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SLAVIANSK Ukraine (Reuters) - Les forces de sécurité ukrainiennes ont lancé dimanche une « opération antiterroriste » à Slaviansk, ville de l'est de l'Ukraine contrôlée depuis la veille par des militants pro-russes, a annoncé le ministre ukrainien de l'Intérieur.

« Une opération antiterroriste a commencé à Slaviansk. Elle est dirigée par le centre antiterroriste du service de la sécurité d'Etat (SBU). Des forces provenant de toutes les unités de sécurité du pays y participent », a déclaré Arsène Avakov sur sa page Facebook, selon l'agence de presse Interfax.

Le ministre invite tous les civils à quitter le centre-ville, à ne pas sortir de leurs appartements et à ne pas s'approcher des fenêtres. L'appel n'a visiblement pas été entendu par les habitants de la ville qui se promenaient dimanche en famille dans le centre-ville.

Le ministre fait également mention de coups de feu dans la ville, ce que n'a pas pu confirmer un reporter de Reuters sur place.

Le site d'information local Novosti Donbass a déclaré que les forces du gouvernement avaient démantelé deux barricades érigées à des entrées de Slaviansk par des pro-russes, sans que cela ne puisse non plus être confirmé.

Des hommes cagoulés et armés de fusils automatiques se sont emparés samedi du QG de la police et du siège de la SBU à Slaviansk, ville de 100.000 habitants située à 150 km de la frontière russe, dans l'Est russophone de l'Ukraine.

Deux hélicoptères de l'armée ont survolé dimanche matin les abords du QG de la police, a constaté le journaliste de Reuters.

Une dizaine de femmes qui se trouvaient dans le bâtiment ont été évacuées dès qu'est parvenue la nouvelle du lancement d'une opération des forces ukrainiennes. Une centaine de civils, majoritairement des femmes âgées, rassemblés devant les locaux scandaient des messages de soutien aux militants barricadés à l'intérieur et réclamaient la tenue d'un référendum d'autodétermination pour leur région.

MENACE DE NOUVELLES SANCTIONS

Dans la ville voisine de Kramatorsk, les pro-russes se sont aussi emparés samedi du commissariat principal de police, après une fusillade avec la police. On ignore s'il y a eu des blessés.

A Washington, la Maison blanche a demandé samedi au président Vladimir Poutine de cesser ses efforts de déstabilisation de l'Ukraine et a mis en garde contre toute nouvelle intervention militaire russe.

Le vice-président américain Joe Biden se rendra à Kiev le 22 avril pour des entretiens avec des responsables gouvernementaux, a également fait savoir la Maison blanche.

Cette visite visera à témoigner du soutien de Washington « à une Ukraine unie et démocratique, qui fait ses propres choix en ce qui concerne son avenir », selon l'administration américaine.

Un commentateur ukrainien, Sergueï Lechtchenko, a estimé que ce regain d'agitation dans l'est de l'Ukraine était un moyen pour le Kremlin de renforcer sa position avant la réunion internationale du 17 avril sur l'Ukraine, qui regroupera autour de la même table à Genève l'Union européenne, la Russie, les Etats-Unis et le gouvernement de Kiev.

Moscou devrait plaider pour une refonte de la constitution ukrainienne afin de donner un large degré d'autonomie aux régions russophones de l'Est, ce que rejettent a priori Kiev et ses soutiens occidentaux.

« La Russie viendra aux discussions en disant: 'Donetsk et d'autres régions voisines sont déjà à nous - alors parlons maintenant de fédéralisation', » a déclaré Lechtchenko, qui écrit dans le journal Ukrainska Pravda.

Washington, comme Paris, ont menacé de prononcer de nouvelles sanctions contre Moscou en cas de nouvelle escalade militaire en Ukraine.

(avec Conor Humphries à Kiev, Richard Balmforth et Alessandra Prentice à Moscou; Eric Faye, Danielle Rouquié, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)