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© Photo Gleb Garanich. ReutersDes miliciens prorusses près d'un commissariat de police à Slaviansk, dans l'est de l'Ukraine, le 13 avril.
Les séparatistes de l'est du pays réclament des référendums locaux sur le rattachement à la Russie ou une «fédéralisation» du pays. L'armée ukrainienne a été mobilisée contre eux.

L'un des chefs des insurgés pro-russes de Slaviansk, ville de l'est de l'Ukraine, a demandé lundi l'aide de la Russie et du président Vladimir Poutine pour lutter contre le gouvernement pro-européen de Kiev. «Nous demandons à la Russie de nous protéger et de ne pas permettre un génocide de la population du Donbass (est de l'Ukraine). Nous demandons au président Poutine de nous aider», a déclaré Viatcheslav Ponomarev, qui a pris le contrôle de la mairie de Slaviansk à la tête de militants pro-russes.

Alors que les forces loyales à Kiev sont invisibles dans la région, malgré l'annonce officielle d'une «opération antiterroriste» en cours contre les militants pro-russes, Viatcheslav Ponomarev a affirmé que les autorités centrales ont envoyé lundi «1 000 mercenaires et des tanks» pour reprendre le contrôle de Slaviansk, tombée au mains des insurgés samedi matin. «Nous nous battrons contre les nazis», a lancé Viatcheslav Ponomarev en appelant la population «à ne pas paniquer»

Il a affirmé que «les troupes d'auto-défense de la République de Donetsk», proclamée par des militants pro-russes dans l'est de l'Ukraine, allaient se défendre contre «la junte arrivée au pouvoir à Kiev à la suite d'un coup d'État réalisé à la demande des États-Unis et de l'Union européenne».

« Opération antiterrotiste »

Des manifestants pro-russes se sont en outre emparés lundi d'un commissariat dans une nouvelle ville de l'Est russophone de l'Ukraine, Gorlivka, dans la province de Donetsk. Plusieurs centaines de personnes ont pris d'assaut le siège de la police dans cette localité de quelque 250 000 habitants, jetant des pierres et mettant le feu à des bureaux, selon ce journaliste.

Face aux multiples incidents de ce type dans les villes de l'est du pays, l'Ukraine a lancé des actions militaires dans la région. Le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a demandé lundi à l'ONU d'apporter son aide à «l'opération antiterroriste dans l'est» de l'Ukraine, a annoncé la présidence ukrainienne. «Des professionnels et des observateurs pourraient ainsi attester de la légitimité de nos actions», a déclaré Tourtchinov lors d'une conversation téléphonique avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, selon le service de presse de la présidence.

Tourtchinov avait auparavant évoqué la possibilité d'organiser un «référendum national» sur le statut du pays en même temps que la présidentielle prévue le 25 mai, dans des déclarations devant le Parlement. «Ces derniers temps, on parle beaucoup d'un référendum national, nous ne sommes pas contre l'organisation d'un référendum dans toute l'Ukraine, qui, si le Parlement en décide ainsi, pourrait se tenir en même temps que l'élection présidentielle», a déclaré Oleksandre Tourtchinov lors d'une réunion des chefs de groupes politiques. «Je suis certain que la majorité des Ukrainiens se prononceraient pour une Ukraine indivisible, indépendante, démocratique et unie», a-t-il poursuivi.

Éclatement du pays

Les séparatistes dans l'est du pays exigent de leur côté l'organisation de référendums locaux sur le rattachement à la Russie ou une «fédéralisation» du pays. La Russie pousse également à une «fédéralisation», seul moyen selon Moscou de garantir les «intérêts légitimes» des régions russophones de l'est et du sud de l'Ukraine.

Oleksandre Tourtchinov n'a pas précisé quel projet exactement pourrait être soumis à référendum. Les autorités pro-européennes de Kiev, arrivées au pouvoir après le renversement d'un régime prorusse fin février et que Moscou ne reconnaît pas, ont jusqu'à présent refusé toute idée de «fédéralisation».

Elles y voient la porte ouverte à un éclatement futur du pays, mais ont promis de proposer des réformes constitutionnelles allant dans le sens d'une «décentralisation» au profit des régions. Il s'agirait notamment d'autoriser l'élection des exécutifs locaux, pour l'heure désignés par le pouvoir central.