L'abréviation anglaise « NEET » est un homonyme de la négation russe « niet » (non), et en principe le sens des deux mots s'y ramène. Le premier, introduit par le gouvernement britannique et repris par le lexique statistique d'autres pays d'Europe, signifie la jeunesse exclue dans le contexte de crise : « Not in Education, Employement or Training » (Ni instruction, ni emploi, ni formation).

« C'est la plus récente de la longue série d'informations effrayantes : le nombre des chômeurs parmi les jeunes a représenté en Italie 39 %, établissant ainsi un nouveau record. » C'est par cette constatation peu réjouissante que le journal allemand Neues Deutschland commence son article titré « la génération perdue de l'Europe ». En publiant ces « informations effrayantes », le périodique avait en vue les nouvelles données statistiques publiées ces jours-ci par l'Eurofound (Fonds européen d'amélioration des conditions de vie et de travail).

L'avenir de l'Europe, indique le rapport du Fonds, dépend de ces 94 millions d'habitants âgés de moins de 24 ans. C'est sur eux que reposera la responsabilité de la prospérité des générations de leurs aînés. Mais ce qui est particulièrement injuste, c'est que se sont précisément les jeunes qui sont frappés par la crise, concluent les experts d'Eurofound.

D'après le fonds, l'Union européenne compte 7,5 millions de jeunes gens de 15 à 24 ans et 6,5 millions de 25 à 29 ans, évincés à la périphérie du marché européen de l'emploi et de l'instruction. Ce sont ceux qui forment la catégorie sociale « NEET ».

Comme l'apprend Neues Deutschland, la Commission Européenne étudie actuellement le projet de ce qu'on appelle une « garantie pour les jeunes ». Son but est d'assurer à chaque jeune de moins de 25 ans une possibilité d'obtenir un emploi en l'espace de 4 mois après la fin des études ou une perte d'un emploi. Mais où en trouver, si, disons, en Espagne ou en Grèce, le chômage parmi les jeunes dépasse 50 %, s'interroge le journal.

Oleg Barabanov, chef de la chaire de la politique de l'UE et du Conseil de l'Europe du MGIMO critique les actions des fonctionnaires à Bruxelles.

« L'Union Européenne a adopté un programme spécial censé optimiser la politique de l'emploi, y compris parmi les jeunes, - dit le professeur. Mais de l'avis de la plupart des experts, ce programme a échoué. Et ensuite la crise a éclaté. On comprend qu'à présent, des organisations de jeunes et les universités en Grèce, en Italie et dans d'autres pays de l'UE sont des centres de protestation contre une politique aussi myope. »

Andrea Nahles, secrétaire générale du SPD, a qualifié de risible la somme de six milliards d'euros prévue dans le budget à long terme de l'UE pour le soutien aux jeunes.

The Guardian britannique a récemment cité l'OCDE qui constate que l'UE « avait fait échouer le contrat social » avec les jeunes. Il serait curieux de savoir si ne serait-ce qu'une seule des trois négations disparaitra pour la génération « NEET » ?