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La mort de trois séparatistes lors de l'attaque d'une base de la garde nationale ukrainienne dans le sud-est du pays et le ton offensif de Vladimir Poutine envers les dirigeants de Kiev, accusés de « crime grave » dans l'Est, ont relégué quelque peu au second plan les pourparlers qui se déroulaient jeudi à Genève entre Russes, Ukrainiens, Européens et Américains.

Un groupe de 300 séparatistes armés a attaqué la base de la garde nationale à Marioupol, grande ville au bord de la mer d'Azov, a déclaré le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsen Avakov, qui a fait état de trois séparatistes tués et de 13 autres blessés. Aucun garde ukrainien n'aurait été blessé.

Selon un haut gradé de la police ukrainienne, les séparatistes se sont présentés mardi soir devant la base en exigeant la reddition des gardes nationaux, avant de passer à l'attaque.

Ces incidents, les plus meurtriers en Ukraine depuis que le pouvoir de Kiev a annoncé vouloir reprendre la situation en main dans l'Est, n'ont pas empêché la venue jeudi à Genève des négociateurs, parmi lesquels le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et son homologue ukrainien, Andriy Dechtchitsia. En fin d'après-midi, ils travaillaient toujours à l'élaboration d'un document écrit qui devait être rendu public dans les heures suivantes, ont déclaré des diplomates.

Sergueï Lavrov, Andriy Dechtchitsia, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et Catherine Ashton, porte-parole de la diplomatie de l'Union européenne, avaient prévu tout d'abord de conclure leurs discussions au bout de deux heures.

Mais après un déjeuner de travail et une rencontre bilatérale entre John Kerry et Sergueï Lavrov, ils ont repris leurs discussions quadripartites dans le but d'aboutir à une déclaration commune.

Iatseniouk réplique à Poutine

Pendant que les discussions se poursuivaient à Genève, Vladimir Poutine est intervenu durant plusieurs heures à la télévision russe, en répondant à des questions de téléspectateurs, centrées sur l'Ukraine. Il a estimé notamment que les dirigeants pro-occidentaux en place à Kiev depuis la chute fin février du président pro-russe Viktor Ianoukovitch poussaient leur pays « vers le précipice ».

Il a dit espérer que les troupes russes n'auraient pas à intervenir dans l'est de l'Ukraine, mais n'a pas exclu cette possibilité. « Nous devons tout faire pour aider ces gens (les russophones de l'est de l'Ukraine) à défendre leurs droits et à décider de manière indépendante de leur destin. C'est ce que nous appuyons », a-t-il ajouté.

Le président Poutine a laissé entendre que ses ambitions territoriales allaient au-delà de l'Ukraine, déclarant que les habitants de Transnistrie, région séparatiste russophone de Moldavie, devaient pouvoir « déterminer leur propre destin ».

Le numéro un russe a enfoncé le clou en s'en prenant à l'élection présidentielle ukrainienne prévue le 25 mai. Selon lui, la campagne électorale se déroule « d'une manière totalement inacceptable », certains candidats étant passés à tabac.

« Si tout continue comme ça, nous ne jugerons évidemment pas légitime le déroulement des événements, tout comme ce qui se passera après le 25 mai », a-t-il dit.

A la suite de ces propos, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a accusé le président russe de vouloir saboter le scrutin. « Le but, comme Poutine l'a officiellement annoncé aujourd'hui, est de saper l'élection présidentielle du 25 mai. »

Un peu plus tôt, les services de sécurité ukrainiens (SBU) avaient annoncé l'arrestation en Ukraine d'une dizaine de Russes, présentés comme de probables agents secrets.

Et l'Ukraine a invité la Cour pénale internationale (CPI) à enquêter sur les crimes qui auraient été commis sur son territoire depuis le début de l'année et à la fin 2013.

L'Ukraine a annoncé la mise en place de contrôles plus stricts aux frontières pour les hommes russes souhaitant entrer dans le pays. Le ministère russe des Affaires étrangères a réagi en réclamant des explications et dit envisager des mesures de rétorsion.