Traduction : SOTT

Premier épisode d'une série occasionnelle explorant l'amalgame d'intérêts politiques et financiers entre les législateurs du gouvernement et les plus grandes industries du monde.
Pour savoir ce qu'est réellement le fascisme et pourquoi nous devons le combattre et le détruire ici en Amérique, nous devons avant tout savoir ce que nous combattons, ce que sont vraiment les régimes fascistes et ce qu'ils font, qui finance et soutient le fascisme dans chaque pays (y compris les États-Unis en ce moment même), qui détient les nations sous de tels régimes et pourquoi les autochtones de tous les pays fascistes doivent être conduits vers un travail plus dur, moins d'argent, un niveau de vie réduit, la pauvreté et le désespoir, de sorte que les hommes et les grandes entreprises qui financent, subventionnent et possèdent le fascisme puissent devenir incroyablement riches.

- George Seldes, 1943
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© Sott.net
À l'heure actuelle plus que jamais dans l'histoire, nous alimentons sans le vouloir la croissance impitoyable des conglomérats d'entreprises. Tacitement acceptée et souvent même défendue comme ingrédient nécessaire au « progrès de la civilisation », la mondialisation du capitalisme corporatiste d'aujourd'hui est une chose dont ses Pères Fondateurs en 1930 en Italie et en Allemagne ne pouvaient que rêver. Bien qu'il soit discutable que les entreprises à gros profits soient nécessaires pour fournir des produits et des services essentiels à un prix abordable à une population croissante, la fusion sans relâche des intérêts politiques et financiers entre les législateurs du gouvernement et les plus grandes industries du monde est sans conteste le plus gros problème que rencontre l'humanité aujourd'hui. Cela a mené à la corruption, à la cupidité, au népotisme et à l'« aléa moral » à une échelle absolument gargantuesque. Cela a abouti à des niveaux obscènes de prospérité de la minorité de riches initiés tandis que la majorité des habitants de la planète Terre sont victimes de disparité économique, de pauvreté extrême, de désintégration culturelle, de catastrophe écologique, de pollution, de maladies et d'une pléthore de questions sociales négatives concomitantes.

Peut-être que Francis Fukusyama avait raison sur le capitalisme de « libre marché » qui préfigure la fin de l'histoire (telle que nous la connaissons), sauf qu'il n'y a rien de libre puisque les marchés sont manipulés.

Cela nous amène évidemment au mot qui commence par F. Une description du fascisme est attribuée à Benito Mussolini1 :
« Le Fascisme devrait plutôt être appelé Corporatisme, puisqu'il s'agit en fait de l'intégration des pouvoirs de l'état et des pouvoirs du marché. »
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© n/aLe fascisme, « une intégration des pouvoirs de l'état et des pouvoirs du marché » — Mussolini
L'intégration des intérêts de l'état et du marché n'a jamais été aussi visible que dans les États-Unis et les « démocraties » occidentales d'aujourd'hui. Des relations bilatérales scélérates entre gouvernement et entreprises détournent la richesse pour leur propre profit et celle-ci n'est par conséquent pas distribuée à parts égales dans l'ensemble de la société. Bon, soyons réalistes : la richesse n'a jamais été répartie à parts égales, mais le taux de distribution, mesuré en termes de salaires réels et autres indicateurs socio-économiques, empire continuellement depuis au moins les années 60. La notion fictive d'« effet de ruissellement » est utilisée pour justifier l'expansion mondiale endémique des grandes entreprises et est satirisée à juste titre par le terme d'effet d'« assèchement » pour une majorité qui a vu son partage des richesses et ses niveaux de vie se détériorer. Les conglomérats influencent la législation qui est favorable à leurs intérêts privés par l'intermédiaire de contributions et de soutien politiques, en engageant des lobbys puissants et bien financés et en tirant parti de la faible surveillance réglementaire de l'industrie - souvent délibérément affaiblie.

Le terme « complexe industriel » est devenu populaire grâce aux mots immortalisés que prononça le président étasunien Dwight D. Eisenhower lors de son discours d'adieu à la nation le 17 janvier 19612. Il fit spécifiquement référence à un « complexe militaro-industriel » pour alerter la population des États-Unis sur les dangers d'une étroite relation symbiotique entre l'industrie privée et les forces armées de la nation. Dans le contexte d'une demande exponentiellement croissante de retours sur investissement de la part des actionnaires, une armée à but lucratif a besoin de guerres pour vendre ses produits. Cela constitue un obstacle fondamental à la paix dans le monde, comme l'avait déjà identifié auparavant Smedley Butler. Pour dissimuler ce « racket », la propagande médiatique joue son rôle en diabolisant des ennemis mythiques pour s'assurer que l'argent des contribuables soit détourné avec succès des projets qui amélioreraient le bien-être de la nation vers ceux qui la militarisent.

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© n/aComplexe carcéro-industriel
Même si le complexe militaro-industriel est la première activité auquel ce concept fut appliqué, aujourd'hui nous pouvons voir les effets de l'intégration des intérêts corporatistes à ceux du gouvernement dans presque chaque secteur d'activité. Les conglomérats du Pétrole comme Total SA qui utilise l'esclavage pour construire des oléoducs, Chevron qui détruit l'environnement en Équateur et BP qui détruit le Golfe du Mexique ; l'Halliburton de Dick Cheney qui obtient des milliards de dollars en contrats gouvernementaux à la suite d'une invasion de l'Irak qu'il a encouragée ; le géant de l'agroalimentaire et de la chimie Syngenta qui pollue le monde avec des pesticides ; Monsanto, conglomérat le moins éthique de tous, qui modifie génétiquement les cultures au mépris des souhaits de millions de protestataires informés ; l'industrie du cancer frauduleuse qui profite de traitements inefficaces fondés sur de la mauvaise science et ferme les yeux sur la découverte des causes sous-jacentes de la maladie. Le fabricant de machines et engins Caterpillar inc. qui détruit les moyens d'existence en Europe et en Palestine.

Il existe d'innombrables autres exemples où des sociétés agissent avec un mépris flagrant pour le bien-être humain dans leurs efforts pour maximiser les rémunérations des actionnaires. Moins médiatisé, il y a le marché noir ténébreux des entreprises clandestines de la drogue, de la prostitution, de la contrebande, de l'esclavage et le lamentable marché noir des organes, qui ne peuvent prospérer que grâce à la négligence complice (et parfois l'implication directe) de ceux que nous élisons aux fonctions officielles.

La culture populaire a trouvé plusieurs sous-catégories dérivées de « complexes industriels » pour identifier et souligner des relations spécifiques entre multinationales et gouvernement qui alimentent, et sont entretenus par la machine de guerre.

Le « Cinéma de sécurité nationale » nécessite une petite explication : il s'agit du complexe militaro-industriel d'Eisenhower associé à la coopération totale des lobbys médiatiques pour promouvoir le militarisme au bénéfice de la machine de guerre. Le « complexe carcéro-industriel » rend compte de l'expansion rapide de la population carcérale aux États-Unis où plus de deux millions de détenus fabriquent des produits de base pour l'armée. Le « complexe politico-médiatique » a remplacé la profession de journaliste par une collusion définitive entre politiciens et médias pour manipuler plutôt qu'informer la population. Le « complexe industriel de surveillance » est la branche de ce réseau fasciste qui se développe le plus rapidement et où la mise en œuvre, motivée par le profit, de systèmes de surveillance perfectionnés survient au détriment de la vie privée et des libertés publiques. Il y a même un « complexe industriel de vedettariat », une sorte de relation bilatérale génératrice de revenus entre les médias et les célébrités, ainsi que beaucoup d'autres domaines commerciaux où la notion de « complexe industriel » s'applique tel que médecine, climat, alimentation, éducation, finance, internet, énergie, consumérisme et même la religion et autres industries puissantes qui doivent encore voir leurs opérations corrompues assignées à une rubrique de Wikipédia.

Marques déposées FührerTM : le nouveau visage du fascisme

Hitler WW2
© Drastic PlasticsLes entreprises ont lancé une nouvelle idéologie proto-fasciste sous fin emballage plastifié de film plastique « stratifié » mat transparent.
Au cours de ces quelques dernières décennies, les États-Unis d'Amérique ont embrassé, grâce à la technologie le permettant, le genre d'utopie envisagée par les Nazis. En même temps que des avancées technologiques comme la reconnaissance faciale, l'exploration de données et le balayage de sécurité aux rayons X, l'administration étasunienne utilise des « lois obscures » qui permettent au président et à l'armée de réprimer toute forme de contestation intérieure.

On ne devrait vraiment pas être surpris que cela se soit produit. La seule chose surprenante est, peut-être, à quel point cette prise de contrôle technofasciste3 sophistiquée s'est déroulée sans heurts. La manipulation des masses pour accepter la suppression de leurs droits « pour leur propre sécurité » a eu lieu avec à peine un gémissement. En fait, on y est parvenu avec une obéissance chauvine enthousiaste.

La plupart des analyses sur la manière dont Hitler est devenu le chef du Troisième Reich se concentrent sur la façon dont il a manipulé les circonstances socio-économiques désespérées que rencontraient à l'époque les citoyens allemands. Toutefois, il est possible de soutenir que la montée d'Hitler n'aurait jamais pu être possible sans le soutien de riches industriels.4

Quatre-vingts ans plus tard, on peut voir que ce sont les riches industriels et grands patrons qui ont pris le contrôle de la société occidentale, lançant une nouvelle idéologie proto-fasciste5 sous fin emballage plastifié de film plastique « stratifié » mat transparent.6

Le corporatisme mondial du 21e siècle ne possède pas de dictateur identifiable à la barre, à la place nous avons les « marques déposées FührerTM » de Monsanto, Syngenta, BP, Chevron, Total, Halliburton, XE, Royal Dutch Shell, Goldman Sachs, GlaxoSmithKline, JPMorgan Chase, Exxon Mobile, Pfizer, Bayer et Google, pour n'en citer que quelques-unes.

Dans le livre Facts and Fascism de George Seldes, publié en 1943, la montée du fascisme dans l'Allemagne nazie est directement attribuée aux intérêts industriels privés. Les intérêts commerciaux du géant de l'acier Thyssen contribuèrent particulièrement à l'ascension au pouvoir d'Hitler :
La véritable histoire de l'Allemagne d'Hitler est l'indice réel de la situation partout ailleurs. En 1923, après ses singeries du Putsch de la Brasserie à Munich, Hitler reçut son premier gros pactole des mains de Fritz Thyssen. Le 30 janvier 1933, Hitler vint au pouvoir après un marché passé avec Hindenburg et les grands propriétaires prussiens (junkers). Depuis lors, et dans toute l'Europe occupée, Hitler dédommagea les hommes qui avaient investi dans le fascisme comme dans une entreprise purement lucrative. Un différend personnel écarta Thyssen mais son frère et les mille plus grands industriels et banquiers de l'Allemagne devinrent millionnaires parce qu'ils avaient financé Hitler ; IG Farbenindustrie et autres cartels devinrent milliardaires. [...]

Dire aujourd'hui que les plus grands industriels de l'Allemagne ont fait d'Hitler le Führer de son pays ne demande ni intégrité ni courage. (Ce qui demande bel et bien de l'intégrité et du courage, même aujourd'hui, c'est de relier ces hommes et forces de l'Allemagne à ceux et celles en Amérique, de pointer les équivalents, et c'est pourquoi aucun journal ou magazine commercial ne l'a jamais fait.) Pourtant, dès l'été 1933, dans Week-End Review, un éclairage qui ne fait apparaître le Fascisme comme rien de plus qu'un mouvement militaro-politico-économique pour s'emparer de tout l'argent et des ressources du monde se concentrait déjà sur l'Allemagne, sous la plume de l'homme répondant au nom de « Ernst Henri ». [...]

Le secret, poursuit Henri, « doit être recherché dans l'histoire cachée de l'oligarchie industrielle allemande, dans la politique de l'acier et du charbon d'après-guerre... Thyssen, le grand magnat de la Ruhr, et non Hitler, est le principal moteur du fascisme allemand. » [...]
Dans l'Allemagne nazie, les grands industriels étaient l'acier, l'automobile et la banque omniprésente. Aux côtés de Thyssen, des comptes-rendus écrits indiquent qu'Henry Ford et la Ford Motor Company furent aussi impliqués dans le soutien à l'effort de guerre allemand. De nos jours, les grandes industries peuvent avoir différents logos et des discours habiles, mais leur influence pour façonner la prise de décision politique, la politique étrangère et l'anéantissement des droits des travailleurs est plus forte que jamais :
Il s'ensuivit un triomphe continu des intérêts capitalistes du groupe Thyssen. Le gouvernement national socialiste de l'Allemagne applique aujourd'hui la politique de Thyssen sur toutes les affaires, comme si la nation entière ne constituait qu'une partie du trust de l'acier. Chaque mesure que prend le nouveau gouvernement correspond exactement aux intérêts privés de sa clique ; retour à l'époque de Stinnes.

« Thyssen avait six objectifs principaux : (1) sécuriser le trust de l'acier pour son propre groupe ; (2) sauver les grands consortiums du charbon et de l'acier, base de l'ensemble du système capitaliste de monopoles en Allemagne ; (3) éliminer les groupes rivaux catholiques et juifs et s'emparer de toute la machine industrielle en faveur de l'extrémisme réactionnaire de l'industrie lourde ; (4) écraser les ouvriers et abolir les syndicats afin de renforcer la compétitivité allemande sur les marchés mondiaux au moyen de réductions de salaire supplémentaires, etc. : (5) accroître les chances d'inflation afin de dévaluer les dettes de l'industrie lourde (redite de la transaction astucieuse inventée par Stinnes en 1923) ; et pour finir (6) initier une tendance impérialiste prononcée en politique étrangère afin de satisfaire le désir puissant d'expansion du capital de la Ruhr. Tous ces éléments de son programme, sans exception, ont été, sont ou seront réalisés par le gouvernement d'Hitler. (Le lecteur doit garder en mémoire que cette prédiction fut écrite début 1933, à quelques mois du triomphe d'Hitler.)

Il est particulièrement intéressant de lire la conclusion et la prévision d'Henri une décennie après qu'il les ait faites. Il disait en 1933 : « Les syndicats ont été détruits. Thyssen peut dicter les salaires par l'intermédiaire de nouvelles « entreprises » et donc réduire encore plus le prix des biens d'exportation face à la concurrence anglaise et américaine. De l'armement est préparé ; Thyssen fournit l'acier. Thyssen a besoin des marchés du Danube, où il détient l'Alpine Montan-Gesellschaft, les plus grands producteurs d'acier en Autriche. Mais l'objectif premier de ce nouveau système en Allemagne n'a pas encore été atteint. Thyssen veut la guerre et c'est comme si Hitler pouvait lui en fournir une. »

Cependant, dans tous les cas, l'histoire nous montre que lorsqu'une armée fasciste s'empare d'un pays, elle peut offrir à la classe moyenne des privilèges, des bénéfices, une chance de faire de plus gros profits pour un temps, mais à la fin, le monopole triomphe et les grosses fortunes conduisent les petites à la faillite.
De même, les grandes entreprises d'aujourd'hui ont lancé des attaques générales contre le droit du travail, la classe moyenne et affaiblissent activement les syndicats qui constituent une menace pour la mise en œuvre des soi-disant « mesures d'austérité » et coupes des salaires. Les Américains, et la majorité du reste de la population mondiale, sont actuellement les témoins du plus grand transfert de richesse de l'histoire :
Aucune classe ou dirigeant, aucun empereur romain, aucun monarque britannique ou français, ni même un Pape n'ont été en mesure de plumer leur peuple de la façon dont la Réserve Fédérale Américaine et les banquiers de Wall Street l'ont fait ces dernières années... [...] Tout le système est devenu totalement incestueux. La Goldman Sachs et d'autres banques financent les campagnes de leurs amis politiciens, dont beaucoup ont fréquenté les mêmes écoles de la Ivy League et partagent des parcours similaires, et en retour bénéficient de traitements de faveur de la part du gouvernement. Dans le rare cas où ce délit d'initié est découvert, les régulateurs, qui partagent aussi des parcours semblables et répondent aux politiciens, protègent les banquiers.
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© n/aContribuables, merci ! Halliburton vous a facturé 50 dollars cette timbale ordinaire. Hé, quelqu'un doit en profiter !
À un niveau extrême, comme dans le cas des dépenses militaires, les décisions d'investir dans des équipements et infrastructures militaires ont de tragiques répercussions. Faire la guerre à d'autres nations dégage des profits lucratifs pour les industriels de la défense, aboutissant à la perte de millions de vies d'innocents et à la destruction de nations souveraines. La décision commanditée par l'industrie du pétrole et de la guerre de l'administration Bush II d'envahir l'Irak sur des renseignements frauduleux est un exemple obsédant d'aubaine lucrative pour les firmes privées au détriment de millions de victimes innocentes :
Des firmes privées ou cotées en bourse ont reçu au moins 138 milliards de dollars d'argent des contribuables pour des contrats de services gouvernementaux comprenant fourniture de sécurité privée, d'infrastructures et alimentation des troupes.

Dix entrepreneurs ont reçu 52 % des fonds, selon une analyse du Financial Times publiée mardi. Le bénéficiaire n° 1 ? La firme de construction et d'ingénierie énergétique basée à Houston, KBR Inc, qui a essaimé de son parent, le fournisseur de services à l'industrie pétrolière, Halliburton Co, en 2007. L'entreprise a reçu 39,5 milliards de dollars en contrats liés à l'Irak cette dernière décennie, avec de nombreux marchés passés sans aucun appel d'offres à des entreprises concurrentes, comme un renouvellement de contrat de 568 millions pour la fourniture de services d'hébergement, de repas, d'eau et de toilettes aux soldats, un marché qui a conduit à une action judiciaire du département de la Justice pour des dessous de table présumés, comme l'a relaté Bloomberg.
Le Watson Institute for International Studies de l'Université Brown dans son étude « Les Coûts du Projet de Guerre » a tenté de mesurer quantitativement les coûts économiques aussi bien qu'humains, sociaux et politiques une décennie après l'invasion de l'Irak :
Les États-Unis ont envahi l'Irak le 19 mars 2003 sur le prétexte que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive. La destruction massive de l'invasion, de l'occupation et de la guerre civile a suivi et amplifié la désintégration sociétale et sanitaire provoquée par la décennie précédente de sanctions. Les vies et communautés irakiennes restent dévastées par la guerre depuis dix ans. Les familles des soldats et entrepreneurs américains luttent avec la perte de leurs êtres chers ainsi que les fardeaux émotionnels et économiques que posent la vie avec des blessures et maladies à long terme. La dépense fédérale étasunienne totale associée à la guerre en Irak a été de 1,7 billion de dollars pour l'année fiscale 2013. De plus, les futurs paiements pour la santé et l'invalidité des vétérans se monteront à 590 milliards et les intérêts courus pour payer la guerre ajouteront 3,9 billions.
Les démocraties occidentales utilisent des stratégies généralement réservées aux régimes totalitaires, c'est-à-dire des régimes dans lesquels un état centralisé régule presque tous les aspects des comportements publics et privés et affirme son autorité par l'usage de la force et/ou de la peur de la punition. Ce que des centaines de commentateurs respectés de l'actualité appellent depuis six ans le « fascisme rampant dans les démocraties occidentales », se révèle aujourd'hui être un totalitarisme manifeste, les États-Unis en étant le fer de lance.

Cette dernière décennie, les États-Unis, sous les administrations Bush et Obama, se sont fermement enfoncés dans le fascisme, sous nos yeux. La suppression des libertés constitutionnelles, justifiée par la « menace terroriste islamique » fictive qui est « rendue réelle » par des complots terroristes arrangés et des attentats à la bombe sous faux drapeau occasionnels, ne se différencie pas de l'invocation d'Hitler d'une « menace communiste envers la sécurité nationale de l'Allemagne ». L'Incendie du Reichstag de février 1933 fut mis sur le dos des « communistes » et fut suivie par la Loi des Pleins Pouvoirs qui remplaça la loi constitutionnelle par un état d'urgence d'une durée indéterminée. Les attentats du 11 septembre inaugurèrent le Patriot Act et donnèrent lieu à des détentions illimitées, de la torture, des assassinats, un état de surveillance étendue, des fouilles et des saisies.

Le gouvernement britannique fut prompt à qualifier la récente agression au couteau d'un soldat à Londres d'« attaque terroriste » et capitalise sur l'incident pour justifier une surveillance accrue (« particulièrement des mouvements de protestations... ») par le biais de la Loi sur les Données de Communications. Pour empirer la situation, nous voyons des médias complices diaboliser les musulmans dans des circonstances qui rappellent sinistrement la diabolisation nazie des Juifs dans les années 1930. Aux États-Unis, la plupart de ces projets de surveillance sont déjà en place. L'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) souligne comment, après le 11 septembre, les nouvelles technologies ont permis d'éroder sérieusement les libertés civiles. Communications électroniques, historique de navigation sur internet, activité sur les réseaux sociaux sont tous pistés, surveillés et enregistrés. L'ACLU dit : « des choses dont on pensait autrefois qu'elles ne pouvaient arriver que dans des états ennemis distants ou des dystopies lointaines se produisent subitement ici en Amérique ». Elles ne se produisent pas « subitement », elles se produisent depuis aussi longtemps que la technologie existe. Le « scandale » actuel PRISM de la NSA est simplement un moyen d'« informer » les gens que c'est ainsi qu'il en est et a toujours été.

Comment faire des profits et influencer les politiciens

La plus grande industrie du monde en termes de revenus est le secteur agroalimentaire avec 4,5 billions de dollars selon des estimations prudentes et un dixième du Produit Intérieur Brut. Les autres industries (publiques) en tête sont l'automobile, le pétrole, la banque, les assurances, l'informatique, les télécommunications, l'aérospatiale, la défense et la médecine. Le tableau suivant montre que ce sont précisément ces industries qui dépensent le plus d'argent pour faire pression sur le Congrès pour influencer la législation et maximiser les revenus7 :

lobbying spending
© opensecrets.orgTop des dépenses en lobbying 2012 des industries (Produits pharmaceutiques/de santé, Regroupements professionnelles, Assurances, Fournisseurs d'électricité, Pétrole & Essence, Ordinateurs/Internet, TV/Cinéma/Musique, Production & Distribution diverses, Sécurité & Investissement, Hôpitaux/Maisons de retraite, Éducation, Immobilier, Professionnels de santé, Transport aérien, Fonction publique, Sécurité sociale/Assurance santé, Banques commerciales, Défense aérospatiale, Automobile, Produits chimiques & dérivés)
Il existe une sinistre relation symbiotique (« tu me grattes le dos, je te gratte le tien ») entre grands patrons et politiciens. Afin de maximiser les profits, les grandes entreprises ont besoin d'une législation favorable pour faire progresser leurs produits et services, limiter la concurrence, diminuer le montant qu'elles « perdent » pour rémunérer les travailleurs qui font leur sale boulot et minimiser les coûts des ressources. Les politiciens reçoivent un soutien financier pour financer leurs campagnes politiques et les entreprises reçoivent en retour l'autorisation politique directe pour que le gouvernement dépense les flux de revenus des contribuables. Sans surprise, presque la moitié des membres actuels du Congrès sont millionnaires tandis que nombre de leurs propres électeurs (sur)vivent grâce à des bons alimentaires.

politicians and corruption
© n/a
Les sociétés dépensent de gros montants pour s'assurer de financer les candidats politiques qui soutiendront leurs entreprises. Dans de nombreux cas, elles soutiennent les deux camps d'une élection pour garantir que leur argent revienne au « cheval gagnant ». Lors du cycle électoral fédéral de 2008, 5,2 milliards de dollars provenant de toutes sources furent dépensés. L'élection de 2012 fut l'élection la plus chère de toute l'histoire des États-Unis, avec un coût de plus de six milliards.

En 2010, la Cour Suprême statua que le gouvernement ne devait pas interdire les dépenses politiques des entreprises pour les élections des candidats, malgré la résistance des opposants déclarant que permettre à l'argent des entreprises d'inonder le marché politique corromprait la démocratie. Sheila Krumholz, directrice administrative du Center for Responsive Politics (CRP), dans une déclaration soumise au Comité du sénat sur les décisions et l'administration, écrivait : « au cours des 26 ans d'histoire de la surveillance de la convergence de l'argent et de la politique, nous avons vu à maintes reprises que les sociétés et les consortiums sont enclins à utiliser leurs largesses financières pour exercer un contrôle sur la politique et les élections. Il va sans dire que certaines, si ce n'est de nombreuses, organisations profiteront de cette nouvelle faille. » Comme s'ils n'avaient pas déjà trouvé suffisamment de failles à exploiter !

Le sénateur John McCain fut l'un des cinq sénateurs accusés de corruption en 1989 lors de la crise des Savings and Loans de la fin des années 80, début des années 90. McCain et quatre membres du Congrès poussèrent le Congrès à ne pas intervenir après que l'activité financière frauduleuse de son ami Charles Keating fut dévoilée. L'entreprise en question, Lincoln, poursuivit ses opérations pendant deux ans de plus jusqu'à sa faillite en 1989, à un coût de deux milliards de dollars pour le gouvernement fédéral. Il est apparu qu'après l'élection de McCain au Parlement en 1982 (pour laquelle Keating avait levé des fonds), lui et sa famille avaient fait au moins neuf voyages aux frais de Keating, dont trois dans le refuge de Keating aux Bahamas. Le sénateur McCain ne fut jamais poursuivi.8

Des groupements d'intérêts corporatistes se sont aussi emparés des cours suprêmes d'état. En cas d'objection légale à des pratiques illicites, les groupements d'intérêts qui désirent une certaine issue ont donné de l'argent à des juges, et ces mêmes juges ont alors interprété la loi d'une manière qui aboutissait au désir de leurs donateurs.

Cette corruption institutionnalisée résulte en l'usage impropre de l'argent des contribuables qui est souvent dépensé sur des projets non essentiels alors qu'il aurait pu servir à améliorer les conditions de vie, la santé, le bien-être et les services locaux. Un bon exemple est la production continue en Ohio de chars Abrams superflus. En 2010, les législateurs des deux partis allouèrent presque un demi-milliard de dollars d'argent public pour construire des versions améliorées du char Abrams de 70 tonnes. Chose incroyable, les destinataires du matériel, les hauts gradés de l'armée, ont dit explicitement qu'ils n'avaient pas besoin de ces chars et même qu'ils n'en voulaient pas. La chaîne de production Abrams se trouvait dans la circonscription politiquement importante de l'Ohio et dans des districts du congrès où les fournisseurs de char sont situés. L'attribution de fonds pour continuer à faire tourner la chaîne de production Abrams est venue à la demande de membres du Congrès qui cherchaient à gagner des électeurs sur la promesse d'emploi bien rémunéré.

Des entreprises individuelles engagées dans le trucage des marchés et la sélection des politiciens, c'est suffisamment mauvais, mais qu'arrive-t-il quand des secteurs d'activité entiers œuvrent ensemble, telle une seule voix, en combinant leurs ressources considérables pour faire pression sur les législateurs et déterminer le destin des nations ? Le premier ministre britannique a récemment admis que « nous avons un problème avec les lobbyistes » après qu'il soit apparu (une nouvelle fois) que des politiciens étaient payés en liquide pour poser des questions au Parlement. Autrement dit, des politiciens britanniques sont soudoyés pour poser des questions particulières et donc soulever, ou taire, certains problèmes correspondant aux projets de leurs corrupteurs. Après avoir prêché la bonne parole du « ça doit cesser ! », le premier ministre Cameron fut conduit par son chauffeur à la conférence 2013 des Bilderberg, qui se tenait cette année à Watford, à l'extérieur de Londres, où il rencontra certains des représentants les plus puissants des grandes firmes du monde pour discuter de « leurs intérêts mutuels » ! « Oh, ce n'est qu'un non-événement », nous disent les grands médias. Alors pourquoi Cameron y était-il présent, dans le cadre de ses fonctions en tant que dirigeant élu du Royaume-Uni, pour discuter de politique avec les patrons du FMI, de la banque mondiale, etc., dans le secret le plus total ?

Aucun doute là dessus, « le Congrès [et la plupart des autres institutions « démocratiques » sur Terre] est acheté et soudoyé », explique le commentateur TV Dylan Ratigan dans cette vidéo virale en explosant sur MSNBC :
« Nous avons un réel problème ! C'est un fait mathématique ! Dix billions de dollars sont soutirés aux États-Unis d'Amérique. Les démocrates le font, les républicains le font. Tout un système intégré, un système financier, un système commercial, un système fiscal, qui a été créé par les deux partis sur plus de deux décennies est à l'œuvre sur la totalité de notre pays, là maintenant. Et l'on est là assis à débattre pour savoir si on devrait faire le plan de quatre billions qui repousse l'échéance à 2017 pour le président ou tout réduire en cendres, les deux étant imprudents, irresponsables et stupides. »
Un rare entrefilet de vérité qu'ont laissé échapper les grands réseaux médiatiques contrôles et détenus par les multinationales :



Conclusion : votez avec votre porte-monnaie


L'époque dans laquelle nous vivons actuellement présente des parallèles frappants avec l'Allemagne des années 1930. Peu importe le parti élu, les grandes entreprises exercent une influence encombrante sur la prise de décision politique. Voter aux urnes ne peut faire aucune différence dans un pays où la gamme des candidats se limite à « pro-Monde des affaires vs pro-Monde des affaires ». Voter est un exercice futile dans un système corrompu que nous sommes impuissants à influencer par les urnes.

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© n/aAmérique, réveille-toi ! La civilisation en appelle à tous les hommes, femmes et enfants !
En son temps, Hitler nomma Joseph Goebbels à la direction de la propagande9 : « pour s'assurer que personne en Allemagne ne puisse lire ou voir quoi que ce soit qui soit hostile ou nuisible au parti nazi » et « pour s'assurer que les idées des nazis passent de la manière la plus persuasive possible ».

Les grandes entreprises (et les gouvernements) d'aujourd'hui recrutent des experts en publicité, marketing et relations publiques qui utilisent les dernières technologies pour s'assurer que personne ne puisse voir quoi que ce soit qui nuise à leurs marques et pour s'assurer que nous achetons leurs produits ou services et soutenons leurs actions.

Toutefois, si nous parvenons à voir au travers des campagnes de marketing habiles, des publicités travaillées et des emballages lustrés, nous pouvons à la place faire des choix informés pour soutenir les fournisseurs de produits et services qui font de leur mieux pour laisser un héritage positif à la société et à l'environnement. Certes, ce n'est pas une tâche facile que de nous protéger entièrement des manipulations et de discerner la vérité des mensonges.

Cela demande un effort concerté et la compréhension profondément enracinée que nous pouvons faire une différence. Rester informés et partager cette connaissance avec les autres nous responsabilisent tous pour faire des choix importants dans nos vies quotidiennes. En considérant attentivement où va chaque dollar que nous dépensons, nous pouvons au minimum faire de notre mieux pour éviter d'alimenter aveuglément la machine corporatiste.

Peut-être que remettre au goût du jour le discours d'Eisenhower sur le complexe militaro-industriel à l'aide de petites reformulations (en italiques),10 peut apporter une certaine direction :
Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu'elle ait ou non été sollicitée, exercée par les intérêts des multinationales. Le risque potentiel d'une désastreuse ascension d'un pouvoir illégitime existe et persistera.

Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant. Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l'énorme machinerie industrielle, technologique et financière avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble.
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Prochainement : le Complexe industriel de Surveillance (cyber-espionnage)

Notes :

1. Chef italien du parti national fasciste de 1930 à 1943 qui, tout en étant responsable de la mort de plus de 400 000 Italiens, fut un personnage clé de la création du fascisme. Hakim, Joy (1995). A History of Us: War, Peace and all that Jazz. New York : Oxford University Press. ISBN0-19-509514-6.

2. Les mots exacts du discours d'adieu prononcé par le Président Dwight David Eisenhower, le 17 janvier 1961 : « Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu'elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d'une désastreuse ascension d'un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant. Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l'énorme machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble. » Texte intégral et audio ; texte intégral en français.

3. « Technofascisme » est un mot forgé officiellement par Daryl Basarab de Free Media Productions, un site de troisième position, qui rejette fortement la politique traditionnelle. Pour moi, cela signifie fascisme institutionnel technologiquement assisté, peut-être que technocorporatisme serait plus approprié.

4. Facts and Fascism de George Seldes In Fact, Inc., 1943 - 7e édition, livre broché.

5. Potentiellement fasciste, si pas explicitement, d'après l'article Proto Fascism in America de David Neiwert.

6. Verbiage que l'on pourrait utiliser pour décrire le conditionnement qu'utilise Apple pour nombre de ses produits. E100. « IPhone IPad IPod Packaging Texture. » GraphicDesign. StackExchange, 23 mai 2012. Web : 30 mai 2013.

7. Des entrepreneurs de la défense se trouvent aussi dans « Production & Distribution diverses » comme le conglomérat américain Honeywell International, qui pendant et après l'ère du Vietnam produisit de nombreux produits, y compris des bombes à sous-munitions, des systèmes de guidage de missile, du napalm et des mines terrestres. Honeywell appartient au consortium qui dirige Pantex, le site d'assemblage de toutes les bombes nucléaires de l'arsenal des États-Unis. General Electric a affronté une procédure criminelle au sujet de ses opérations liées à la défense. GE a été reconnu coupable en 1990 d'avoir fraudé le département de la Défense des États-Unis, et à nouveau en 1992 sur des accusations de pratiques de corruption dans la vente de moteurs à réaction à Israël.

8. Une vidéo de présentation informative sur le scandale Keating des cinq est disponible ici.

9. Le titre officiel de Goebbels était « Ministre du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande », l'équivalent moderne est généralement « Ministre de l'Information ».

10. Ibid.