esclave attaché
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Le Comité spécial CRIM institué en mars 2012 au Parlement européen est chargé d'examiner les problèmes de la lutte contre le crime organisé, du blanchiment de l'argent et de la corruption dans l'UE. L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a présenté ces derniers jours le compte rendu des experts qui doit être soumis à l'examen des députés le 23 octobre. Selon le journal allemand Süddeutsche Zeitung, les chiffres et les faits qu'il contient sont « effrayants ».

Les médias européens citent les indices rendus publics par le CRIM. En voilà quelques uns. D'après le compte rendu, près de 880.000 personnes s'avèrent dans les pays de l'UE en situation d'esclavage, dont 270.000 sont dans esclaves sexuels. 3600 groupes criminels internationaux agissent actuellement sur le territoire de l'UE. Les bénéfices de ce trafic d'êtres humains atteint 25 milliards d'euros tous les ans. Le commerce illégal d'organes humains et d'animaux sauvages exotiques leur assure de 18 à 26 milliards d'euros.

Selon l'hebdomadaire Der Spiegel, la cybercriminalité a pris ces dernières années de l'ampleur en Europe. Le préjudice causé par ce genre de business criminel au sein pays de l'UE est particulièrement important. A en croire les auteurs du document, la corruption représente une menace tout particulièrement sérieuse. Jusqu'à 20 millions de faits de corruption dans divers domaines de la vie publique sont enregistrés dans les pays de l'UE. Le préjudice est évalué à près de 120 milliards d'euros. Jusqu'à 10.000 pièces d'armes circulent illégalement sur le territoire européen. Selon les experts, c'est une menace sérieuse tant pour les citoyens de l'UE que pour les agents des services spéciaux.

Les conclusions et les initiatives des auteurs du compte rendu poseront le fondement à un plan d'action de lutte contre le crime organisé pour 2014-2019, est-il indiqué dans le communiqué. Au micro, le chef de la chaire d'intégration de l'Institut d'Etat des relations internationales de Moscou Nikolaï Kavechnikov :

« 900.000 personnes en condition d'esclaves : que ce soit l'esclavage sexuel ou le travail forcé, ce qui est révélé dans le compte rendu qualifie et quantifie minutieusement ce phénomène en Europe, alors que dans d'autres régions, on n'y prête pas attention », souligne l'expert. « Tous les pays se heurtent à la criminalité. L'essentiel, c'est un système public minutieusement aménagé de lutte contre tous les types de délits. »

Selon Margarete von Galen, qui représente les intérêts des associations allemandes d'avocats à Bruxelles, la différence de législations des pays de l'UE constitue le problème principal dans la lutte contre le crime organisé.

« Le droit pénal et le droit de la procédure dépendent de la spécificité de la culture politique de tel ou tel pays », a dit von Galen. « Qu'est ce qui doit être considéré comme un crime sérieux et que faut-il interpréter comme une simple infraction, pour quel délit la peine doit-elle être plus dure, etc. »

Tout porte à croire que l'examen du compte rendu des experts du CRIM au Parlement européen sera difficile.