ils n'étaient pas préparés à gérer une situation aussi tendue."

Comme cette photographe, une quinzaine de journalistes auraient été blessés dans ces manifestations, dont sept du même journal. "Dès que des journalistes s'approchaient, ils pointaient leurs pistolets et leur criaient de s'en aller", poursuit Giuliana Vallone qui raconte comment elle s'est retrouvée face à celui qui lui a tiré sur le visage. Un représentant de la police dément que la police ait cherché à empêcher les journalistes de faire leur travail.

"Ces cons nous filment"

Des images montrent tout de même certains policiers regrettant les moyens de prise d'image déployés sur les manifestations. "Ces cons nous filment", lâche l'un d'eux à son collègue.

Le reportage laisse aussi sous-entendre que certains policiers ont cherché à cacher leur identité en retirant les insignes portant leur nom. Une pratique que désapprouve le représentant de la police interrogé. "L'anonymat n'est bon pour aucun des camps", affirme-t-il, alors que défilent les images de policiers prêts à agir, sans leur insigne.

Selon la Fohla, une centaine de personnes auraient été blessées le 13 juin. Mercredi 19, le gouvernement a décidé de renforcer son dispositif de sécurité en envoyant la police d'élite dans cinq villes.