L'Histore secrète de l'espèce humaine, Michael Cremo & Richard Thompson, cover book
© Inconnu

Michael Cremo est l'auteur du livre
Archéologie interdite, l'histoire cachée de la race humaine. Il répond ici à une question qui lui est souvent posée. (Juste une note sur les documentaires vidéo dont je mets le lien dans le texte, ils sont édités par le National Geographic et sont donc par essence sujets à caution (l'homme disparaîtra inéluctablement). Je n'ai mis les liens que pour info, ils ne figurent pas dans l'article original.)

Traduit de l'anglais par Hélios pour le BBB

Fin novembre 2008, j'étais à Dubaï pour la conférence internationale des recherches sur l'antiquité. J'y ai parlé de mon livre Archéologie interdite. Après quoi, un membre de l'audience m'a posé la question habituelle, « Si des êtres humains comme nous sommes présents depuis des dizaines ou des centaines de millions d'années, comme vous le dites, alors pourquoi la plupart des preuves que vous présentez se cantonnent-elles à des outils en pierre et des choses de ce genre ? Qu'en est-il des preuves d'une haute technologie ou d'une civilisation avancée ? »

C'est une bonne question qui mérite une réponse. Une chose à garder à l'esprit, c'est l'idée que des civilisations humaines ont émergé et disparu de nombreuses fois pendant ces millions d'années. Il est donc possible qu'il y ait eu des époques dans un lointain passé où des civilisations comme la nôtre ont existé et de longues périodes avec une population humaine plus réduite vivant d'une manière qu'on qualifierait de plus primitive. Qu'arriverait-il alors aux vestiges de civilisations avancées comme la nôtre pendant les époques de dépopulation ? Nous sommes portés à croire que nos gratte-ciel et nos machines seront durables. Mais ce n'est pas vrai. Les scientifiques qui étudient ces domaines ont conclu que nombre de nos monuments et machines ne dureront pas bien longtemps en étant exposés aux forces incontrôlables de la nature.

Cette réalité scientifique est arrivée dans nos foyers par des documentaires télévisés comme « Life After People » [La vie après l'homme], qui a été diffusé sur la chaîne History début 2008 [voir LIEN, plusieurs épisodes version française]. Ce dernier s'est avéré le plus populaire de cette chaîne. Une émission du même genre nommée Aftermath: Population Zero [en français, Population Zéro, voir liens ICI et ICI sur Dailymotion], a été diffusée en mars de la même année sur la chaîne National Geographic. Le postulat de ces scénarios est simple. Supposons que les êtres humains disparaissent aujourd'hui de la terre. Qu'adviendrait-il avec le temps des vestiges matériels de notre civilisation ? L'auteur Alan Weisman a également exploré dans son livre The World Without Us [Un monde sans nous] ce qui se passerait pour les vestiges humains de notre civilisation si les êtres humains devaient subitement disparaître, scénario qui a occasionné une émission TV spéciale.

À partir de ces sources, nous obtenons une description de ce style : en environ 75 ans, la plupart des machines, comme voitures, avions et bateaux, à l'exception peut-être de certains lieux très secs, subiraient une corrosion les rendant méconnaissables.

Des plantes commenceraient à pousser dans les villes. Sans entretien les routes seraient recouvertes par les plantes, se désagrégeraient et disparaîtraient graduellement. Des incendies incontrôlables se déclareraient dans de nombreuses villes et cités. Les barrages et digues non entretenus s'écrouleraient peu à peu. De nombreuses villes seraient ainsi inondées, surtout près des côtes et dans les cités en bordure de fleuve et de rivière. Ce qui serait le cas de la majorité des villes. Les maisons en bois, si elles n'étaient pas détruites par le feu, seraient consommées par les termites ou pourriraient. La végétation et les pluies détruiraient progressivement les maçonneries. Les peintures qui protègent les structures métalliques se désagrégeraient en exposant le métal à l'oxydation. Les carcasses métalliques des immeubles en béton rouilleraient. En quelques centaines d'années, les ponts tomberaient dans les rivières. Les gratte-ciel se retrouveraient en ruines, sujets aux inondations, incendies, séismes ainsi qu'à une dégradation par la végétation. En environ 1 000 ans, nos immenses centres urbains comme New York seraient méconnaissables. Les tas de gravats seraient recouverts par des plantes et des forêts. Il n'y aurait presque plus de traces d'une ancienne civilisation humaine. Au bout de 10 000 ans, le seul signe de présence humaine pourrait être des structures en pierre comme les pyramides de Gizeh. Des ouragans, typhons et tornades enlèveraient la plupart des signes d'habitation humaine sur d'immenses régions de la terre, de même que les tremblements de terre et les volcans. De nouvelles ères glaciaires recouvriront aussi la terre de glaciers. Prolongez ces processus sur des dizaines ou des centaines de millions d'années et nous pourrons comprendre qu'il ne resterait pas grand-chose de notre civilisation technologique.

Ce peut être la raison pour laquelle une bonne partie des preuves de l'extrême ancienneté humaine dont je parle dans mon livre consistent en outils de pierres et choses de ce genre. Bien sûr, il existe des exceptions. Par exemple, en 1871, le chercheur William E. Dubois, a fait mention d'un objet en cuivre ressemblant à une pièce de monnaie dans un puits de forage de l'Illinois aux USA. L'objet rond en cuivre avait sur une des faces des visages humains et une inscription dans une langue inconnue. Le rapport fut publié en 1871 dans les archives d'une société.

D'après ces sources, mon assistant de recherche et moi-même avons pu obtenir les archives sur le forage du puits, qui consistait en la liste des strates traversées pour arriver au niveau qui concernait l'objet en forme de pièce, c'est à dire à environ 35 mètres. À ce niveau les dépôts sont argileux, ce qui pourrait expliquer pourquoi la pièce était en bon état. La couche d'argile avait protégé la pièce de l'oxydation. Nous avons écrit un courrier à l'institut d'études géologiques de l'état de l'Illinois en demandant l'âge approximatif des dépôts à cette profondeur de 35 mètres. Nous avons été informés que les dépôts dataient de la période interglaciaire du début du quaternaire, il y a environ 300 000 ans. C'est tout à fait stupéfiant, parce que selon les théories dominantes actuelles, des humains comme nous n'existaient pas à ce moment-là. On suppose en fait que les premières pièces ont été utilisées au 8ème siècle avant notre ère en Lydie, dans ce qui est aujourd'hui la Turquie. Des pièces semblables seraient apparues aux alentours de la même époque en Chine et dans la vallée de l'Indus. Mais la découverte de l'Illinois montre que des pièces de monnaie ont pu être utilisées longtemps auparavant, il y a au moins 300 ou 400 000 ans. Des pièces présupposent bien sûr une civilisation avec une économie et un gouvernement.

Mais c'est un fait que les nombreux cas dont je parle se rangent dans la catégorie des outils en pierre. Je soulignerais que des outils en pierre peuvent être autant le signe d'une présence humaine que le serait un ordinateur. Par exemple, les mortiers et pilons découverts dans des formations du début de l'éocène (il y a environ 50 millions d'années) au fond de mines d'or de Californie sont des sortes d'artefacts attribués par les archéologues à des humains comme nous exclusivement et non à de quelconques homme-singes. Ces trouvailles ont été rapportées à l'origine au monde scientifique par le Dr Josiah Whitney, géologue d'état de la Californie, dans sa monographie Les graviers aurifères de la Sierra Nevada de Californie, publiée par le musée de l'université d'Harvard en 1880. Et certains de ces artefacts figurent toujours dans la collection du musée d'anthropologie de l'université de Berkeley en Californie.

Mais imaginons qu'il y a 50 millions d'années, des peuples de Californie utilisaient non seulement des mortiers et des pilons en pierre mais également des ordinateurs portables, qu'ils avaient des gratte-ciel et des automobiles. Qu'en resterait-il après 50 millions d'années ? Pas grand-chose. Presque tous nos trucs de haute technologie ne survivraient pas très bien sur des périodes de millions d'années. Des outils en pierre ont plus de chance de survivre aux ravages du temps. Donc même si des humains hautement technologiques ont pu exister en même temps que des peuples plus primitifs il y a 50 millions d'années, seuls les outils en pierre ont pu survivre.

Je ne dis pas qu'il n'y aurait pas eu de symboles de civilisations high-tech dans la mémoire des roches, mais je dis qu'ils peuvent ne pas avoir été aussi communs ou aussi facilement reconnaissables que nous pourrions le penser. Il y a quelques années, je suivais des échanges d'archéologues dans une discussion de groupe sur internet. Je ne participais pas personnellement à la conversation. Ils discutaient de cette question : et si une civilisation humaine comme la nôtre avait existé il y a 100 millions d'années ? Quels signes en verrions-nous aujourd'hui ? Ils ont conclu que nous ne verrions pas grand-chose, peut-être juste quelques rares monceaux de gravier multicolore. Et nous ne les remarquerions même pas à moins de rechercher ces choses spécifiquement.

C'est un gros problème. Les scientifiques ont tendance à ne trouver que ce qu'ils cherchent. Et aujourd'hui il n'y a que très peu de scientifiques à chercher réellement des preuves de civilisations avancées dans un lointain passé. Un des buts de mon travail est donc d'inspirer une nouvelle génération d'archéologues, de paléontologues et de géologues à rechercher ces choses. S'ils le faisaient, peut-être alors rencontreraient-ils des monceaux de graviers d'aspect étrange, dont ils testeraient les matériaux pour découvrir des composants minéraux qui n'existent pas naturellement, démontrant ainsi l'existence d'anciens peuples qui avaient la technologie pour fabriquer de tels composants.

Je considère les preuves relatées dans mon livre comme uniquement un amorçage. Dans tous les cas, des questions concernant le niveau d'une civilisation humaine, qu'il soit élevé ou non, présupposent l'existence d'être humains. Que nous cherchions des preuves de civilisations humaines de haute ou de faible technicité, la première chose est que des êtres humains devaient être là. Et j'ai au moins montré que des humains comme nous ont existé pendant des centaines de millions d'années sur Terre. Quant à tous les détails concernant leur niveau d'avancement technologique sur ces si vastes périodes, ce sera le sujet des futures recherches.

Technique de fabrication d'outils en pierre (université de Toulouse, durée de la vidéo 28 minutes)