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C'est une étude choc que viennent de livrer France Libertés et 60 millions de consommateurs : plus d'un litre sur cinq qui transite dans les canalisations s'évapore dans les fuites.

1 300 milliards de litres d'eau, équivalent à 430 000 piscines olympiques par an, sont perdus dans les fuites des canalisations d'eau, précise le mensuel des consommateurs. Mais le plus incroyable concerne l'inertie des gestionnaires du réseau, tant du côté public que privé : au rythme où l'on renouvelle les canalisations, il faudrait 160 ans en moyenne pour réparer toutes les fuites ! Dans 23% des villes, il faudrait atteindre 500 ans pour en finir avec les fuites si rien n'est fait pour entretenir le réseau ! 1,5 milliards à 2 milliards d'euros par an seraient nécessaires pour colmater ces fuites.

L'objectif, fixé dès 2010 par le Grenelle de l'environnement d'arriver en dessous d'un taux de fuite de 15% n'est atteint que dans une ville sur trois. Dans un quart des préfectures ces fuites d'eau dépassent même les 25%, pour atteindre des pics records à Digne les Bains (54%), Bar le Duc (46%) Nîmes (37%) ou Evreux (36%).

Les fuites sont rentables

Dans ce contexte, comment expliquer la passivité des gestionnaires d'eau ? Interrogé par le site goodplanet.info, un des représentants de la fédération des professionnels de l'eau, après avoir mis en cause un prix de l'eau trop bas à ses yeux, a l'honnêteté de donner une explication réaliste : « Cela coûte plus cher d'éviter des fuites que de produire de l'eau ».

Et pour cause, puisque chacun des 1 300 milliards de litre d'eau perdus dans les fuites est facturé aux consommateurs ! Sachant que nous payons en moyenne 36,20 euros de facture d'eau par mois et par foyer, quel est le coût de ces fuites ? Selon nos calculs, les 20% de litres d'eau perdus dans les fuites mais facturés au consommateur, engendrent un surcoût moyen de 86 euros annuels par foyer ! Personne n'a donc intérêt, tant du côté public que du côté privé, a réparé des fuites qui sont synonymes de manne financière !

Le vieillissement du réseau menace la qualité de l'eau

Mais au delà du risque qui pèse sur la ressource - peut on continuer à gaspiller 25% de notre eau alors que nous sommes confrontés au réchauffement climatique ? - le vieillissement du réseau menace également la qualité de l'eau. Les « anciens branchements en plomb ou les canalisations plus récentes en PVC, sont susceptibles de relarguer des composés dans l'eau du robinet » expliquent les auteurs de l'enquête. Si les branchements en plomb sont souvent remplacés, les canalisations en PVC datant d'avant 1980 relâchent du chlorure de vinyle monomère, un résidu fortement suspecté d'être cancérigène. 5% des canalisations, desservant 600 000 personnes, sont porteuses de ce risque sanitaire.

Dans ce contexte, il est urgent de définir un nouveau mode de facturation, qui oblige les distributeurs d'eau à assumer le coût financier de ces fuites. Faute de quoi, il sera toujours plus rentable de gaspiller et distribuer une eau à la qualité plus qu'incertaine !