La sonde européenne Rosetta « s'est réveillée » dans l'immensité de l'espace. Lancée en 2004 par l'Agence spatiale européenne vers la comète Tchourioumov-Guerassimenko, l'appareil est resté pendant deux ans et demi en état d'hibernation. Le moment est venu pour de se rapprocher de la comète et même d'effectuer le premier atterrissage sur la surface d'un corps céleste en mouvement.

Rosetta
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Les astronomes européens suivent la manœuvre de Rosetta qui se rapproche de la comète découverte en 1969 par deux scientifiques soviétiques. C'est en novembre prochain que la sonde doit se rapprocher le plus du corps céleste pour placer à sa surface un module de recherche. Selon les experts, la probabilité de réussite de cette opération hasardeuse est assez élevée. Comme l'a fait remarquer Alexandre Ilyine, rédacteur de la revue Novosti kosmonavtiki, le succès de la mission de Rosetta sera facilité par ses bonnes performances techniques et une approche nouvelle en matière d'observation de la comète :
« Rosetta est un appareil technologiquement bien testé. Il a servi de prototype à Mars-Express européen qui tourne depuis plus de 10 ans autour de Mars et a parfaitement eu le temps de prouver sa fiabilité. La mission est exceptionnelle mais elle a de bonnes chances d'être remplie. Les comètes étaient jusqu'ici explorées par des appareils dont la trajectoire passait à côté de leurs noyaux et qui effectuaient des mesures très rapides, alors que Rosetta doit pour la première fois voler à côté du noyau pour l'étudier pendant une très longue période. »
Si les calculs des scientifiques sont exacts, Rosetta tournera avec la comète autour du Soleil jusqu'en 2015. Pendant ce voyage, la sonde transmettra à la Terre des données sur les modifications à sa surface à mesure de son rapprochement ou de son éloignement de notre astre, explique Igor Marinine, membre de l'Académie russe d'astronautique Tsiolkovski :
« La sonde devra arriver en tangente sur l'orbite de la comète avec la même inclinaison et additionner les vitesses, c'est-à-dire voler parallèlement à son noyau. Le module de descente touchera ensuite la comète pour étudier la composition chimique de son noyau pendant que Rosetta avancera en parallèle en observant le noyau à proximité de ce dernier. »
Les scientifiques européens espèrent pouvoir étudier à l'aide de Rosetta la matière primaire des premiers âges du système solaire. Comme l'a fait remarquer Alexandre Iline, la mission de Rosetta peut réserver ne nombreuses surprises :
« L'étude des comètes a ceci d'intéressant qu'elles peuvent être dépositaires de la matière primaire des premiers âges du système solaire. L'étude de ce matériau permettra de mieux comprendre son évolution et de combler les lacunes. Les comètes sont en outre considérées comme vecteurs de vie dans l'espace et découvrir ses éléments comme, par exemple, les acides aminés serait hautement intéressant. »
En même temps, en plus des données scientifiques fondamentales, les chercheurs ont l'intention d'utiliser les résultats des observations pour prévenir la menace que font peser les astéroïdes. Sachant la dynamique des processus sur la comète, il sera possible de mieux prévoir leurs trajectoires et de prédire les risques de collision avec la Terre.