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C'est une bonne ou une mauvaise nouvelle, selon l'éclairage que l'on choisit : la gendarmerie française, a selon le Figaro
« créé le 1er janvier dernier, la sous-direction de l'anticipation opérationnelle (Sdao) [qui] se présente comme une «structure complémentaire, agissant de façon transparente et interactive» avec le renseignement territorial. Relayée par une chaîne de 500 analystes répartis à travers le pays et dont elle assure le pilotage, l'anticipation opérationnelle de la gendarmerie s'appuie sur sa puissante «base de données de sécurité publique». »
Et cette puissante base de données de sécurité publique « garde », toujours selon le quotidien,
« actuellement en mémoire quelque 150.000 fiches d'analyses passant au crible les conflits sociaux et leurs acteurs, ainsi qu'une multitude de signaux précoces permettant à la direction de la gendarmerie d'anticiper ses dispositifs de protection, notamment de la vingtaine de centrales nucléaires, et de maintien de l'ordre. Un logiciel «morphosyntaxique» permet, à partir d'un nom, de multiplier les croisements et d'éventuelles connexions. »
Ah ah ! Des fiches d'acteurs de conflits sociaux ! Oh oh ! On dirait bien que le socialisme de gouvernement est entré dans une phase intéressante : imaginez quand même que la gendarmerie fiche en termes de « sécurité publique » (donc dangereux et à surveiller comme tel) des acteurs de conflits sociaux... Ce qui voudrait dire qu'un conflit social est désormais officiellement une forme de terrorisme ? De crime, de délit ? Mais comme le stipule ce merveilleux billet du journal dont l'actionnaire principal est un homme de paix bientôt nobelisé (pour ses ventes d'armes à vocation pacifique), le but de la base n'est pas seulemet de ficher, mais aussi « d'analyser et passer au crible une multitude de signaux précoces permettant à la direction de la gendarmerie d'anticiper ses dispositifs de protection« .

Le tout est amélioré par « un logiciel «morphosyntaxique» [qui] permet, à partir d'un nom, de multiplier les croisements et d'éventuelles connexions. » Traduisez par « on prend en photos les activistes, on prend leurs noms si on peut, on met des mots clés, plein d'infos à la noix et après, un gros algorithme vient trier tout ça, faire des liens, donner des alertes, relie les gens entre eux pour pouvoir arrêter tout ce petit monde avant qu'ils n'agissent. » Parce qu'anticiper ses dispositifs de protection ce n'est pas seulement installer des barrières de protection avant une manif. D'ailleurs le grand manitou de cette cellule high-tech de type « Minority Report » ne cache pas ses intentions, puisqu'il parle « d'adversaires » et de « degré de riposte » vocabulaire qui laisse entendre un futur un peu particulier :
«(...)l'anticipation opérationnelle offre un éclairage spécifique permettant d'identifier les modes opératoires, les moyens déployés par nos adversaires ainsi que leur degré de radicalité afin d'ajuster notre niveau de riposte, précise le colonel Pierre ­Sauvegrain, patron de la Sdao. Il est essentiel d'avoir un regard le plus précis sur les ultras qui se glissent parmi les "bonnets rouges" ou les manifestants de Notre-Dame-des-Landes.» Pour les gendarmes, le renseignement est consubstantiel à la fonction. Ce qui confère à cette force 100.000 «capteurs» potentiels.»
Bienvenus dans la France de Minority Report, équipée de forces de l'ordre d'anticipation opérationnelle, de capteurs opérationnels et prêtes à stopper ses adversaires : les acteurs des conflits sociaux.

Y aurait-il , dans ce pays, comme une crainte future à haut niveau au sujet des citoyens vs le pouvoir politique? Mais non, mais non, tout ça n'est que modernisation, amélioration, optimisation de la gendarmerie. Le reste n'est...qu'anticipation. Et l'anticipation, c'est de la science-fiction, tout le monde le sait.