Dix militaires pour la plupart des sous-officiers, ayant été affecté à la base aérienne de Saint-Symphorien (Indre-et-Loire) étaient accusés d'abus de confiance et de détournement de biens remis lors du service et comparaissaient devant le tribunal d'Orléans (Compétent en matière de conflit avec l'armée). Les faits qui leur étaient reprochés auraient débuté le 1er janvier 2010 et se seraient terminés à la fin du mois de juin 2012.

Ces militaires dont la plupart étaient bien notés avaient servi dans un service de dépollution des casernes. Ils étaient accusés d'avoir vendu du cuivre qu'ils récupéraient sur des chantiers et de l'avoir cédé à des ferrailleurs de la région. Un peu après l'été 2012, leur hiérarchie constatait que des vols de cuivre relativement importants avaient été perpétrés au sein de la base aérienne et elle portait plainte. Lors de leur enquête, les gendarmes se sont intéressés de très près à des détournements auprès des ferrailleurs qui ne tardaient pas à dénoncer les vendeurs. Au total, l'estimation du détournement était de l'ordre de 80 tonnes.

La base aérienne 705 de Tours dispose d'un site d'un parc « déchetterie » entièrement clos, réservé à l'armée et gérée par l'ERST (Escadron de soutien et de ravitaillement technique). Son accès est contrôlé et réglementé. Sur ce parc, 29 groupes de « démarrage avions » hors d'usage ou en cours de réforme y sont stockés depuis plusieurs mois. Sur chaque groupe est fixée une paire de câbles de cuivre gainés.

« La hiérarchie fermait les yeux car elle y trouvait son compte » vient accuser un prévenu. « On faisait un travail propre, il fallait bien qu'on se débarrasse de tout cela » conclu un autre sous-officier. Représentant le ministère de la Défense Me Jean-Noël Daudé réclame une somme globale de 85.000 euros dont 10.000 à titre du préjudice moral. De son côté, le substitut a requis des peines de prison assortis d'un sursis. « Je suis persuadé qu'ils avaient conscience de l'illégalité de leurs actes » accuse le ministère public.

« Il s'agit d'une pratique très ancienne et je ne vois pas pourquoi l'armée porte plainte. Durant des années, elle a fermé les yeux sur ces pratiques. L'argent récolté servait à organiser des repas ou participait même la hiérarchie » plaide Me Romuald Huet l'avocat des militaires.
Le conseil demande au tribunal qu'il relaxe les dix prévenus. Le tribunal rendra sa décision le mois prochain.