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© AFP/ Eric FeferbergUn véhicule blindé français de l'opération Sangaris patrouille dans les rues de Bangui, le jeudi 9 janvier 2014. Si le départ du président Djotodia, vendredi, a provoqué des scènes de joie, la tension reste vive dans les plusieurs quartiers de la capitale.
La démission, vendredi, du président centrafricain Michel Djotodia avait provoqué des scènes de liesse à Bangui. Une fois la nouvelle parvenue dans la capitale centrafricaine, des milliers d'habitants sont descendus dans la rue pour laisser éclater leur joie.Sur les avenues de France, des Martyrs, de l'Indépendance ou encore au carrefour des Nations unies, ils chantaient, ou hurlaient, en courant :«C'est fini, c'est fini !».

Mais cette euphorie a été de courte durée avec des scènes de pillages et des affrontements armés. Selon la Croix rouge centrafricaine, au moins trois personnes, un «anti-balaka» (milicien hostile à l'ancien président), un ex-séléka (combattant issu du mouvement de Michel Djotodia) et un civil , ont été tuées par balle dans la nuit de vendredi à samedi.

Samedi matin, au carrefour de la Réconciliation, des pillards vidaient des commerces après avoir défoncé les portes, ont constaté des journalistes de l'AFP. Au moins deux personnes ont été blessées par balle pendant ces pillages. «Il y a des pillages depuis hier (vendredi). Ce sont les magasins musulmans qui ont été pillés dans le secteur», a expliqué Berson, étudiant. «Il y a beaucoup de Séléka (ex-rébellion, soutien de Djotodia) dans le coin. Il faut qu'on les désarme vite, sinon c'est un carnage», redoutait-il.

Des scènes similaires se sont produites dans plusieurs quartiers de la capitale centrafricaine, y compris dans des secteurs jusque là relativement épargnés par les violences, selon des habitants. Près du stade de 20 000 places, au centre-ville, une alimentation appartenant à un commerçant libanais a ainsi été attaquée et dévalisée par un groupe de personnes qui ont blessé à coup de couteau le gardien de nuit. «Ils ont profité que c'était paisible pour venir», a expliqué un voisin, Albert.

Des affrontements armés

Auparavant, des tirs avaient été également entendus tout au long de la nuit dans la ville, placée sous couvre-feu à partir de 18 heures (17 heures GMT). Dans le quartier de Bimbo, au sud de la capitale, un camp, où sont regroupés d'anciens membres de la Séléka intégrés aux nouvelles forces de sécurité a aussi été attaqué «pendant deux heures par des éléments très bien armés», selon un officier.

Les forces françaises se sont redéployées «auprès des sites sensibles et notre but est de contenir tout embrasement de la situation sécuritaire. Nous sommes en état d'alerte et d'attention maximale», a déclaré une source militaire.

Comme chaque jour, les blindés de la force française Sangaris et des détachements de la force africaine (Misca) patrouillent sur les grands axes de la ville ou stationnent aux principaux carrefours. D'autres ont pris position près du palais présidentiel à Bangui, ont constaté des journalistes de l'AFP. Le camp De Roux, où est cantonnée la garde de Michel Djotodia depuis le début de l'opération Sangaris le 5 décembre, se trouve non loin du palais présidentiel et de nombreuses armes lourdes y sont entreposées.
Vers de nouvelles élections

La France, par la voix de son ministre de la Défense, a demandé un remplacement «dans les plus brefs délais» de Michel Djotodia. «Il faut que le Conseil national de transition (CNT, parlement provisoire) établisse l'alternative provisoire parce que le but c'est d'aller avant la fin de l'année à des élections», a déclaré Jean-Yves Le Drian.
La Constitution provisoire centrafricaine stipule que le président du CNT assure un intérim, de 15 jours maximum, le temps d'organiser l'élection d'un nouveau président par le Conseil.
Le nouveau président de transition exercera ses fonctions jusqu'aux élections générales dont la date n'est pas encore arrêtée. Aux termes d'un accord antérieur, ce scrutin devait avoir lieu dans un délai de 18 mois à compter de l'investiture du président Djotodia en août dernier.