C'est ce qui fait avancer Christophe Lemaitre aujourd'hui. Victime de harcèlement scolaire pendant son enfance, le sprinteur s'en est servi pour trouver la motivation de réussir.

Pour autant, la plupart des victimes de brimades en portent encore les traces bien après leur enfance, comme le suggère cette étude publiée dans le journal Psychological Science.

Devenues adultes, ces personnes qui ont été autrefois harcelées ont plus de risques d'avoir des problèmes dans leurs relations sociales que les autres. Mais aussi plus de problèmes financiers et de santé. En effet, deux scientifiques en psychologie et psychiatrie Dieter Wolke et William E. Copeland ont mené avec leur équipe une enquête abordant tous les types de répercussions que peuvent connaître les victimes de harcèlement quand elles deviennent adultes. Ils se sont aussi intéressés aux personnes responsables des persécutions et ceux qui ont été à la fois victimes et bourreaux.

Bourreau et victime à la fois: les plus mauvais chiffres

Ces trois différents groupes partagent plusieurs difficultés similaires quand elles arrivent à l'âge adulte. Certains symptômes sont même assez étonnants. Notons qu'il a fallu suivre plus de 1400 participants entre leur neuvième et seizième année puis entre leur vingt-quatrième et vingt-sixième année pour arriver à établir ces statistiques.

Selon ces dernières, les personnes ciblées par l'enquête ont un risque deux fois plus élevé de faire face à des difficultés pour conserver leur travail ou d'épargner contrairement à ceux qui n'ont pas été impliqués dans des faits de harcèlements. Plus encore, elles ont une plus grande tendance à se retrouver en situation de pauvreté quand elles sont devenues de jeunes adultes.

Mais les chiffres sont plus surprenants en ce qui concernent les personnes qui ont joué les deux rôles: intimidateurs et victimes. Celles-ci ont ainsi six fois plus de risques d'avoir une maladie sérieuse. En outre, elles ont plus de risques que les autres de devenir des fumeurs réguliers et de développer des troubles mentaux.

Des conclusions qui mettent en évidence que cette catégorie est la plus vulnérable. Les scientifiques en déduisent que les bourreaux, après avoir été eux-même victimes, n'ont pas eu le réflexe émotionnel nécessaire pour surmonter cet épisode ou ont manqué de soutien psychologique.

Le harcèlement en France

Le problème du harcèlement scolaire n'est pas qu'une inquiétude anglo-saxonne. Ce phénomène touche aussi les cours de récréations en France: 11,7 % des enfants avouent avoir été victimes de harcèlement, d'après l'Observatoire de la violence à l'école pour l'Unicef. Violences physiques, insultes verbales, moqueries, ces agressions sont de toutes sortes. C'est quand elles deviennent fréquentes que l'on parle de harcèlement.

En détail, 16% des enfants sont parfois affublés d'un prénom méchant, 25% ont été injuriés et 14% ont fait l'objet de rejet. Coté violence physique, 17% ont déjà été frappés souvent ou très souvent.

Cette étude est l'occasion pour le scientifique Dieter Wolke d'alerter l'opinion:
Cette étude montre comment le harcèlement peut se diffuser quand il n'est pas contrôlé. On a besoin de nouveaux outils pour que des experts puissent identifier, contrôler et résoudre la question du harcèlement. Le défi auquel nous devons faire face maintenant est de trouver le temps et les ressources pour mettre fin au harcèlement.