François Hollande
© Ivan Sekretarev/APFrançois Hollande, hier en clôture du G20.
L'Élysée estime que l'opinion sera, quoi qu'il arrive, contre une intervention militaire en Syrie. Mais cela ne devrait pas faire changer d'avis le chef de l'État qui s'en remet au Congrès américain et aux experts de l'ONU.

Les sondages d'opinion hostiles à 68% à une intervention militaire en Syrie feront-ils changer François Hollande d'avis ? Non, assure-t-on à l'Élysée au lendemain du G20 de Saint-Pétersbourg. «L'opinion ? Elle sera défavorable jusqu'au bout», prévoit-on dans l'entourage du chef de l'État: «que l'opinion soit contre, c'est normal. Quand on vous interroge pour savoir si vous êtes pour la guerre, vous dites non !» Et puis il y a l'expérience passée, l'Irak, la Libye, «la lassitude et la peur de l'engrenage». Tous ces arguments, le président de la République les a entendus dans la bouche de ses partenaires du G20. Mais cela n'a pas changé sa décision d'un iota.

Si François Hollande décide de partir en guerre - uniquement si les États-Unis y vont - c'est parce que «la France a des responsabilités, des capacités militaires et un siège permanent au Conseil de sécurité», et qu'une «violation aussi patente du droit international» appelle une réaction militaire. «Le massacre chimique» du 21 août qui a fait des centaines de morts a changé la donne. «Avec l'utilisation d'armes chimiques, du sarin d'après nos informations, le conflit a changé de nature. On ne peut pas laisser passer ça» ajoute-t-on à l'Élysée.

En marge d'un déplacement à Nice, le président a annoncé samedi qu'il s'adresserait aux Français après le vote du Congrès américain, le rapport des experts onusien et «une éventuelle saisine des Nations unies».

Le vote au Parlement réclamé par l'opposition «n'est pas à l'ordre du jour» en raison de l'obstruction «partisane» de l'opposition, précise en revanche l'Elysée. Un vote «n'aurait de sens que si un consensus se forme» parmi les députés. «On verra après le vote du Congrès américain et après le rapport des inspecteurs: ce qui compte, ce sont les positions une fois qu'on a tous les éléments» explique l'entourage du chef de l'État. «Dire que l'on veut une solution dans le cadre du Conseil de sécurité alors que celui-ci est bloqué, cela revient à laisser faire....»

Mercredi, Ayrault a été «bon», Le Drian «excellent»

Lors du débat à l'Assemblée, le chef de l'État a trouvé «Jean-Marc Ayrault bon» et le ministre de la Défense Le Drian «excellent». Décidé à entrer en guerre, si le Congrès donne son appui à Barack Obama, François Hollande a prévenu: la guerre sera courte, avec des frappes ciblées, sur ces cibles militaires. Autrement dit: il n'est pas question de viser le palais présidentiel. «Il s'agit d'affaiblir le régime, sans faire de victimes civiles» insiste-t-on.

Sur les chances d'un vote favorable au Congrès, François Hollande s'en remet aux informations que lui a données Barack Obama au G20. «La confiance du Sénat semble acquise», mais pour le reste «ce n'est pas joué, la Maison-Blanche y travaille». Le soutien politique apporté par 11 membres du G20 à une «action internationale forte», qui inclurait des frappes militaires, «est un facteur important» pour obtenir le soutien des élus américains. Sans triomphalisme toutefois. «Le but ce n'est pas de compter qui est pour qui est contre», la question c'est «de préserver la paix ou non». «Laisser un dictateur faire la guerre à son peuple, c'est ouvrir la portes à toutes les atrocités, c'est mettre la planète en danger» a mis en garde François Hollande à l'issue du G20. Dire que l'opposition aussi utilise des armes chimiques, comme le prétend Vladimir Poutine, «c'est farfelu».

Et si le Congrès vote non ? La France n'ira pas en guerre seule. François Hollande l'a dit et répété. «La France amplifiera son soutien à la coalition syrienne», mais ce sera «grave», car cela signifierait qu'un «dictateur qui massacre 1500 personnes avec des armes chimiques n'aurait aucune sanction et que d'autres dictateurs pourraient le faire en toute impunité».