Voilà qui devrait déplaire aux Etats-Unis et encore plus à la Fed (Réserver Fédérale Américaine) et à Janet Yellen, sa nouvelle patronne : les entreprise chinoises sont désormais présentes sur le marché des obligations libellées en euro. Le Dieu dollar n'a plus désormais qu'à bien se tenir.

Fin septembre, le géant pétrolier China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) a ainsi levé 500 millions d'euros à 7 ans. Suivi de près par son compatriote Sinopec avec 550 millions d'euros et sur la même durée.

Un « tournant » qualifié « d'historique», par Yves Jacob, responsable des émissions de dette pour la région Asie-Pacifique de la Société Générale, laquelle a participé à l'opération de Sinopec.

Les spécialistes du marché obligataire estiment pour leur part que s'il est trop tôt pour parler de tendance, le mouvement devrait prendre de l'ampleur. Ils s'attendent en effet à ce qu'en vue de diversifier leurs sources de financement les groupes chinois continuent à tenter d'émettre en euros, et ce d'autant plus que le marché national chinois ne semble plus assez grand pour satisfaire ses besoins.

Données encourageantes : les deux émissions ont rencontré une forte demande, que certains considèrent même comme assez exceptionnelle. L'émission de Sinopec aura ainsi attiré un total de 279 investisseurs pour une demande de 3,3 milliards d'euros.

Autre élément à prendre en compte : la crise budgétaire américaine aura pu inciter les investisseurs à se tourner vers les marchés européens, la Vieille Europe pouvant alors retrouver son attrait de valeur refuge.

Depuis la fin de l'année 2010, les sociétés chinoises ont envahi les marchés du crédit à une vitesse spectaculaire. En l'espace de quelques années, voire quelques mois, la Chine est devenue premier émetteur d'obligations en devises étrangères, dépassant la Corée avec une moyenne annuelle de 25 milliards de dollars.

Yves Jacob rappelle ainsi qu'en 2010, la Chine levait moins de 5 milliards de dollars par an, ce qui constitue un montant non significatif à l'échelle des marchés internationaux. Pour 2013, la Société Générale s'attend à ce que l'Empire du Milieu lève environ 100 milliards de dollars.

Le contexte actuel de libéralisation de l'économie chinoise permettant d'alléger le système de contrôle des changes aura également progressivement ouvert la porte aux entreprises chinoises pour une émission sur les marchés internationaux tout en leur offrant désormais la possibilité de rapatrier les fonds en Chine.

Elément qui devrait accélérer le mouvement : la signature début octobre d'un accord d'échanges de devises entre la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque populaire de Chine, d'une durée de trois ans, pour notamment faciliter les transactions commerciales.

L'accord, dit « de swap », porte au maximum sur 350 milliards de yuans, soit 45 milliards d'euros. Ce qui constitue le troisième montant le plus important derrière Hong-Kong (400 milliards de yuans) et la Corée du Sud (360 milliards de yuans), très largement en deçà de l'accord signé par la Banque d'Angleterre (200 milliards de yuans) selon Paris Europlace.

Grâce à cet accord, les banques de la zone euro pourront obtenir des yuans en échange d'euros, la Chine pouvant quant à elle recevoir des euros en échange de yuans.

Sources : AWP, AFP, Le Monde