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© PHOTO/© D.RLes abeilles meurent par milliers depuis le début de l'hiver.
Les pesticides et les herbicides sont les suspects n° 1 dans une nouvelle affaire d'hécatombe des abeilles qui empoisonne la vie des apiculteurs du département depuis l'hiver dernier.

Nous avons constaté une forte mortalité devant les ruches à l'approche de l'hiver", témoigne Michel Barcelo, président de l'Usar (Union syndicale apicole du Roussillon) qui ajoute : « Dans le massif des Pyrénées, des ruches entières sont décimées ».

Les zones montagneuses sont effectivement particulièrement touchées par ces mortalités d'abeilles. Le dernier recensement fait état de 1 200 ruches perdues, soit 10 % de la totalité des 12 000 que compte le département. Ce qui représente, selon les calculs de Michel Barcelo, une perte financière de près de 300 000 euros et plonge les apiculteurs dans le désarroi.

Des analyses sont en cours et devraient permettre de déterminer l'origine de ce phénomène, "totalement anormal", selon ce spécialiste. L'année dernière déjà, une forte mortalité avait touché les abeilles et les premiers résultats des prélèvements avaient établi que pesticides et insecticides n'y étaient pas étrangers. Le sujet reste, de toute façon, très sensible et les autorités envisageraient de mettre en place un protocole expérimental "afin de découvrir pourquoi et comment ces produits finissent par se retrouver dans les ruches", continue Michel Barcelo.

« Un désastre »

Comme lui, Jean Adestro, président du Groupement de Défense Sanitaire Apiocole, constate les dégâts tous les jours sur le terrain. "Je suis aux premières loges pour assister au désastre", se désole ce dernier. "Si le phénomène continue à s'accélérer, nous n'aurons peut-être plus d'abeilles à la montagne à la sortie de l'hiver. C'est une véritable catastrophe écologique".

En Ariège, la situation est encore plus dramatique. 4 500 ruches ont été décimées ces derniers mois...

Une cruelle « sensation d'abandon »

Dans une tribune qu'il nous a adressée, le président de l'Usar, Michel Barcelo, tient à souligner, le drame humain vécu par les apiculteurs du département.
"Derrière cette tragédie, outre la tristesse, le désarroi, la colère et l'effondrement, se dresse une autre réalité. Plus cruelle, plus impitoyable et sans scrupule, c'est la sensation d'abandon. Impuissant devant ce génocide, l'apiculteur solitaire se retrouve, spolié, démuni, détroussé de son droit le plus élémentaire. Celui de choisir son travail simplement et de le faire librement. (...) Sans 'l'outil' qu'est l'abeille, comment travailler ? Plus de moyen d'action, plus d'effet, plus de revenus. Pis encore ! L'actif, l'élément identifiable du patrimoine de l'exploitation ayant une valeur économique positive, disparaît. Ses conséquences évidentes sont la perte immédiate de cette ressource qui crée l'économie. (...) Le statut de chef d'exploitation de plusieurs de mes collègues apiculteurs est désormais en péril. De cotisant solidaire, ils deviennent, en quelques jours, sans droit, sans protection sociale. Une véritable catastrophe en soi". (...)

"La dénomination anglaise de beekeeper (gardien d'abeille) définit la mission d'apiculteur. Les gardiens d'abeille se doivent de protéger une espèce en péril, l'abeille. Pour l'avenir de leur métier ancestral mais aussi pour l'avenir de la biodiversité. Avec pour seul objectif en urgence absolue, la révision des autorisations de mise sur le marché des produits neurotoxiques dans le but d'interdire l'utilisation de tous les agents chimiques tueurs d'abeilles".