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Interviewé pour la première fois en France, Jose Amedo Fouce, ancien commissaire de police espagnol, lève le voile sur l'action décisive des fonctionnaires français au sein des Groupes antiterroristes de libération (GAL) qui ont fait 27 morts et 30 blessés au Pays basque entre 1983 et 1987. Un policier aurait supervisé, sur le terrain, les attaques les plus meurtrières de ce contre-terrorisme d'État en réponse aux attentats du mouvement indépendantiste basque ETA.

La parole de José Amedo n'est en rien nouvelle. L'ancien commissaire de police espagnol a pris l'habitude de s'exprimer par le biais d'interviews (rémunérées) ou dans ses livres. Dans un entretien accordé au site d'information Mediapart, celui qui a coordonné le GAL apporte cette fois-ci de nouveaux éléments sur le rôle joué par les fonctionnaires français dans la vague d'attentats au Pays Basque Nord.

Les GAL n'auraient jamais pu agir sans l'aide d'une structure clandestine française. C'est avec cette première affirmation que José Amedo Fouce lève (en partie) le voile sur l'implication de policiers français. Et de poursuivre : "Tout aurait été beaucoup plus compliqué. Parce que dans une zone aussi petite, agir en s'appuyant sur une structure composée de professionnels français, qui savent où se trouvent les membres d'ETA, qui suivent leurs mouvements, connaissent leurs points faibles, simplifie la feuille de route. Il y avait des opérations que l'on organisait d'un jour à l'autre, et cela précisément grâce à la participation de fonctionnaires français, qui rendaient les GAL beaucoup plus opérationnels."

L'ancien policier précise ensuite le fonctionnement de ce réseau : "Il s'agissait d'acheter les bonnes volontés : des gens liés aux services de lutte antiterroriste nous remettaient sous le manteau des dossiers sur les membres d'ETA arrêtés en France, ce qui était très bien payé. À Bayonne, Saint-Jean-de-Luz, Biarritz, j'avais un réseau de fonctionnaires, je parle d'un certain nombre. Nous les invitions aussi en Espagne, pour faire la fête, rencontrer des prostituées, ce qu'ils voulaient." Les relations ne sont pas que policières, assure également l'ancien fonctionnaire espagnol : "Au plan officiel, il y avait une grande amitié avec les responsables français, et aussi des enveloppes."

Metge assassiné ?

José Amedo détaille notamment le rôle d'un policier français nommé "Jean-Louis" : "Il était froid, calculateur, retors, très compétent. Jean-Louis s'est présenté comme policier, inspecteur. Il m'avait dit qu'Iparretarrak avait tué un de ses camarades. Il agissait avec facilité, avec une main-d'œuvre qu'il amenait lui-même." "Jean-Louis" a été présenté à Amedo par Guy Metge. Ce dernier, membre de la police aux frontières décédé dans un mystérieux accident de la route en 1985, aurait en réalité été assassiné, révèle Amedo : "Ils le font grâce à un dispositif permettant de bloquer la boîte de vitesse. (...) Au niveau supérieur, les services français et espagnols faisaient tout leur possible pour ne pas apparaître dans cette affaire."