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Le bilan des trois derniers mois, qui oscille entre 800 et 1 000 morts par mois, confirme la dégradation de la situation sécuritaire et le retour au niveau de violence d'il y a cinq ans, selon les observateurs.

Les violences en Irak ont fait près d'un millier de morts en septembre, a annoncé mardi 1er octobre l'ONU, sur fond d'attentats sectaires à répétition visant mosquées et funérailles. Au total, 979 Irakiens ont été tués, et 2 133 autres personnes ont été blessées en septembre dans des actes de violences, selon la mission d'assistance de l'ONU en Irak.

Le bilan des trois derniers mois, qui oscille entre 800 et 1 000 morts par mois, confirme la dégradation de la situation sécuritaire et le retour au niveau de violence d'il y a cinq ans, selon les observateurs.

La région de Bagdad a été la plus durement frappée avec 418 morts et plus de 1 000 blessés, suivie par les provinces de Ninive, Diyala, Salaheddine et Anbar, selon l'ONU. Le bilan établi par le gouvernement irakien pour septembre fait état de 971 morts, dont 86 militants extrémistes abattus par les forces de sécurité.

CRAINTE D'UNE GUERRE CIVILE

Des groupes liés à Al-Qaida sont à l'origine de la grande majorité des attentats, s'attaquant à des mosquées, des marchés, des funérailles et même des terrains de football fréquentés par les Irakiens chiite. L'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), branche irakienne d'Al-Qaida, est un des groupes terroristes les plus actifs.

Peu à peu, l'Irak retourne à la guerre civile qui avait culminé entre 2005 et 2008. Cette vague de violences pourrait, selon certains analystes, se prolonger jusqu'aux élections législatives, prévues en 2014.

L'adjoint au représentant spécial de l'ONU à Bagdad, György Busztin, a estimé que les récents mouvements de population en Irak s'apparentaient également à un "nettoyage ethnique". "Le recours à la violence et aux intimidations par des groupes illégaux armés contre des communautés qu'on force à quitter leurs foyers est inacceptable et constitue une claire violation des droits de l'homme", a-t-il ajouté.

Près de 1,13 million d'Irakiens ont fui leur foyer depuis 2006, notamment pendant la guerre confessionnelle de 2006-2007, selon l'ONU. Aujourd'hui encore, 467 000 d'entre eux vivent de façon précaire.

Pour les spécialistes, la recrudescence des violences visent à alimenter le conflit confessionnel et à déstabiliser le pays, qui peine à retrouver une stabilité dix ans après l'invasion américaine et coïncide avec un mécontentement croissant de la minorité sunnite, au pouvoir sous Saddam Hussein, à l'encontre du gouvernement dominé par les chiites.

L'ONU et de nombreux diplomates ont appelé le gouvernement du premier ministre chiite Nouri Al-Maliki à adopter des réformes pour éviter de marginaliser davantage les sunnites, au risque de favoriser leur recrutement par les groupes extrémistes. Mais en réponse aux violences le gouvernement a intensifié la campagne contre les insurgés sunnites, procédant à de nombreuses arrestations. Et la paralysie de l'appareil politique, associée à une corruption rampante et à la défaillance des services publics, contribue à alimenter l'instabilité dans le pays.