Il a été multiplié par 2,5 en à peine douze ans. Un niveau explosif qui risque de peser sur la croissance et qui complique la tâche des banques centrales.
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© AFPMi- 2007, avant la crise, la dette mondiale était de 70.000 milliards de dollars
Mi- 2007, avant la crise, la dette mondiale était de 70.000 milliards de dollars. - AFP

100.000 milliards de dollars  : plus de quatre fois le PIB réuni de la Chine et des Etats-Unis. C'est le montant de la dette mondiale. Cela inclut les obligations des Etats et les dettes cotées des entreprises et des sociétés financières, mais pas celle des ménages. Une dette qui s'est envolée ces dernières années. Mi- 2007, avant la crise, elle était de 70.000 milliards de dollars. Elle n'était que de 40.000 milliards en l'an 2000, selon les chiffres qui seront dévoilés lundi par la Banque des règlements internationaux (BRI).

L'explication  ? «  C'est une conséquence du ralentissement économique et de la façon dont il a été compensé, explique l'économiste Jean-Paul Betbèze. Il y a d'abord eu les aides à la finance aux Etats-Unis pour éviter l'effondrement du système après la crise des « subprimes ». Ensuite, c'est lié à la montée de la dette publique. Il y a eu moins de croissance, moins de rentrées fiscales et, à l'inverse, beaucoup plus de mesures d'aide et de soutien à l'économie et plus de déficit. La montée de la dette mondiale, c'est le prix de la crise.  » Ce que confirme le rapport de la BRI. L'encours des titres de dette souveraine a bondi de 80 % en six ans, à 43.000 milliards de dollars en juin 2013. Autrement dit, la dette publique de chaque humain se monte à 6.142 dollars. Un exemple parmi d'autres, l'endettement public espagnol est passé de 36 % du PIB à 84,1 % entre 2006 et 2012.

Un pilotage délicat
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Mais le montant des dettes des entreprises non financières a progressé à un rythme comparable, pour dépasser les 10.000 milliards de dollars, constate la BRI, même si «  elles étaient parties d'un niveau plus bas  ». Dans un contexte de crise financière, les banques mondiales ont en effet réduit le crédit aux grandes entreprises, qui se sont tournées vers les marchés financiers pour trouver du financement.

A 43.000 milliards de dollars, le montant de la dette d'Etat dépasse 72 % du PIB estimé pour cette année. C'est une moyenne. Certains franchissent allégrement le cap jugé fatidique de 90 %. «  Des études du FMI et de la BCE montrent que l'on peut vivre avec 90 % de dettes, tempère Jean-Paul Betbèze. Mais il y a une condition  : accepter une croissance et une inflation modestes pour que les taux d'intérêt ne remontent pas trop, pour ne pas asphyxier la reprise. C'est la stratégie de la Fed. Quant à la BCE, elle a réussi à faire baisser les taux des pays les plus fragiles, comme l'Espagne ou l'Italie. Pour eux, c'est un phénomène beaucoup plus important que la hausse de l'euro.  » Mais, pour cela, il faudra faire en sorte que le loyer de cette dette soit le plus bas possible sur longue période. Un pilotage délicat pour les banques centrales.

Dans le même temps, les Etats, notamment en Europe, sont incités à être plus efficaces, à diminuer les dépenses publiques pour réduire petit à petit la dette dans la durée. «  L'important, c'est que ce niveau se stabilise. On le voit aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, estime Jean-Paul Betbèze. Nous n'avons pas fini de payer cette crise, mais c'est préférable à une solution d'effacement de la dette, qui serait synonyme de crises, de tensions sociales, etc.  »